Un avocat tire sur le bâtonnier et se suicide au sein du tribunal
Joseph Scipilliti, un avocat proche de l'extrême droite, a tiré sur Henrique Vannier, avant de se suicider. Dans son "testament", il se dit "victime du système".
Le pronostic vital du bâtonnier des avocats de Melun, blessé par balle jeudi matin par un avocat qui a ensuite retourné l'arme contre lui, « n'est plus engagé », a déclaré lors d'une conférence de presse Daniel Atzenhoffer, procureur adjoint de Melun. L'agresseur est, « semble-t-il, décédé sur le coup », et sa victime a été transférée à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil. « À l'heure actuelle », son « pronostic vital n'est plus engagé », a-t-il ajouté.
Le bâtonnier a été blessé jeudi aux alentours de 9 h 30 dans son bureau du tribunal par un avocat, Joseph Scipilliti, qui lui a tiré dessus à plusieurs reprises avant de retourner l'arme contre lui, selon des sources proches du dossier citées par l'Agence France-Presse. Les mêmes sources avaient un peu plus tôt rapporté que le bâtonnier Henrique Vannier était décédé des suites de ses blessures. Elles ont ensuite affirmé qu'il a été transféré à l'hôpital Henri-Mondor à Créteil. « Notre bâtonnier Henrique Vannier est, Dieu merci, encore en vie », a déclaré au palais de justice de Melun Me Florence Lampin, élue en juin pour remplacer Me Vannier comme bâtonnier en 2016.
« Je vais manquer de délicatesse »
Plusieurs sites internet proches de l'extrême droite ont publié jeudi matin ce qu'ils décrivent comme le « testament » de Joseph Scipilliti : un livre en PDF « où il décrit le processus inexorable qui l'a conduit à son acte de ce matin », précise, par exemple, Riposte laïque, détaillant encore que Scipilliti « y décrit un système fait pour broyer celui qui ose être, qui ose dire non, qui ose désobéir, ne pas ramper… » L'introduction se termine par cette menace : « Me voilà donc sur le point de satisfaire ceux qui, pour justifier leur domination ou leur soumission, m'ont fait une réputation de cosaque. Pour une fois, je vais vraiment manquer de délicatesse. »
« On a reçu par courriel, Christine Tasin (fondatrice de Résistance républicaine) et moi, un texte de 240 pages de Joseph Scipiliti à 5 h 42 du matin », a raconté à l'AFP Pierre Cassen, fondateur de Riposte laïque. « Christine m'a appelé et m'a dit : je suis inquiète », a-t-il ajouté. « En lisant l'introduction, on a toute de suite senti qu'il allait se passer quelque chose. On s'est dit : il est possible qu'il mette fin à ses jours ou qu'il s'en prenne au bâtonnier. » Pierre Cassen affirme ne pas avoir eu connaissance au préalable d'un conflit avec le bâtonnier. Il raconte aussi qu'avec Christine Tasin, ils ont ensuite tous deux tenté, en vain, de joindre leur avocat aux environs de neuf heures du matin.
Islamophobie
L'avocat était connu pour ses positions proches de celles de l'extrême droite. Sur Boulevard Voltaire, un site internet d'extrême droite fondé par Robert Ménard et Dominique Jamet, Scipilliti s'était illustré par des billets douteux. Le 10 novembre 2014, il signait ainsi un texte au titre évocateur : « Pétain, Vichy, la complexité prohibée... Une fois de plus, il est impossible de toucher aux dogmes de la gauche sans déclencher la foudre ».
Me Scipilliti a défendu Christine Tasin, qui était l'une des organisatrices d'un apéro « saucisson-pinard » prévu en juin 2010 dans le 18e arrondissement parisien et finalement interdit. L'avocat avait alors déclaré : « Ma cliente s'en prend souvent à l'islam, car elle estime que cette religion n'est pas compatible avec la République, ce qui peut se discuter, mais la vraie question est : a-t-on le droit de critiquer l'islam sans risquer sa vie ? » En 2014, Joseph Scipilliti avait également défendu un sympathisant du Bloc identitaire qui avait tagué des inscriptions « fuck islam » sur des boucheries halal ou des bâtiments publics d'Orléans. La robe noire avait invoqué le droit de « critiquer une religion ».
Lettres de menaces
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