Yassine Hamza: "La Tunisie est une porte d’entrée idéale en Afrique pour les nouvelles technologies et les grands projets"

 

 

Sa mission au sein de cette entreprise de services-conseils en agroenvironnement basée au Quebec consiste à développer le marché dans le continent africain et implanter les techniques de l'entreprise en question. Au cours de cet entretien, Yassine Hamza nous parle de son parcours, de l'entreprise Logiag et des raisons de son implantation en Tunisie. 

 

 

Yassine Hamza: LOGIAG est une entreprise qui offre des services-conseils en agroenvironnement aux producteurs agricoles et qui mène plusieurs activités en recherche et développement. LOGIAG est une entreprise située dans la rive sud de Montréal et a été créée en 1999 par Jacques Nault et Charles Nault. 

 

Grâce à son équipe d’une trentaine de professionnels, dont plusieurs agronomes, biologistes, ingénieurs et programmeurs informatiques, LOGIAG a su développer plusieurs logiciels pour maximiser l’efficacité de sa production et la qualité de ses interventions auprès de la clientèle agricole. LOGIAG a réussi à développer aussi un laboratoire d’analyse de sol qui se base sur la technique du LIBS (Laser-induced breakdown spectroscopy). 

 

Le 13 mars dernier, Logiag a d’ailleurs été désignée finaliste pour l’obtention du prix Mercure, dans la catégorie «Innovation Investissement Québec». Celle-ci vise à récompenser une stratégie d’innovation implantée au sein d’une entreprise, pour améliorer et optimiser la qualité de ses procédés ou produits. 

 

Notre entreprise est par ailleurs, en constante relation avec le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) et avec le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). (www.Logiag.com).

 

 

 

Yassine Hamza, Tunisien et Canadien,  Originaire de la ville de la Chebba, gouvernorat de Mahdia. J'ai complété mon parcours secondaire en obtenant le diplôme du baccalauréat en sciences expérimentales pour ensuite être admis à l’INAT (Institut national agronomique de Tunis) au cycle préparatoire Biologie Géologie pour l’entrée aux cycles ingénieurs. Par la suite j'ai été admis à l’institut supérieur agronomique de Chott Meriam.  

 

Titulaire d’un diplôme national d’ingénieur agricole en Tunisie depuis 2001, je suis membre de l’ordre des ingénieurs tunisiens et j'ai travaillé en Tunisie comme directeur technique dans plusieurs grandes fermes agricoles pour ensuite occuper un poste de gestionnaire dans une chaîne de distribution alimentaire française dans le département des produits alimentaires incluant les produits agricoles. 

 

 

Au Québec, j'ai occupé des postes d'agronome, de conseiller de ferme et coordonnateur de bassin versant. Je suis également membre de l'ordre des agronomes du Québec depuis 2012 et je suis en cours d'admission à l'ordre des ingénieurs du Québec. J'ai ensuite obtenu une maitrise en Génie de l’environnement à l’ÉTS (l’école de technologie supérieure à Montréal) pour obtenir le grade de Maitre ingénieur (M. ING). Je me suis joint à l'équipe de Logiag en janvier 2014 en tant que conseiller en projets environnementaux. Je m'occupais essentiellement des demandes de certificats d’autorisation, des avis de projets ainsi que de répondre aux demandes d’information du ministère de l’environnement et des différentes demandes des partenaires de Logiag. 

 

Depuis Mars 2015, j'occupe le poste de directeur de développement Afrique. Ma mission consiste à développer le marché dans le continent africain et implanter les techniques de Logiag. Je suis en train de préparer mon diplôme en EMBA (MBA pour cadres, Exécutive MBA) à l’ESG UQAM (L’école des sciences de la gestion à L’université du Québec à Montréal).

 

 

Le choix de la Tunisie était un choix bien étudié en la comparant avec plusieurs autres pays africains. En effet, la Tunisie est un pays qui est ouvert grâce aux institutions qui sont en place qui attirent les inverseurs étrangers. La Tunisie se distingue aussi des autres pays par son emplacement stratégique. 

 

Le but est de rendre la Tunisie une plateforme technologique pour toute la région. Et c’est de la Tunisie que la technologie se rendra dans les pays africains. Aussi il ne faut pas oublier que la Tunisie a été toujours la porte d’entrée idéale pour lancer les nouvelles technologies et les projets de grandes envergures en Afrique. 

 

Mis à part que la Tunisie est doté d’une tradition depuis des dizaines d’années pour gérer des projets à vocation internationale dans plusieurs domaines, la Tunisie est aussi un pays francophone, ce qui aide aussi à l’implantation de la technologie Canadienne qui vient directement du Québec, la province francophone du Canada. 

