Un ministre sur cinq est une femme d’après la nouvelle Carte des femmes de l'ONU
La participation des femmes aux prises de décisions politiques continue d'augmenter lentement, avec de légères améliorations depuis 2017, selon les données figurant dans l'édition 2019 de la carte biennale des femmes en politique UIP/ONU-Femmes. La carte a été lancée lors d'une conférence de presse à l’occasion de la session de la Commission de la condition de la femme (CSW63) au Siège de l'ONU à New York.
La carte, qui établit le classement mondial des femmes dans les organes exécutifs et au parlement au 1er janvier 2019, montre que la part de femmes ministres n'a jamais été aussi élevée, atteignant 20,7 % (812 sur 3922), ce qui représente 2,4 points de pourcentage de plus par rapport à 2017. Cette évolution témoigne par ailleurs du fait que les domaines dont se saisissent les femmes se diversifient.
Cette carte s’inscrit à la suite de la publication, la semaine dernière, de l’étude de l'UIP sur les femmes au parlement, qui a montré que la part des femmes parlementaires dans le monde (24,3 %) a augmenté de près d'un point par rapport à 2017. La part des présidentes de parlement a également augmenté de 0,6 point de pourcentage pour atteindre 19,7 %, et celle des vice-présidentes a augmenté de 1,6 point de pourcentage pour atteindre 28,2 %.
Toutefois, la représentation des femmes aux postes de décision au plus haut niveau a baissé : les femmes représentent 6,6 % des chefs d'Etat élus (10 sur 153) et 5,2 % des chefs de gouvernement (10 sur 193), contre respectivement 7,2 % et 5,7 % en 2017.
La Présidente de l'UIP et parlementaire mexicaine, Gabriela Cuevas Barron, a déclaré : "Une représentation égale aux postes gouvernementaux est fondamentale pour qu'une démocratie soit véritablement représentative et efficace. En dépit de certaines tendances positives, l'écrasante majorité des chefs de gouvernement restent des hommes. Faire évoluer la situation et garantir l’égalité des sexes à tous les niveaux politiques est une responsabilité partagée des hommes et des femmes. Il est important de déterminer quels sont les obstacles principaux qui empêchent les femmes d’accéder à des postes de responsabilité."
"Lorsque davantage de femmes participent à la vie politique, les décisions sont plus inclusives et la perception qu’a le public de ce à quoi ressemble un dirigeant peut changer ", a affirmé Phumzile Mlambo-Ngcuka, Directrice exécutive d'ONU-Femmes. "Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir, mais la croissance du nombre de femmes ministres est encourageante, en particulier lorsque nous constatons une augmentation du nombre de pays dotés de cabinets ministériels dont la composition respecte l’équilibre hommes-femmes. Voilà le genre de mesures audacieuses dont nous avons besoin si nous voulons accroître considérablement la participation des femmes aux prises de décisions."
Davantage de gouvernements équilibrés au regard de l’égalité des sexes
Neuf pays, contre six en 2017, comptent 50 % de postes de ministres occupés par des femmes.
64.7% : Espagne
55.6% : Nicaragua
54.4% : Suède
53.3% : Albanie
52.9% : Colombie
51.9% : Costa Rica
51.9% : Rwanda
50% : Canada
50% : France
Femmes ministres : les plus fortes hausses
L'Ethiopie a connu la plus forte augmentation de la représentation politique des femmes dans l'exécutif, le nombre de femmes ministres étant passé de 10 % en 2017 à 47,6 % en 2019. Le Mexique a fait les plus grands progrès dans les Amériques, avec la nomination de cinq nouvelles femmes ministres, ce qui représente une augmentation de 26,3 points de pourcentage relevant la part globale des femmes ministres à 42,1 %.
Parmi les pays d'Asie, le Pakistan, où aucune femme n’avait obtenu le poste de ministre depuis 2012, compte désormais 12 % de femmes ministres, ce qui est une première. Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la Mauritanie maintient la plus forte part de femmes ministres de la région (31,8 %), suivie de près par les Emirats arabes unis (29 %). Dans la région du Pacifique, les Palaos et les Tonga ont respectivement deux et une femmes ministres supplémentaires.
Femmes ministres : les plus fortes baisses
En Europe, c'est la Slovénie qui a perdu le plus de points de pourcentage depuis 2017, passant de 50 % à 25 % de femmes ministres. La Lituanie n'a plus de femmes ministres, alors qu'en 2017, trois ministres sur 14 étaient des femmes, soit 21,4 %. En Asie, la part des femmes ministres aux Philippines a diminué de 14,7 points pour s'établir à 10,3 %. Le Japon a perdu deux femmes ministres, conservant une femme sur 19 ministres, soit 5,3 %.
Pays sans femmes ministres
Le nombre de pays sans femmes ministres a baissé, s’établissant à 11 contre 13 en 2017. Ces pays sont les suivants : Arabie saoudite, Azerbaïdjan, Belize, Brunéi Darussalam, Iraq, Kiribati, Lituanie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Saint-Vincent-et-les Grenadines, Thaïlande et Vanuatu.
Changements quant aux portefeuilles ministériels détenus par des femmes
Les types de portefeuilles détenus par les femmes ministres sont en train de changer. Bien que les femmes continuent de se charger principalement des affaires sociales (109 sur 1412 portefeuilles) ou de la famille, des enfants, des jeunes, des personnes âgées et des handicapés (107 sur 1412 portefeuilles), le commerce et l'industrie figurent pour la première fois parmi les cinq principaux portefeuilles ministériels détenus par des femmes, tandis que celui de la condition de la femme n’en fait plus partie. Par ailleurs, pour la première fois depuis 2012, les portefeuilles revenant aux femmes ministres dans les domaines de l'emploi, du travail et de la formation professionnelle font à nouveau partie des cinq portefeuilles principaux.
Il est frappant de constater que, par rapport à 2017, un plus grand nombre de femmes sont responsables de portefeuilles qui revenaient habituellement aux hommes : les postes de ministres chargés de la défense, des finances et des affaires étrangères sont occupés par des femmes respectivement à hauteur de 30 %, 52,9 % et 13,6 %.
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