Une dizaine de sites naturels et culturels inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO

Une dizaine de sites naturels et culturels inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO

Le Comité du patrimoine mondial a inscrit cette semaine 11 nouveaux sites, dont sept culturels et trois naturels, sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO lors de sa 44e session qui se déroule en ligne et depuis Fuzhou, en Chine.

Les sept sites ajoutés au patrimoine mondial de l'UNESCO pour leur valeur culturelle comprennent un site partagé entre la Belgique et les Pays Bas, ainsi que d’autres sites en Chine, en Inde, en Iran, en Espagne, en Turquie ainsi qu’au Pays Bas.

Les trois sites inscrits en raison de leurs attributs naturels se trouvent en Géorgie, au Japon et en Thaïlande.

Le Comité devrait poursuivre l’examen des candidatures jusqu'au 28 juillet, au terme de la 44e session. Voici un aperçu de chacun de ces 11 sites déjà inscrits : 

Colonies de bienfaisance (Belgique / Pays-Bas)

Ce site transnational en série comprend quatre colonies (une située en Belgique, les trois autres aux Pays-Bas) et des paysages culturels. Ils témoignent d’une expérience de réforme sociale menée au XIXe siècle, qui visait à réduire la pauvreté urbaine en établissant des colonies agricoles dans des endroits reculés. Fondée en 1818, Frederiksoord (Pays-Bas) est la plus ancienne de ces colonies et abrite le siège initial de la Société de Bienfaisance, association qui visait à réduire la pauvreté au niveau national. 

Les autres éléments du site sont les colonies de Wilhelminaoord et Veenhuizen, aux Pays-Bas, et de Wortel en Belgique. Les petites exploitations agricoles des colonies ne rapportant pas assez, La Société de Bienfaisance chercha d’autres sources de revenus. Elle passa des contrats avec l’État pour installer des orphelins, suivis bientôt par des mendiants et des vagabonds. Cela conduisit à la création des colonies « forcées », notamment Veenhuizen, avec des types de structures dotées de grands dortoirs et des fermes plus grandes et centralisées pour les faire travailler sous la surveillance de gardiens. 

Les colonies étaient conçues comme des établissements panoptiques selon un maillage orthogonal. On y trouve des édifices résidentiels, des fermes, des églises et d’autres équipements collectifs. Au plus fort de leur activité au milieu de XIXe siècle, plus de 11.000 personnes vivaient dans les colonies néerlandaises. En Belgique, le pic s’est établi en 1910 avec 6.000 résidents. 

Paseo del Prado et Buen Retiro, un paysage des arts et des sciences (Espagne)

Situé au cœur de la ville de Madrid, ce paysage culturel de 200 hectares a évolué depuis la création, au XVIe siècle, de l’avenue bordée d’arbres du Paseo del Prado, prototype de l’alameda hispanique. L’avenue comprend de grandes fontaines, notamment la Fuente de Cibeles et la Fuente de Neptuno, et la Plaza de Cibeles, symbole emblématique de la ville, entourée d’édifices prestigieux.

Ce site incarne une nouvelle conception de l’espace urbain et un modèle d’urbanisme remontant à la période de l’absolutisme éclairé du XVIIIe siècle. Des édifices dédiés aux arts et aux sciences se joignent à d’autres, consacrés à l’industrie, aux soins de santé et à la recherche. Tous illustrent collectivement l’aspiration à une société utopique durant l’apogée de l’Empire espagnol. 

Les jardins de la Bonne Retraite, couvrant 120 hectares, vestige du palais du Buen Retiro du XVIIe siècle, constituent la plus grande partie du bien et comprennent divers styles de jardins appliqués du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Le site abrite également le Jardin botanique royal en terrasses et le quartier essentiellement résidentiel de Barrio Jerónimos, qui présente une grande variété d’édifices des XIXe et XXe siècles, notamment des lieux culturels.

Emporium mondial de la Chine des Song et des Yuan (Quanzhou, Chine)

Le site en série de Quanzhou illustre le dynamisme de la ville en tant qu’emporium maritime pendant les périodes Song et Yuan (Xe-XIVe siècles de notre ère) et ses interconnexions avec l’arrière-pays chinois. 

