Énergie renouvelable : les systèmes à petite échelle, vecteur de développement des zones rurales dans le monde arabe

Énergie renouvelable : les systèmes à petite échelle, vecteur de développement des zones rurales dans le monde arabe

 

Des bénéficiaires de projets d’énergie renouvelable à petite échelle, implémentés dans des zones rurales en Tunisie, en Jordanie et au Liban, présentés, mercredi, à Tunis, ont fait ressortir un bilan encourageant et un impact environnemental et socio-économique très important sur les communautés rurales, notamment les agriculteurs et les femmes.

Leurs témoignages ont été présentés à l’occasion du Forum régional multipartite sur la promotion des investissements dans les énergies renouvelables à petite échelle dans les zones rurales, dont les travaux ont été ouverts, mercredi matin à Tunis et se poursuivront jusqu’à jeudi 17 octobre 2024, à l’initiative de l’Agence nationale de maîtrise de l’énergie (ANME) en partenariat avec la Commission économique et sociale des Nations Unies pour l’Asie de l’Ouest (ESCWA).

Les projets, dont 7 implémentés en Tunisie, ont été réalisés dans le cadre de l’initiative REGEND « Initiative régionale pour promouvoir les petits systèmes d’énergie renouvelable (ER), dans les zones rurales dans le monde arabe”, exécuté en Tunisie par l’ANME sous le pilotage technique de l’ESCWA et financé par l’Agence suédoise de coopération internationale au développement.

Fathia Bougtif, qui dirige une ferme à Chorbane, bénéficiaire de l’initiative à Mahdia et Helmi Ben Ammar, directeur de la Société mutuelle de services agricoles (SMSA) El Faouz à Chorbane, ont souligné l’apport de l’installation de systèmes d’énergie renouvelable et de son rôle dans l’amélioration des rendements agricoles et surtout dans la réduction de la facture électrique qui accablait leurs activités et empêchait leur extension.

« On était sur le point d’abandonner l’agriculture, mais maintenant, on est en train d’étendre nos cultures (maraîchères, céréales) et de louer des terres à proximité pour les exploiter », a témoigné Fathia. Helmi Ben Ammar a, pour sa part, indiqué que sa société, active dans la collecte du lait, la vente de fourrages, l’élevage et l’agriculture, compte actuellement 40 cadres, 1144 adhérents et 500 éleveurs de vaches (bénéficiaires directs du projet REGEND).

Les besoins de notre société en électricité, estimés à 316 000 kw, ont été réduits à 200 000kw après l’installation des systèmes d’énergie renouvelable et la facture a été réduite de moitié, a-t-il précisé. Mohamed Khalil, universitaire et Maire de la municipalité de Akkar Atika au Liban, a aussi fait état d’un bilan prometteur de l’initiative « REGEND », et de son impact positif sur les coopératives d’apiculteurs et de production agricole dirigées par plus de 100 femmes.

Il s’agit également de l’installation de 400 petits systèmes d’ER au profit de personnes âgées dans ce village libanais, a-t-il fait savoir. Pour Jamila Jazi, présidente d’une association de charité « Al Jawhara » en Jordanie, ce genre de projets aide beaucoup de gens et les pays arabes gagneraient à les généraliser dans l’actuelle conjoncture marquée par les changements climatiques.

« Ça aide aussi l’environnement, les femmes et les petits agriculteurs à améliorer leurs conditions de vie et leurs entourages », a-t-elle dit. Les bénéficiaires ont été unanimes pour souligner, sur un autre plan, la nécessité de faciliter les conditions d’accès aux financements en faveur des citoyens et des agriculteurs qui veulent implémenter des systèmes d’énergie renouvelable et de sensibiliser davantage les communautés sur leurs impacts environnemental et socio-économiques.

Dans une déclaration aux médias, Fethi Hanchi, directeur général de l’ANME, a indiqué que ce forum régional intervient après la mise en œuvre de l’initiative REGEND, à travers laquelle nous avons pu montrer comment les énergies renouvelables, surtout les systèmes à petite échelle, peuvent aider les agriculteurs à augmenter leur production et à rénover leurs méthodes de travail et on va maintenant discuter comment trouver les financements nécessaires avec les divers intervenants et bailleurs de fonds et organisations internationale pour généraliser la mise en œuvre de cette initiative.

« Le projet a aussi montré que la création de richesses dans les zones rurales est possible par le biais des énergies renouvelables», a-t-il encore déclaré, rappelant qu’en Tunisie l’implémentation des énergies renouvelables dans les zones rurales n’est pas une démarche récente mais remonte aux années 90, période pendant laquelle plus de 12000 systèmes ont été installés et après les années 2000, ça a été généralisé.

La nouveauté de l’initiative REGEND est le fait de montrer qu’avec un financement relativement modeste et avec l’encadrement direct des petits-agriculteurs, notamment les femmes, nous pouvons créer des emplois, éradiquer le chômage et fournir des ressources financières supplémentaires au profit des agriculteurs.

Les intervenants au panel de la matinée du Forum ont souligné la nécessité de coordonner davantage entre les pays arabes et d’adopter une approche fédératrice des efforts pour mobiliser les financements nécessaires auprès des bailleurs de fonds internationaux. Ils ont aussi mis l’accent sur la nécessité d’accorder davantage d’intérêt aux communautés rurales, qui sont généralement les communautés les plus pauvres et les moins raccordées aux réseaux électriques et aussi à l’énergie renouvelables dans le cadre des politiques gouvernementales.

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