Sauver Le Gai Savoir : Quand la culture se bat pour sa survie

Sauver Le Gai Savoir : Quand la culture se bat pour sa survie

Le Gai Savoir, librairie emblématique de la pensée critique en Tunisie, traverse une crise profonde, menaçant de disparaître si aucune solution n’est trouvée.

Fondée en 1974 par Moncef Daboussi, un militant de gauche inspiré par la librairie François Maspero à Paris, cette librairie s'est imposée comme un bastion de la diffusion des idées progressistes. Mais aujourd'hui, elle lutte pour sa survie face à des difficultés économiques croissantes.

Le propriétaire actuel, Badreddine Daboussi, a tiré la sonnette d’alarme : la hausse des prix des livres, la concurrence du numérique et des foires permanentes, ainsi qu'une nouvelle loi interdisant les chèques de garantie, fragilisent gravement l’équilibre financier de l’établissement. Cette dernière réforme, qui oblige les libraires à encaisser immédiatement les chèques, a mis Le Gai Savoir en grande difficulté, le contraignant à demander de l'aide à ses lecteurs fidèles pour éviter la fermeture.

La librairie, qui se distingue des commerces traditionnels par son engagement intellectuel, offre plus que des livres. Elle a été un lieu de rencontres et de débats pour les intellectuels, chercheurs, et militants, mettant l’accent sur des idées anticolonialistes et anticapitalistes. Mais les transformations du marché du livre –inflation, popularité des livres électroniques, et multiplication des foires– ont bouleversé son modèle économique. En particulier, les foires du livre, qui proposent des prix attractifs, créent une concurrence déloyale, impactant sévèrement les librairies traditionnelles.

Cette situation désastreuse a culminé avec la nouvelle loi sur les chèques de garantie, qui empêche désormais les libraires d'acheter des livres à crédit, aggravant ainsi leur trésorerie. L’appel lancé par Badreddine Daboussi, sur la page Facebook de la librairie en janvier 2025, a révélé un élan de solidarité parmi les lecteurs, qui ont intensifié leurs achats pour soutenir ce lieu de culture unique.

Face à cette crise, Badreddine Daboussi réclame un assouplissement des règles pour préserver les petites librairies comme Le Gai Savoir. Il insiste sur l’importance de sauvegarder ces espaces de réflexion et de débat qui enrichissent la culture tunisienne. Sans un soutien tangible, cet héritage intellectuel risque de disparaître, appauvrissant ainsi le paysage culturel du pays.

En somme, la situation de Le Gai Savoir est un avertissement sur les dangers auxquels sont confrontées les librairies indépendantes en Tunisie, un secteur où la rentabilité prime souvent sur la préservation de la culture et des idées.

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