Chawki Tabib est-il le « Monsieur propre qu’il prétend être » ?
Pour le journal « le Monde » il est «le M. Propre tunisien » qui part en guerre contre la corruption et la malversation et « l’état mafieux ». Au risque de sa vie puisqu’il « s’offre en sacrifice ». Mieux « il est comme au front, exposé à l’ennemi embusqué ». Lui, c’est Chawki Tabib, le président de l’Instance nationale de lutte contre la corruption que le journal français décrit, dans un article en date du 7 octobre courant, comme « soldat modèle » qui « ferraille à l’avant-garde ». Mails il ne craint rien ni personne. Même pas les inspecteurs des impôts envoyés « pour un contrôle fiscal. Ni ces inconnus qui ont « vandalisé sa voiture » et tirée « la porte de sa maison de ses gonds ».
Chawki Tabib est alarmiste et joue les Cassandre : « Si cela continue, la Tunisie va devenir un Etat mafieux ». Un Etat mafieux, la Tunisie ! Le diagnostic est accablant. Il fait tache sur l’image d’Epinal, ce« modèle » tunisien acclamé à l’étranger, mais Chawki Tabib enfonce le fer, triture la plaie, s’alarme du risque d’une évolution à la « colombienne ». Il est dans son rôle. « Le loup est dans la bergerie. Les groups mafieux ont pénétré l’Etat, ils sont dans les ministères et ils profitent de la manne des achats et contrats publics ».
Il a déclaré avoir des noms des gros poissons et les Tunisiens attendent de les voir dévoilés. Il a assuré avoir « transmis cent vingt dossiers à la justice. On y trouve des ripoux de haut vol ».
Mais est-il le « monsieur propre qu’il prétend être » et « ira-t-il vraiment jusqu’au bout ? Mouheb Garoui, directeur exécutif d’I Watch, association tunisienne rattachée à Transparency International, « n’est pas forcément convaincu que Chawki Tabib est le héros qu’il prétend être ». Et pour cause. «Nous lui avons transmis il y a un mois une série de dossiers de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale. On verra bien s’il en saisira la justice ».
L’ancien bâtonnier sait que la guerre contre ce fléau est une guerre sans merci. La mobilisation générale a été décrétée au plus haut niveau de l’Etat. Le premier ministre Youssef Chahed a lui même « déclaré la guerre à la corruption ». Mais cette guerre sera, comme la décrit le Monde, « sans concessions, âpre et brutale ».
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