Affaire BFT : Kourchid accuse Ben Hmidane de « trahison »
L’affaire la BFT (Banque franco-tunisienne) continue de défrayer la chronique, notamment après le verdict prononcé le 19 juillet 2017, par le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements(Cirdi) qui a donné raison à l’ABCI. Ce qui obligerait l’Etat tunisien de s’acquitter des dommages et intérêts à l’ABCI et de prendre en charge tous les frais de poursuite et de procédures. Le montant du dédommagement est estimé entre 400 MD et un milliard de dinars. Questionné que cette affaire lors de son audition le 20 juillet devant l’Assemblée des représentants du peuple, le chef du gouvernement Youssef Chahed a déclaré que l’Etat tunisien a chargé un grand cabinet d’avocats pour défendre les intérêts de la Tunisie devant le CIRDI.
Dans une interview publiée ce dimanche dans le quotidien La Presse, le secrétaire d’Etat aux domaines de l’Etat et aux affaires foncières, Mabrouk Kourchid est revenu sur cette affaire. Il a, carrément, accusé l’un de ses prédécesseurs, Slim Ben Hmidane, minsitre dans les gouvernements de la Troïka, de trahison. « Sans la trahison, la Tunisie n’aurait jamais perdu ce procès de la BFT », a-t-il expliqué. « L’Etat tunisien a été trahi. Lorsqu’on donne un précieux document à l’adversaire, que ce dernier utilise pour vous achever, cela s’appelle de la trahison, à l’image d’un soldat qui quitte son campement pour rejoindre le campement de l’armée adverse. On peut tout pardonner à un avocat, sauf la trahison ».
Il a précisé que « l’Etat tunisien a délivré en 2012 une amnistie à notre adversaire, lui certifiant qu’il est victime, que tout ce qu’il a subi du temps de Ben Ali entrait dans le cadre du harcèlement politique et que tous ses engagements envers la Tunisie étaient sous la contrainte. Bien sûr, notre adversaire a apporté ce document au comité d’arbitrage qui lui donne le statut de victime. Le verdict qui a été prononcé s’appuie notamment sur ce document, et d’ailleurs le verdict concerne la période postérieure à 1989, et pas à partir de 1981. Pour résumer, l’Etat tunisien a délivré à son adversaire, en 2012, les clés de l’affaire, ce qui a eu pour conséquence le verdict de 2017. C’est malheureux, mais la responsabilité incombe donc au ministre des Domaines de l’Etat et des Affaires foncières de l’époque ».
Il est à rappeler que Slim Ben Hmidane, dirigeant de l’ancien Congrès pour la république (CPR) de Mocnef Marzouki et puis du Harak Tounes Al-Irada, a été nommé à la tête de ce ministère stratégique entre 2012 et 2014. « Une procédure pénale sera engagée à son encontre et à l’encontre de tous ceux « qui ont nui aux intérêts de l’Etat tunisien ».
« Jamais, depuis l’affaire Enfidha, au 19e siècle, l’Etat tunisien n’a fait face à un dossier aussi grave qui risque d’alourdir les finances de l’Etat », a souligné Kourchid qui a assuré qu’une fois « la responsabilité de chacun » déterminée, « nous pourrons débattre du principe d’indemnisation, de la limite de l’indemnisation et des capacités d’indemnisation ». Toutefois, a-t-il ajouté, « les indemnisations ne seront pas payées immédiatement, car le verdict qui fixe les montants n’a pas encore été prononcé. Il ne sera prononcé que d’ici 4 ou 5 ans ».
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