Tunisie : Etude de l’impact de la conjoncture économique sur l’agriculture

Tunisie : Etude de l’impact de la conjoncture économique sur l’agriculture

Une récente étude sur l’impact de la conjoncture économique sur la position économique des agriculteurs

a été présentée, lors de la session extraordinaire du conseil central de l’Union Tunisienne de l’Agriculture et de la Pêche, organisée récemment, au siège de l’UTAP.

Cette étude, qui a fait l’objet d’un débat lors de cette session extraordinaire, focalise principalement sur les quatre groupes de produits habituellement considérés comme étant des produits stratégiques et faisant l’objet d’une intervention active de la part de l’Etat, à savoir les céréales, les produits de l’élevage (viande et lait), la pomme de terre et la tomate.

Elle essaye de répondre à une question d’actualité ; dans quelle mesure l’envolée récente des prix internationaux de produits agricoles a affecté l’agriculture tunisienne.

Le principal enseignement à caractère général à retenir de cette étude est que la gestion du secteur agricole et en particulier la perception de l’intérêt des agriculteurs, a besoin d’évoluer d’une conception d’opérateurs qui ont nécessairement besoin d’un soutien public pour rentabiliser leurs activités à des opérateurs entrepreneurs qui pourraient et devraient fonctionner autrement.

Les enseignements spécifiques tirés de l’étude diffèrent selon les conséquences de la conjoncture économique actuelle du point de vue des agriculteurs ou bien de celui de l’organisation qui les représente.

Ainsi, pour les agriculteurs, le premier enseignement est qu’ils sont de plus en plus exposés aux aléas du marché international, conséquemment à l’option choisie d’ouverture des frontières économiques du marché national.

Cette exposition est à comprendre en termes de concurrence accrue avec les producteurs mondiaux de denrées alimentaires et en termes d’opportunités à saisir pour tous ceux d’entre eux qui sont capables de mettre sur le marché des produits à des coûts compétitifs.

Les enseignements précis varient cependant selon les agriculteurs tels que les céréaliers, les éleveurs et les maraîchers (producteurs de pomme de terre et de tomat).

Pour les céréaliers, la révision des prix à la hausse intervenue au cours de la campagne agricole 2007-2008 était non seulement nécessaire mais également attendue pour remédier à la détérioration du revenu des agriculteurs et ainsi contribuer à son redressement  ce qui est de nature réhabiliter le caractère économique de l’activité céréalière.

L’envolée récente des prix internationaux des céréales pourrait même offrir des opportunités d’exportation, dans les cas de produits pour lesquels les prix internationaux se sont maintenus à des niveaux nettement supérieurs aux prix intérieurs correspondants.

C’est le cas pour le blé dur et dans une certaine mesure l’orge.
La nouvelle situation de prix pourrait avoir des retombées positives sur la production céréalière, notamment de la part des petits et moyens agriculteurs qui sont habituellement faiblement utilisateurs de facteurs de production.

L’influence de la conjoncture mondiale sur les produits de l’élevage

Par contre, pour les éleveurs, les produits de l’élevage se trouvent des plus négativement affectés par la conjoncture internationale récente matérialisée par l’augmentation des coûts des matières premières utilisées dans l’alimentation du bétail, sans qu’il y ait un redressement significatif des prix de produits. Par conséquent, les marges bénéficiaires des éleveurs se trouvent d’une manière générale comprimées.

En effet, les augmentations conjoncturelles du prix de l’orge et des autres ingrédients rentrant dans la composition des aliments de bétail ont été spectaculaires, ce qui n’est pas sans conséquences sur le revenu des éleveurs.

Par ailleurs, les prix à l’importation des produits d’élevage se trouvent en forte croissance, ce qui est de nature à réduire la concurrence sur le marché extérieur.

Le pays étant faiblement déficitaire en produits animaux, de l’ordre de 1% aussi bien pour la viande que pour le lait et au vu des niveaux respectables de consommation par tête d’habitant en ces produits ( 24 kg et 100 litres respectivement) le secteur ne devrait pas constituer une préoccupation majeure pour les pouvoirs publics, ou du moins pas dans les mêmes proportions que la production céréalière, si des contraintes à l’investissement dans le capital productif du secteur pouvaient être atténuées.

En matière de production de viande, l’étude a constaté que les effectifs de races locales et croisées soient en stagnation voire en régression. Pourtant des économies importantes en matière d’alimentation, surtout, pour accompagner ce type d’élevage, en comparaison avec les effectifs de race pure importés.

L’on se demande, par ailleurs,  si d’autres types d’élevage notamment l’élevage ovin et caprin, ne constituent pas des options alternatives mieux valorisantes des ressources fourragères disponibles, en particulier, au niveau des petits et moyens agriculteurs qui se trouvent les plus affectés par les augmentations récentes des coûts d’alimentation.

En matière de production laitière, l’on constate que l’autosuffisance est atteinte, malgré les contraintes qui freinent le développement de cette filière.

Pour les producteurs de pomme de terre, la structure des prix internationaux limite généralement les possibilités de soutien de leurs revenus.

Les prix internationaux de la pomme de terre sont toujours voisins des prix nationaux correspondants.

La compétitivité prix actuelle de ce produit vis-à-vis de l’étranger se trouve limitée, et ce en raison de certains handicaps ; des rendements assez faibles et des coûts de semences assez élevés.

En revanche, les résultats encourageants réalisés par le centre technique de pomme de terre dans les différentes régions du pays suggèrent que des marges de progrès allant jusqu’au doublement des rendements moyens nationaux sont possibles, ce qui témoigne de l’existence de marges de progrès potentielles significatives.

Pour que les agriculteurs puissent tirer le meilleur profit des marges commerciales séparant le niveau de production de celui des marchés de gros, il faudrait encourager l’investissement dans l’acquisition des équipements nécessaires et inciter les organisations professionnelles à aider les agriculteurs à maîtriser ces charges.

Dans le cas de tomate aussi, le contexte de la mondialisation et de la concurrence accrue au niveau du bassin méditerranéen limite d’une manière générale les possibilités de soutien du revenu des agriculteurs par le biais du prix du produit.

Mais, il faudrait, dans ce cas, développer la filière à travers l’encouragement des initiatives de diversification des sous produits de la tomate et la prospection continue de niches de marché à l’étranger moyennant une mise à profit des calendriers culturaux des pays concurrents et ce pour soutenir la demande, seul garant de l’absorption de l’offre croissante du pays en tomate.

Il faudrait également procéder, le cas échéant, à des réductions dans les périmètres typiquement allouées à la culture de tomate et ce, pour modérer la croissance de l’offre  globale de tomate en fonction de l’évolution réelle de la demande et du coup éviter des baisses des prix qui compromettraient la position économique de ses producteurs.
       

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