Tunisie : « Libérer le potentiel du Maghreb grâce à l'intégration économique régionale»

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« Relancer l’intégration régionale » était le thème d’une journée de réflexion sur l’intégration régionale du Maghreb qui s’est tenue ce vendredi au Palais présidentiel de Carthage. Cette conférence internationale de haut niveau, organisée conjointement par la présidence de la république tunisienne et la Banque africaine de développement (BAD),

partenaire majeur du développement de la région, avait pour objectif de discuter de l'état de l'intégration économique au Maghreb, les défis auxquels fait face la région, les opportunités qui en découlent et notamment les recommandations de politique concrètes qui pourraient être prises en s’appuyant sur les expériences et les leçons tirées d’autres blocs régionaux dans le monde.

La conférence a été ouverte par le président de la république tunisienne,  Moncef Marzouki, qui a souligné l’importance de l’intégration régionale, une nécessité incontournable pour la croissance et le développement de la région.

M. Jacob Kolster, directeur du département Afrique du Nord de la Banque africaine de développement, a introduit l’atelier et souligné qu’«aujourd’hui, l’intégration économique régionale

du Maghreb est un thème plus qu’opportun, d’une part à cause des défis auxquels fait face la sous région, mais surtout en raison du rythme accéléré du développement et des regroupements dans le reste du monde au cours des dernières décennies».

Une présentation et analyse de l'état actuel de l'intégration économique au Maghreb et des défis à relever a également été exposée. « Les pays maghrébins font, aujourd’hui, face à des défis majeurs qui conditionnent le potentiel de leur croissance et de leur développement, a relevé M. Mohammed Tawfik Mouline, directeur général de l'Institut Royal des Etudes Stratégiques au Maroc. Ces défis sont liés au développement humain et à l’inclusion sociale, à l’amélioration de la compétitivité dans ses différentes dimensions, à l’adaptation aux effets du changement climatique et à l’atténuation du risque sécuritaire.»

L'atelier s'est appuyé sur les différentes expériences internationales et les enseignements tirés

d'autres blocs régionaux dans le monde (ASEAN, UE, NAFTA, Mercosur) avec un accent particulier sur leur applicabilité et transposition aux pays du Maghreb. Dans le cas de l’Asie, M. Iwan Azis, chef du bureau de l’intégration économique régionale à la Banque asiatique de développement a mentionné que l’intégration régionale vise à maximiser les bénéfices et diminuer les risques (effet de contagion négative, augmentations des inégalités, etc.) et a permis à cette région de mieux résister à la crise financière internationale.

« L’intégration régionale maghrébine pourrait aussi se renforcer de manière indirecte mais efficace à travers le processus d’ouverture et de convergence règlementaire que propose l’Union

Européenne » a mentionné M. Jean Pierre Chauffour, Economiste en Chef à la Banque Mondiale.

La conférence a souligné, dans une autre session, le mérite de l’approche sectorielle à l’intégration régionale à travers une étude récente menée par la BAD intitulée "Libérer le potentiel de l’Afrique du Nord par le biais de l'intégration régionale - Défis et opportunités", un rapport axé sur 6 secteurs fédérateurs notamment : l’énergie, le changement climatique et l’environnement, le secteur financier, la facilitation du commerce et transport, le développement humain et les TIC. La nécessité d’améliorer le commerce, le secteur financier et le climat des affaires dans le Maghreb, afin de promouvoir les investissements, les échanges commerciaux, la croissance et l'emploi a également été élaborée.

Enfin, la dernière session plénière a permis de dégager des recommandations qui peuvent faire avancer le processus d'intégration au Maghreb, à savoir :

(i) La nécessite d’adopter une approche pragmatique et progressive axée sur l’identification des opportunités prioritaires, notamment dans le secteur de l’énergie, du secteur financier et de l’environnement.

(ii) L’implication du secteur privé, du monde académique et de la société civile dans le processus d’intégration, incluant la création des mécanismes pour assurer leur participation effective dans le processus.

(iii) La nécessite d’accompagner les investissements physiques (hardware) par des mesures d’accompagnement (software) tel que l’harmonisation des procédures et la logistique transfrontalière.

(iv) L’approfondissement des réformes domestiques en soutien et complémentarité de l’intégration régionale.

(v) L’adoption d’une approche d’intégration régionale bénéfique à une plus grande intégration avec le reste du monde.