Tunisie: l'avenir de la Presse écrite fait débat
Nombre d'interventions, d'idées, d'approches et de théories nouvelles ont rythmé les travaux de la journée d'étude,
organisé lundi, à Tunis, par la Société Nouvelle de Presse, d’Imprimerie et d’Edition (SNIPE), sur le thème : « les défis à venir de la presse écrite ».
C’est ainsi qu’en présence des plus grandes figures du paysage médiatique tunisien et d’une bonne pléiade de journalistes de la place que cette journée, placée d’ailleurs sous l’égide du ministère de la communication et des relations avec les chambres respectives des députés et des conseillers, a tenté de donner une vision future et de trouver une issue plus favorable à la presse papier.
Cette presse « traditionnelle » pour laquelle M. Oussema Romdhani, ministre de la communication, préconise, dans son allocution à l’ouverture de la journée, de nouvelles bases afin d’en faire un média moderne et responsable.
Et d’ajouter qu’avec un potentiel fort probant (1001 journalistes dont 515 pour la presse écrite) et une évolution remarquable depuis une décennie (303 titres en 2009 au lieu de 52 en 2004), l’avenir de la presse électronique semble bien se dessiner dans une meilleure lueur que celle vécu aujourd’hui.
Le ministre a, dans ce sillage, souligné l’attachement du président Ben Ali a édifier un paysage médiatique moderne, responsable et au diapason des aspirations des citoyens et du lectorat.
Le ministre a, également, rappelé les points du programme électoral consacrés au secteur de l’information et plus particulièrement à la presse écrite et prêchant le droit aux libertés d’expression et d’édition aux fins de réaliser le saut qualitatif visé et d’en faire un secteur en phase avec les orientations nationales et un partenaire actif dans la consécration des objectifs de développement du pays.
M. Romdhani a, par ailleurs, fait savoir qu’une rude concurrence appose aujourd’hui la presse écrite et les médias électroniques et que les principales difficultés qui font défaut à la presse écrite sont essentiellement d’ordre financier.
Les lecteurs ont tendance à boycotter les supports de presse traditionnels et se tournent de plus en plus vers Internet et autres supports numériques comme sources d’informations. Néanmoins, le ministre fait part de sa confiance en la presse écrite qui, selon lui, est toujours à même de faire face à toutes ces mutations rapides, comme elle l’a déjà fait auparavant, en indiquant que sa pérennité ne semble pas encore être menacée.
En guise de vision future pour le secteur de l’information, le ministre appelle à la promotion des différentes pratiques professionnelles en rapport avec la presse écrite et incite les organes de presse à tirer le meilleur profit des opportunités offertes par les technologies de l’information et de la communication (TIC).
Le ministre a, enfin, invité les professionnels et les responsables des médias à dynamiser les procédés de marketing et à adapter les contenus aux aspirations des lecteurs, toutes franges confondues, sur la base d’études et d’approches méthodologiques nouvelles.
Des défis et des opportunités
Dans une intervention intitulée : « la presse écrite : des défies et opportunités », M. Boubaker Sghaïer, directeur du magazine « l’observateur », indique que les dispositions contenues dans le programme électoral du président Ben Ali en faveur du secteur de l’information constituent un fondement et un point de départ pour bâtir un paysage médiatique encore plus moderne et évolué.
Et d’ajouter que c’est pour la première fois qu’un programme électoral accorde autant de points (trois points) au secteur de l’information, des points qui, indique-t-il, touchent tant à l’aspect structurel et organisationnel qu’à celui de la législation.
Pour M. Sghaïer, les organes de presse diffèrent de plus en plus et se positionnent chacun selon ses atouts et ses tendances éditoriales, tout en s’adaptant aux mutations imposées par la modernité.
La presse écrite est, selon lui, le média qui a mal subit et supporté ces mutations et cette diversité des genres. Et cette souffrance a été surtout ressentie aux USA où plus de 40 journaux ont mis la clé sous la porte.
De son côté, M. Hamadi Ben Hammed, président du conseil supérieur de la communication, préconise l’idée qu’on ne peut parler des médias sans évoquer les défis imposés par la révolution technologique.
Dans sa vision, M. Hammed a présenté une approche qui donne aux perspectives futures de la presse écrite des origines dans le passé et le présent.
Selon lui, la presse électronique est le fils légitime de la presse écrite qui propose une nouvelle approche du journalisme, une approche performante surtout grâce à l’apport des TIC.
Et d’expliquer que les nouveaux supports médiatiques ont engendré « une secousse assez forte » qui a frappé le paysage médiatique international.
« On assiste aujourd’hui à une homogénéité des styles voire des lignes éditoriales sur les tabloïdes locaux », a déclaré le président du conseil supérieur de la communication pour expliquer pourquoi la presse écrite peine à réaliser ce saut qualitatif tant escompté, malgré toutes les dispositions prises en faveur du secteur, pour ajouter que cela relève d’une vision erronée que d’affirmer que la presse écrite est la victime de la complexité des règles.
De plus, renchérie-t-il, certains médias se sont convertis à des institutions à but lucratif, plaçant la notion de profit bien avant celle de la qualité du contenu.
M. Ben Hammed a, dans une certaine mesure, été rejoint dans ces propos par M. Raouf Khlasi, rédacteur en chef chez Dar Assabah, lequel a justifié cette tendance de faire passer le profit avant la qualité par l’impact de la crise financière mondial qui a été corrosif pour le paysage médiatique.
Ce dernier a, par ailleurs, indiqué que les difficultés de la presse écrite sont en quelques sortes « la conséquence d’une conjonction de facteurs ou tout simplement d’un conservatisme frileux ».
D’un autre côté, M. Khalsi, dénonce fortement la diabolisation du numérique et appelle à la création d’une synergie entre la version numérique et la version olfactive des médias. C’est là pour lui une issue possible pour repartie de plus belle et que « les journaux redeviennent ce qu’ils devraient être en améliorant notamment la qualité du contenu et en revenant aux normes éditoriales basiques tout en adoptant une nouvelle dimension entrepreneuriale ».