Quanzhou a prospéré pendant une période très importante pour le commerce maritime en Asie. 
Le site comprend des édifices religieux, notamment la mosquée Qingjing, du XIe siècle, l’un des premiers édifices islamiques de Chine, des tombes islamiques et un large éventail de vestiges archéologiques : bâtiments administratifs, quais en pierre qui étaient importants pour le commerce et la défense, sites de production de céramique et de fer, éléments du réseau de transport de la ville, ponts anciens, pagodes et inscriptions. 

La ville était connue sous le nom de Zayton dans des textes arabes et occidentaux du Xe au XIVe siècle de notre ère. 

Temple de Kakatiya Rudreshwara (Ramappa), Telangana (Inde)

Rudreshwara, communément appelé temple Ramappa, est situé dans le village de Palampet, à environ 200 km au nord-est d’Hyderabad, dans l’État du Telangana. Il s’agit du principal temple de Shiva à l’intérieur d’un grand ensemble fortifié construit durant la période kakatiya (1123-1323) sous la direction des chefs Rudradeva et Recharla Rudra. 

La construction de ce temple en grès a commencé en 1213 et aurait duré pendant une quarantaine d’années. L’édifice comprend des poutres décorées, des piliers de granit et de dolérite sculptés et est doté d’un Vimana pyramidal original (tour surmontant le temple) construit en briques poreuses légères, aussi appelées « briques flottantes », qui réduisent le poids des structures du toit. Les sculptures du temple, de grande qualité artistique, illustrent les coutumes de danses régionales et la culture des Kakatiya. 

Situé au pied d’une zone forestière et au milieu de terrains agricoles, à proximité des rives du lac Ramappa Cheruvu, un réservoir d’eau construit sous la dynastie des Kakatiya, ce lieu fut choisi selon l’idéologie et les pratiques prescrites dans les textes dharmiques selon lesquelles les temples doivent être construits afin de s’intégrer pleinement dans un cadre naturel incluant des collines, des forêts, des sources, des ruisseaux, des lacs, des bassins versants et des terres agricoles. 

Chemin de fer transiranien (Iran)

Le chemin de fer transiranien relie la mer Caspienne, au nord-est, au golfe Persique, au sud-ouest, traversant deux chaînes de montagnes, des rivières, des hauts plateaux, des forêts et des plaines, et passant par quatre zones climatiques différentes.

Commencé en 1927 et achevé en 1938, ce chemin de fer de 1.394 kilomètres de long a été conçu et réalisé grâce à une collaboration fructueuse entre le gouvernement iranien et 43 entreprises de construction de nombreux pays. Ce chemin de fer est remarquable par son ampleur et les travaux d’ingénierie nécessaires pour surmonter les difficultés notamment liées à un tracé escarpé. Sa réalisation s’est traduite par de vastes tranchées dans certaines zones montagneuses, tandis que le terrain accidenté a nécessité la construction de 174 grands ponts, 186 petits ponts et 224 tunnels, dont 11 tunnels en spirale. 

À la différence de la plupart des précédents projets ferroviaires, la construction du chemin de fer transiranien fut financée par des taxes nationales, évitant ainsi tout investissement et contrôle étrangers. 

Tell d’Arslantepe (Turquie)

Le tell d’Arslantepe est un tell archéologique de 30 mètres de hauteur situé dans la plaine de Malatya, à 12 kilomètres au sud-ouest de l’Euphrate. Les données archéologiques du site témoignent de son occupation depuis au moins le VIe millénaire avant notre ère jusqu’à la fin de la période romaine.

Les premières strates du début de la période Uruk sont caractérisées par des maisons en adobe datant de la première moitié du IVe millénaire av. J.-C. La période la plus importante et la plus florissante du site se situe à la fin du Chalcolithique, au cours de laquelle a été construit ce qu’il est convenu d’appeler le complexe palatial.        

Un grand nombre de vestiges témoignent également des périodes du début de l’âge du bronze, dont les plus notables ont été identifiés en tant que complexe de la tombe royale. La stratigraphie archéologique s’étend ensuite aux périodes paléo-assyrienne et hittite, incluant des strates néo-hittites. Ce site illustre les processus complexes qui ont conduit à l’émergence de la société étatique au Proche-Orient et d’une administration sophistiquée avant l’apparition de l’écriture.

