Retour sur la révocation du ministre de l’intérieur

La révocation, par le chef du gouvernement Youssef Chahed du ministre de l’Intérieur Lotfi Braham coïncide avec le drame du naufrage d’un bateau de migrants irréguliers à Kerkennah. Un accident survenu dimanche dernier faisant des dizaines de morts.

L’annonce du limogeage a été faite mercredi en fin de matinée sur la page Facebook de la présidence du gouvernement, sans donner aucune précision sur ses raisons.

Le gouvernement précise seulement que le ministre de la Justice Ghazi Jeribi assurera les fonctions du ministre de l’Intérieur par intérim.

Ce limogeage intervient également suite à une information relayée par des médias, selon laquelle le chef du gouvernement aurait accordé au ministre de l’Intérieur un délai de 48 heures pour exécuter un mandat de dépôt contre son prédécesseur Najem Gharsalli qui devait être entendu par la justice dans une affaire de complot contre la sureté de l’état interne.

Une information vite démentie par le département. Lotfi Brahem a affirmé n’avoir reçu aucun avis, oralement ou par écrit du chef du gouvernement concernant cet ultimatum.

Des parties ont reproché au gouvernement et plus particulièrement au département de l’Intérieur “le vide sécuritaire” que connait Kerkennah depuis 2016 après le retrait des forces de sécurité lors des accrochages qui ont eu lieu avec des sans-emplois protestant devant la société Petrofac.

Plutôt dans la journée, Lotfi Brahem a démis 10 responsables des corps de la sécurité et de la Garde nationale à Sfax, à la lumière des investigations sur les circonstances du naufrage de Kerkennah.

TAP

Le ministre avait indiqué avoir ordonné l’inspecteur central au département ainsi que les inspecteurs de la direction générale de la Garde nationale et de la direction générale de la sécurité nationale à se rendre sur place pour enquêter sur les circonstances de l’accident et en déterminer les responsabilités.

A noter que durant le jour même, le président de la République a reçu ce mercredi au Palais de Carthage, le chef du gouvernement. L’entretien a notamment porté sur l’état d’avancement de l’enquête sur les circonstances du naufrage de l’embarcation au large de Kerkennah.

Le chef du gouvernement, Youssef Chahed, s’est rendu, mardi, à Kerkennah pour réaffirmer la détermination à y renforcer la présence sécuritaire, à remédier aux défaillances constatées et à poursuivre en justice les trafiquants de mort qui manipulent la jeunesse tunisienne.

Il était accompagné du ministre de la Défense, Abdelkrim Zbidi, du gouverneur de Sfax ainsi que de plusieurs cadres militaires et sécuritaires. Le ministre de l’Intérieur n’a pas participé à cette visite.

Au cours de sa visite, Chahed avait ouvertement admis l’existence d’un vide sécuritaire malgré les nombreuses mesures prises. Il a annoncé la création
dans les jours qui viennent, d’un groupement de sécurité à Kerkennah qui permettra aux sécuritaires d’être présents sur les lieux de manière continue.

Il a également assuré que des radars et autres équipements seront fournis aux unités de la Garde maritime pour leur permettre de mener à bien leur mission.

Des sites électroniques ont parlé de différends entre Lotfi Brahem et Youssef Chahed concernant la nomination de certains responsables sécuritaires au ministère. Information démentie par Lotfi Brahem qui avait déclaré que la discussion n’est pas synonyme de conflit et de désaccord.