Transfert de l’ambassade us Al Qods, une étincelle dans une poudrière

Transfert de l’ambassade us Al Qods, une étincelle dans une poudrière

« Aucun droit n'est perdu, tant qu'il y a quelqu'un pour le revendiquer. »

L'annonce du président des Etats-Unis de transférer l’ambassade des USA de Tel Aviv à Jérusalem était attendue, malgré la multiplication des mises en garde venant de la communauté internationale.

Pourquoi Trump a pris cette décision ?

Il l'avait promis durant sa campagne. Donald Trump vient de reconnaître, mercredi 7 décembre, Al Qods (Jérusalem) comme capitale d'Israël. « J'estime qu'il est temps de reconnaître officiellement Jérusalem comme la capitale d'Israël », a déclaré le président américain depuis la Maison Blanche. « Je demande également au département d'Etat de se préparer à transférer l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem », a-t-il précisé.

Pour Donald Trump, le statut de Jérusalem est plus un impératif politique qu’un dilemme diplomatique. Entre ses partisans [chrétiens] évangéliques et pro-israéliens et des dirigeants arabes menaçant son propre plan de paix, le président s’est rangé à l’avis de ses partisans.

Comme il l’a fait en se retirant de l’accord de Paris ou en refusant de certifier l’accord avec l’Iran, il se délecte en jouant son rôle favori consistant à défier l’orthodoxie en matière de politique étrangère au nom des intérêts de ceux qui l’ont élu.

Il faut rappeler que les présidents Bill Clinton, George W Bush et Barack Obama avaient de bonnes raisons de se retenir de franchir ce pas, même si, comme Donald Trump, ils avaient promis durant leur campagne de transférer l’ambassade américaine à Jérusalem. Ils ont estimé que cette étape somme toute symbolique pourrait saper la diplomatie américaine dans tout le Moyen-Orient, ainsi que leurs espoirs de trouver un arrangement entre Israéliens et Palestiniens.

Isolation sur la scène internationale des USA

Trump rompt ainsi avec une position internationale unanime: une telle reconnaissance ne peut intervenir que dans le cadre du processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. Ce qui n'est donc pas le cas avec cette décision unilatérale qui met fin au processus des négociations de paix entre les deux parties sous la protection américaine.

Les États-Unis peuvent-ils encore être un partenaire de négociation? Nous ne le croyons plus et depuis longtemps. Le président palestinien Mahmoud Abbas a dénoncé des choix "déplorables", jugeant que Washington, tout en prétendant le contraire, ne pouvait plus jouer son rôle historique de médiateur de paix avec les Israéliens. Et pour cause: le geste de Donald Trump fait perdre aux Américains une neutralité tout autant historique. La solution doit être trouvée dans un cadre international.

Al Qods- Est, un territoire « occupé » pour l’ONU

La décision de Trump est une violation du droit international et de la charte des Nations unies.  Il y a déjà eu trois résolutions de l'ONU sur Jérusalem

  • 29 novembre 1947: résolution 181 de l'Assemblée générale de l'ONU pour un partage de la Palestine, alors sous mandat britannique, en trois entités: un État juif, un État arabe et un statut international pour Jérusalem. Six mois plus tard, l'État d'Israël est proclamé et Jérusalem partagée.
  • 22 novembre 1967: le Conseil de sécurité adopte une résolution (242) appelant au « retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés » dont Jérusalem-Est.
  • 25 septembre 1971: la résolution 298 condamne « les actions conduites par Israël en vue de changer le statut de Jérusalem ». En l'occurrence l'annexion par Israël. La colonisation n'a, depuis, jamais cessé de croître

Pour quelles raisons le statut d’Al Qods  est-il si sensible?

  • Près de 160 pays possèdent des relations diplomatiques avec Israël, sans pour autant reconnaître Jérusalem comme capitale.
  • Jérusalem est une ville sainte pour trois religions: juive, chrétienne et musulmane.
  • Depuis 1967, à la suite de la Guerre des Six Jours, la partie orientale de la ville passe sous contrôle israélien. Au fil des décennies, ce contrôle s'est transformé en une annexion dénoncée par l'ensemble de la communauté internationale.
  • Les autorités palestiniennes exigent de pouvoir faire de Jérusalem-Est (qui comprend la vieille ville) la capitale d'un futur État.

