Tunisie: Quand la discrimination sur la carte de séjour continue à avoir la...peau dure !
Depuis quelque temps, la Tunisie, consciente de l'intérêt de s'ouvrir au continent africain, multiplie les rencontres, les forums et même les voyages d'hommes d'affaires pour tisser des partenariats dans une kyrielle de domaines. Et ce, par le truchement de la Tunisia - Africa Business Council, qui se démène comme un beau diable pour mener à bien sa mission de raccordement à ce continent.
Seulement voilà, derrière cette envie de tendre la main au continent noir, se cache de grandes contradictions, des incohérences, des incongruités mêmes. Demandez à un ressortissant d'Afrique subsaharienne résidant en Tunisie le parcours du combattant et les acrobaties insupportables auxquels il est confronté pour décrocher le fameux sésame. Non, il n'est pas question de naturalisation ou de quelque autre grand privilège, mais d'un simple... carte de séjour.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, aussi paradoxal que cela puisse paraître, quand vous êtes africain et entamez des démarches en Tunisie pour avoir une carte de séjour, vous avez l'impression de ne pas avoir affaire à l'administration d'un pays comme la Tunisie. Une Tunisie dont on chante partout ailleurs la modernité, mais qui n'a réellement de moderne que le nom, sur ce plan là en tout cas.
En Tunisie, vous avez beau avoir 20 ans de séjour et même plus, le ministère de l'Intérieur continuera toujours à exiger de très nombreuses conditions pour vous délivrer une carte de séjour. Et quand elle est délivrée (ce qui n'est pas toujours évident) à un ressortissant d'Afrique, elle ne dure généralement qu'un an. Ou 2 ans au meilleur des cas pour ceux qui ont des épouses tunisiennes.
Nous vous épargnons les tracasseries et la paperasse de dossiers à remplir (sans compter le temps d'attente) pour obtenir le fameux séjour.
Comment expliquer cette discrimination? Comment expliquer ce mépris quant on sait que les ressortissants européens bénéficient automatiquement d'une carte de séjour d’une validité plus longue?
Comment expliquer que des Africains installés en Tunisie depuis deux ou trois décennies, et qui travaillent légalement (ou créent de l'emploi), continuent de renouveler, chaque année, cette foutue carte de séjour.
Du côté des étudiants, les choses sont encore bien pires. Non seulement les cartes de séjour sont délivrées au compte-gouttes, mais nombre d'entre eux continuent de voir leurs dossiers rejetés sans justification alors qu'ils sont inscrits dans des universités tunisiennes, du coup, ces étudiants se retrouvent dans l'illégalité. Quand ces derniers ne sont pas expulsés au cours d'un contrôle policier ou lors d'une descente de police à domicile, ils sont contraints, à l'aéroport, de s'acquitter de lourdes pénalités sonnantes et trébuchantes une fois qu'ils désirent rentrer chez eux.
Pourtant, les ressortissants tunisiens (qu'ils soient étudiants ou hommes d'affaires) installés en Afrique subsaharienne, et ils sont nombreux, ne subissent pas de telles tracasseries. Accueillis à bras ouverts avec des conditions d'obtention de titres de séjour très souples, ces Tunisiens d'Afrique peuvent s'adonner à toutes sortes d'activités (chauffeurs de taxis, restaurateurs, hommes d'affaires, commerçants...) sans la moindre contrainte.
Il est vraiment temps pour l'administration tunisienne, le ministère de l'Intérieur en particulier, de se pencher sérieusement sur cette injustice "insupportable" si l'on veut réellement établir des "ponts", des relations franches et sincères avec le continent noir.
Votre commentaire