Des objets métalliques et des armes exceptionnels ont été mis au jour sur le site, parmi lesquels les premières épées connues à ce jour dans le monde, ce qui suggère les prémices de formes de combat organisé en tant qu’apanage d’une élite qui exposait ces épées comme des instruments de son nouveau pouvoir politique.

Extension de la Ligne de défense d’Amsterdam, désormais dénommée Lignes d’eau de défense hollandaises (Pays-Bas)

La modification importante des délimitations du bien, inscrit pour la première fois en 1996, s’étend du lac d’IJssel (à l’époque Zuiderzee) à Muiden dans le delta de Biesbosch à Werkendam. Avec cette modification, la nouvelle ligne d’eau de Hollande est ajoutée au site du patrimoine mondial de la Ligne de défense d’Amsterdam, créant ainsi le site du patrimoine mondial des Lignes d’eau de défense hollandaises. 

Cette modification comprend également quelques extensions et retraits mineurs des délimitations du bien du patrimoine mondial de la Ligne de défense d’Amsterdam. Cette extension illustre en particulier un système de défense militaire unique, basé sur l’inondation des champs, des installations hydrauliques et une série de fortifications et de postes militaires, et qui s’étend sur une zone de 85 kilomètres. Elle inclut également trois éléments de taille plus modeste : le fort Werk IV, le canal d’inondation de Tiel et le fort Pannerden, près de la frontière allemande. 

Construits entre 1814 et 1940, ils complètent le site déjà inscrit, qui est le seul exemple de fortification basée sur le principe de la maîtrise des eaux. Depuis le XVIe siècle, les Néerlandais ont fait appel à leur connaissance de l’ingénierie hydraulique et l’ont appliquée au service de la défense du pays. Le centre du pays était protégé par un réseau de 45 fortifications associé aux inondations temporaires des polders et à un réseau complexe de canaux et d’écluses.
 

Les nouveaux sites naturels
 
Île Amami-Oshima, île Tokunoshima, partie nord de l’île d’Okinawa et île d’Iriomote (Japon)

Couvrant 42.698 hectares de forêts pluviales subtropicales sur quatre îles d’un archipel situé au sud-ouest du Japon, ce site en série forme un arc à la limite entre la mer de Chine orientale et la mer des Philippines. Le mont Yuwandake, sur l’île Amami-Oshima, constitue son point culminant et s’élève à 694 mètres au-dessus du niveau de la mer. 

L’homme est totalement absent du site, lequel présente une grande valeur de biodiversité avec une proportion très élevée d’espèces endémiques, dont beaucoup sont menacées au niveau mondial. Parmi ces espèces endémiques, on trouve notamment des plantes, des mammifères, des oiseaux, des reptiles, des amphibiens, des poissons d’eaux douces et des crustacés décapodes et notamment, des espèces menacées comme le lapin des îles Amami (Pentalagus furnessi) et le rat à poils longs de Ryukyu (Diplothrix legata), qui représentent d’anciennes lignées et n’ont aucun parent vivant dans le monde. 

Cinq espèces de mammifères, trois espèces d’oiseaux et trois espèces d’amphibiens vivant au sein du bien ont été identifiées à l’échelon mondial comme des espèces EDGE (Evolutionarily Distinct and Globally Endangered), des espèces en danger qui n’ont pas ou n’ont que peu de parents proches. Plusieurs espèces endémiques sont aussi inféodées à certaines îles du bien proposé pour inscription. 

Getbol, étendues cotidales coréennes (République de Corée)

Situé sur le littoral oriental de la mer Jaune, sur les côtes sud-ouest et sud de la République de Corée, ce site comprend une série de quatre éléments : Seocheon Getbol, Gochang Getbol, Shinan Getbol et Boseong-Suncheon Getbol. Leur superficie totale est de 129.346 hectares, dont 74.497 hectares de zones tampons. Le site présente une combinaison complexe de conditions géologiques, océanographiques et climatologiques qui ont favorisé le développement de systèmes sédimentaires côtiers divers. 