Les réactions internationales unanimement contre

La décision des Etats-Unis a suscité des réactions unanimes dans le monde, craignant qu’elle ne déclenche un nouvel embrasement de la région. La Ligue arabe devrait se réunir samedi 10 décembre en séance extraordinaire, alors que l’Organisation de la coopération islamique tiendra une réunion le 13 décembre à Istanbul pour coordonner la réaction des 57 Etats membres.

A l'instar des autorités palestiniennes, de nombreuses chancelleries considèrent que cette décision unilatérale du président milliardaire éloigne le moment d'une véritable paix, négociée, en Palestine. A l'exception du communiqué émis par Prague, pas un pays, en dehors d'Israël, n'a salué la décision de Donald Trump. La condamnation est d'autant plus unanime qu'elle apparaît comme une étincelle dans une poudrière, une explosion de violence étant redoutée dans les territoires occupés de Cisjordanie. Dans le monde arabe, les alliés de Washington sont tiraillés entre leur puissant partenaire et une opinion publique hostile à Israël. L’Egypte, l’Arabie saoudite et la Jordanie, alliés clés des Etats-Unis dans la région, qui ont établi des liens géopolitiques ou de dépendance financière avec Washington, se retrouvent dans une position délicate.

Le Premier Ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a salué comme un «jour historique» la reconnaissance par Donald Trump de Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël. «Ceci est un jour historique», a déclaré Netanyahu. «Le peuple juif et l’Etat juif seront à jamais reconnaissants», a-t-il dit lui qui voit la ville de Jérusalem comme la capitale éternelle d’Israël.

Des arabes faibles et divisés

S’il existe un phénomène caractéristique du monde arabe en ce moment, c’est bien l’état d’instabilité et de conflits permanents entre eux. Ils se font la guerre en Syrie, en Irak, en Libye et ont complétement oublié la cause palestinienne, en remplaçant Israël l’ancien ennemi depuis 1948 par l’Iran chiite dans la région. Il faut rappeler que ces derniers temps,  certains pays du golfe comme l’Arabie, le Qatar ou l’Emirat aspiraient à normaliser leurs relations avec Israël comme l’a fait l’Egypte avant avec les accords du camp David qui était le point de départ du délabrement avancé de la maison arabe. Israël a réussi à appliquer à la lettre la stratégie visant à semer la discorde », diviser pour mieux régner. »

Trump a tué aujourd’hui la paix sous protection américaine et les accords d’Oslo. Ainsi il a rendu  un grand service à la cause palestinienne en réveillant la conscience des musulmans qui se retrouvent solidaires avec les palestiniens. Il a mis le président palestinien Mahmoud Abbas devant le fait accompli que la voie suivi par ce dernier celle de la coopération avec Israël est une voie sans issue qui a abouti à plus de colonisations des terres palestiniennes en Cisjordanie et à Jérusalem Est. C’est une chance afin que les  responsables palestiniens retrouvent une position commune oubliée ces dernières années entre ceux de Gaza et de la Cisjordanie pour résister dans la même tranchée. Les palestiniens doivent compter en premier lieu sur eux-mêmes  et sans rien attendre de la grande majorité des dirigeants arabes qui ont vendu leur cause depuis longtemps.

Aux résistants  palestiniens  contre l'injustice et l'oppression, je dédie ce proverbe arabe  « Aucun droit n'est perdu, tant qu'il y a quelqu'un pour le revendiquer ! ». Evidemment, lorsqu'on ne demande rien on n'a rien. Car il ne faut pas attendre qu'on vienne vous accorder ce qui vous est légitimement dû. Vous risquez d'attendre longtemps certes. Mais votre droit ne sera pas perdu pour autant. Il suffit de le réclamer  en résistant!

Aux palestiniens je dédie ces vers du grand poète Tunisien Abou El Kacem Chabbi  qui doivent les inspirer dans leur combat contre le colon israélien :

Lorsqu'un peuple veut la vie, force est au destin de répondre

Aux ténèbres de se dissiper et aux chaînes de se rompre.

A.K

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