Blocage de la production énergétique: Y a-t-il un capitaine dans le bateau Tunisie ?
Le Président du Conseil d’administration de Carthage Cement Radhi Meddeb a déclaré dans la matinée de ce mardi 9 février sur les ondes d’Express Fm que les mouvements de protestations de certains habitants des régions de Djebel Ressas et de Mornag jouxtant la route qui mène à l’usine coûtent à l’économie tunisienne la perte d’un million par jour.
Meddeb a rappelé que ces protestataires qui prennent Carthage Cement en Otage n’ont rien à voir avec la société et qu’ils réclament qu’elle les recrute alors qu’elle est en sureffectifs.
Meddeb a ajouté que des usines de sa taille travaillent avec 300 personnes alors que Carthage Cement fait travailler environ 1200 personnes.
Ce cri d’alarme de Radhi Meddeb est presque le même que celui de Imed Dérouiche directeur général de Petrofac dont l’usine a été envahie par la force, par des prestataires qui bloquent son activité et qui lui font subir d’énormes pertes, alors qu’ils n’ont rien à voir avec son activité.
Des protestataires qui font perdre à l’Etat tunisien, qui possède 55% du capital de ladite société, des pertes doubles. Quelque 200 mille dollars par jour en plus du fait qu’il se trouve obligé d’importer les quantités de gaz non produites par Petrofac de l’Algérie pour ravitailler la STEG.
Malheureusement, ces grandes pertes des sociétés stratégiques ne sont pas les seules et il n’y a qu’à se rappeler que la compagnie de phosphate de Gafsa (CPG) a perdu depuis la révolution environ 4 milliards de dinars, à cause des sit-in sauvages, des mouvements de protestation et des grèves. Une somme énorme qui avoisine le montant du prêt qu’on a dû obtenir du Fonds monétaire internationale.
Ces pertes énormes de la compagnie chiffrées à 10 millions de dinars par jour qui ont fait baisser la moyenne de production nationale de phosphate de 8 millions de tonnes par an en 2010 à quelque 3 millions par an depuis, continue dans l’impunité totale.
Et cérise sur le gâteau, tout récemment le responsable de Petrofac a déclaré que quelque 80 entreprises étrangères ont quitté le pays.
Face à cette tournure dramatique de la situation qui menace même l’avenir du pays, l'on est en droit de se demander si l’Etat garde encore un minimum d'autorité. Les tout derniers mouvements de protestation qui ont sécoué le pays en sont une manifestation criante. Il a fallu même de peu pour qu'on entre dans une seconde révolution, celle des chômeurs. Laquelle fut heureusement étouffée dans l'oeuf.
Au lieu de prendre les taureaux par les cornes, en tapant du poing sur la table, tout en mettant en place de sérieuses politiques d'emploi, l'Etat continue de somnoler, se contentant de colmater quelques brèches et de brandir des promesses qui frisent carrément l'utopie.
Ce manque d'initiative gouvernementale a de quoi laisser pantois et irriter plus d'un. Et dire que le capitaine du bateau Tunisie avait promis monts et merv eilles lors de la campagne présidentielle. L'on avait au moins espéré qu'il rétablît l'autorité et le prestige de l'Etat. Rien de tout cela. Pour preuve, les Tunisiens, qui ont perdu la notion de peur du gendarme, paralysent toute une économie, pour une broutille. Le tout au nez et à la barbe d'une autorité qui n'a plus d'autorité que le nom.
B.M.K.
Votre commentaire