 

La Tunisie possède aussi des infrastructures et des ressources humaines existantes qui aident à l’implantation des entreprises étrangères comme la main-d’œuvre locale qualifiée. La stabilité politique qui est en train de se réaliser et le processus démocratique qui a réussi en Tunisie et en le comparant aux autres pays du printemps arabe fait en sorte que le pays du Jasmin est la destination idéale pour l’implantation en Afrique. 

 

Finalement, l’agriculture est un pilier important pour l’économie Tunisienne, en effet, la Tunisie qui est au premier rang d’exportateur mondial de dattes, et au deuxième rang en tant qu’exportateur mondial d’huile d’olive après l’union européenne est la destination de choix pour ouvrir la filiale de Logiag sur le continent africain. 

 

 

La Tunisie, après les évènements de 2011 et malgré que la progression économique a connu des hauts et des bas, elle est  en pleine reconstruction. Cette reconstruction est à tous les niveaux et touche tous les domaines et là on peut citer à titre d’exemples l’éducation, le domaine juridique, le domaine sociale, et économique... 

 

Malgré aussi les évènements douloureux du musée de Bardo suivis de la tragédie de la ville de Sousse le mois de Juin dernier, je pense qu’au contraire il faut investir en Tunisie et j’appelle toutes les entreprises étrangères et tous les Tunisiens qui sont à l’étranger de venir investir en Tunisie. 

 

Je comprends la réticence de quelques investisseurs étrangers surtout après les évènements de Sousse, mais cette exception ne fait pas la règle. Ajouter à cela que je ne suis pas d’accord du fait qu’il y a une réticence des investisseurs étrangers vis-à-vis de la Tunisie, car je prends un exemple très récent, à savoir l’ouverture d’un centre financier aux entrepreneurs de développement international Desjardins (DID) en Tunisie le mois de Juin dernier. 

 

Le Mouvement des Caisses Desjardins est un mouvement de coopératives d'épargne et de crédit fondé en 1900 au Québec et a beaucoup aidé au développement et à l’épanouissement de l’économie des québécois et du Québec de manière générale et est au premier rang nord-américain et au 2e rang mondial dans le classement de solidité bancaire par l’agence d’informations financières Bloomberg. Cette ouverture en Tunisie a surement permis d’envoyer un message très positif aux entrepreneurs québécois et étrangers en général pour venir investir en Tunisie. 

  

Je peux dire que le système sécuritaire tunisien a réussi à minimiser grandement le fléau du terrorisme, et on a assisté à plusieurs réalisations non négligeables du gouvernement Tunisien. Et si on se met d’accord sur le fait que le risque zéro n’existe pas, il vous suffit de regarder ce qui se passe dans le monde, je peux citer comme exemples les évènements de Paris, les évènements du parlement à la capitale du Canada Ottawa, ce qui se passe au Moyen-Orient… il ne faut pas regarder la partie vide du verre et aller de l’avant pour avoir un meilleur avenir. 

 

Je pense que c’est le moment idéal pour investir en Tunisie car on veut apporter la nouvelle technologie qui aidera à maximiser le rendement des producteurs agricoles tunisiens et à bien gérer l’achat des intrants pour optimiser les charges des fermes agricoles. 

 

Le projet de transfert technologique en Afrique et plus particulièrement en Tunisie va aider l’économie Tunisienne et aidera aussi à hausser le niveau scientifique des futurs ingénieurs Tunisiens qui sont les futurs gérants des fermes agricoles pour les prochaines années. Le gouvernement tunisien est en train de fournir un effort considérable pour faciliter l’implantation des investisseurs étrangers en Tunisie, et surtout pour attirer les tunisiens formés à l’étranger afin d’apporter leurs connaissances et leur savoir-faire. 

 

Notre projet consiste finalement à implanter un laboratoire d’analyse de sol à la fine pointe de la technologie.  Le développement de la spectroscopie laser-plasma (SPL), de la robotique et des technologies de communication permet aujourd’hui à LOGIAG d’analyser les échantillons de sols à un moindre coût, avec rapidité et précision.  Cette technique de détection au laser permet également d’éliminer les réactifs utilisés en laboratoire, un avantage environnemental non négligeable.

 

Pour consolider le contact avec les agriculteurs tunisiens et pour que ce transfert technologique soit un succès, nous pensons qu’il est essentiel que LOGIAG se rapproche des problématiques de l’agriculture tunisienne. L’ouverture d'une entreprise filiale de LOGIAG Canada en Tunisie est donc incontournable et, nous l’espérons, fera de la Tunisie la prochaine plateforme technologique de l’Afrique.