Election Kaïs Saïed, son amie, sa collègue Rachida Ennaifer témoigne : il a beaucoup de charisme
Rachida Ennaifer, ancienne journaliste au quotidien de La Presse qui fut dans une précédente vie président de l’Association tunisienne des journalistes et a été membre démissionnaire de la HAICA est aussi juriste et professeur de droit public.
Amie et collègue du nouveau président de la République, Kaïs Saïed, elle livre un témoignage éloquent sur l’homme et ses idées. Dès le départ, elle dit qu’elle n’est pas sa conseillère. « Kaïs Saïed qui a choisi de présenter sa candidature en tant qu’indépendant, et qui a choisi de faire une campagne solitaire »
Selon elle, il a pris sa décision de se présenter à l’élection présidentielle il y a un an, même il était continuellement en contact avec des jeunes., des jeunes qui se considèrent comme le prolongement de la révolution face à une classe dirigeante, qui, elle, se renfermait de plus en plus sur elle-même et n’écoutait plus personne.
Qu’il ait été plébiscité, ne l’étonne pas. « J’ai suivi son itinéraire. Je voyais en lui des qualités qui le prédisposaient à briguer ce poste. Mais jamais on n’en a discuté. Le jour où il a pris sa décision, on en a parlé. Une décision qu’il a prise tout seul. Kaïs Saïed est né politiquement au moment de la révolution. On peut dire que malgré son âge, il fait partie de cette nouvelle classe politique. C’est paradoxal. Il a soixante et un ans. Avant la révolution, il n’était pas du tout politisé. Par la suite, il s’est imprégné des aspirations de tous ces jeunes qui ont fait la révolution. La preuve, ce vote de 2019 est un vote de rupture. Une rupture qui n’a pas été consommée en 2011. Par ailleurs, c’est quelqu’un qui est doté de compétences cachées. Dissimulées par une trop grande humilité. Les gens ont été sensibles à cela, face à l’attitude opposée, le déploiement des ego surdimensionnés. Et contrairement à ce que l’on pense, c’est quelqu’un de très charismatique. Il a beaucoup de charisme. Déjà, à la Faculté, il a marqué ses étudiants. Sa voix fait partie de son charisme. Son charisme est bien entendu différent de celui de Bourguiba ».
Néanmoins elle estime que « ce n’est pas un homme providentiel. Il ne s’en réclame pas. Nous n’avons pas besoin d’homme providentiel, ni d’Etat providence, d’ailleurs. (…)Je le vois un peu comme un accompagnateur qui a un projet mais qui n’a pas de programme. Le projet d’accompagner ces jeunes et moins jeunes pour assurer la succession dans un cadre de légalité et à travers les urnes. C’est cela qu’il appelle la restructuration, telle que je l’interprète. C’est essayer de permettre à ces jeunes de faire l’apprentissage de la politique et de la démocratie. Naîtra forcément une nouvelle classe politique qui assurera la relève. Si la classe politique actuelle qui siège au parlement ou au gouvernement saisit ce message, son rôle sera historique. C’est l’avenir de la Tunisie qui est en train de se jouer. »
D’après elle, avec Kaïs Saïed à Carthage, « nos relations avec la France seront préservées, c’est un allié historique. Il l’a dit et répété. Nous devons entretenir nos relations sur la base du respect et des intérêts réciproques. La Tunisie est méditerranéenne. C’est vrai, il a privilégié l’environnement maghrébin. Il a annoncé que sa première visite se fera en Algérie. Et si les conditions le permettent, il visitera la Libye. » Connaissant le couple Saïed elle affirme qu’il n’y aura pas de première dame. Toutes les femmes tunisiennes seront des premières dames. Il dit ce qu’il croit. Elle aussi ne cherche pas à être sous les lumières. Je la connais personnellement. Maintenant, en fin de compte, on est toujours influencé par notre entourage. De toute façon, si influence il y a, elle sera dans le bon sens.».
De son frère, Naoufel Saïed elle dit qu’il était un volontaire parmi tant d’autres. « Mais moi je dis que quand même il faut dépasser cette phobie. Je préfère composer avec une personne qui a une famille cultivée, clean, que de composer avec quelqu’un dont la famille constitue un mystère. Je crois que le peuple tunisien a été intelligent, il a su faire le vote qu’il faut et massivement pour faire du président de la République la première force du pays qui sera en mesure, je l’espère, de débloquer la situation. J’ai discuté avec beaucoup de gens, Kaïs Saïed bénéficie d’une large légitimité mais ses votants n’ont pas l’intention de lui donner un chèque en blanc. Et lui le sait, il sait que le peuple tunisien sera vigilant, parce qu’il ne veut pas se faire avoir encore une fois.
Lire : https://lapresse.tn/29699/le-professeur-rachida-ennaifer-devoile-la-face...
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