Chaque élément illustre l’un des quatre sous-types d’étendues cotidales (estuarien, baie ouverte, archipel et semi-fermé). Le niveau de biodiversité de ce site est élevé, avec 2.150 espèces de flore et de faune enregistrées, dont 22 espèces menacées ou quasi menacées au niveau mondial. Le site abrite 47 espèces d’invertébrés marins endémiques, dont cinq sont en danger, ainsi qu’un total de 118 espèces d’oiseaux migrateurs pour lesquelles il constitue un habitat d’importance critique. 

La faune endémique comprend Octopus minor et des espèces détritivores comme les crabes estuariens japonais (Macrophthalmus japonica), les crabes violonistes (Uca lactea), les polychètes (vers annelés), le crabe Ocypode stimpsoni, le mollusque Umbonium thomasi et les polychètes ainsi que différentes espèces suspensivores, comme les palourdes. Ce site illustre le lien entre géodiversité et biodiversité, et décrit aussi la manière dont la diversité culturelle et l’activité humaine dépendent du milieu naturel. 

Géorgie, Forêts pluviales et zones humides de Colchide

Ce site comprend sept éléments dans un corridor de 80 km de long bordant le littoral oriental tempéré chaud et extrêmement humide de la mer Noire. Ces éléments constituent une série altitudinale quasi complète des écosystèmes les plus typiques de la Colchide, du niveau de la mer à plus de 2 500 mètres d’altitude. 

Les principaux écosystèmes sont des forêts pluviales anciennes et décidues de Colchide et des zones humides, des tourbières de percolation et autres types de milieux tourbeux de la région de Colchide. Les forêts pluviales de feuillus, très humides, abritent une flore et une faune extrêmement diverses et présentent de très fortes densités d’espèces endémiques et reliques, notamment un nombre important d’espèces menacées au plan mondial et d’espèces reliques ayant survécu aux cycles glaciaires du Tertiaire. Le bien abrite environ 1.100 espèces de plantes vasculaires et non vasculaires, dont 44 espèces de plantes non vasculaires menacées, ainsi que près de 500 espèces de vertébrés et un grand nombre d’espèces d’invertébrés. 

Le site constitue également l’habitat de 19 espèces animales menacées, notamment l’esturgeon, et en particulier l’esturgeon du Danube, en danger critique. Il s’agit d’un site d’étape clé pour de nombreux oiseaux menacés au plan mondial qui migrent à travers le goulot d’étranglement de Batumi. 

Complexe des forêts de Kaeng Krachan (Thaïlande)

Le site est situé le long de la partie thaïlandaise de la chaîne Tenasserim, un ensemble de montagnes de granite et de calcaire qui s'étend sur un axe nord-sud jusqu'à la péninsule malaise.

Lieu de croisement de la faune et de la flore, le bien abrite une riche biodiversité et est principalement composé de forêts semi-sempervirentes, sempervirentes et humides sempervirentes, ainsi que de forêts de feuillus mixtes, de montagne et de diptérocarpes feuillus.

Un certain nombre d'espèces de plantes endémiques et menacées à l'échelle mondiale ont été recensées sur le site qui recoupe deux zones importantes pour la conservation des oiseaux (ZICO) et qui est connu pour la richesse de la diversité de ses oiseaux, dont huit sont menacées à l'échelle mondiale. En outre, le bien abrite le crocodile du Siam (Crocodylus siamensis), en danger critique, le dhole (Cuon alpinus), menacé à l'échelle mondiale, le banteng (Bos javanicus), l'éléphant d'Asie (Elephas maximus), la tortue à tête jaune (Indotestudo elongata) et la tortue géante (Manouria emys), menacée d'extinction ainsi que d'autres espèces vulnérables d'oiseaux et de mammifères. 

Ce site remarquable abrite aussi huit espèces de félins : le tigre (Panthera tigris) et le chat viverrin (Prionailurus viverrinus), tous deux en danger, le léopard (Panthera pardus), quasi menacé, le chat de Temminck (Catopuma temminckii), la panthère nébuleuse (Neofelis nebulosi), espèce vulnérable, le chat marbré (Pardofelis marmorata), tout comme le chaus (Felis chaus) et le chat-léopard (Prionailurus bengalensis). 

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