Gouvernement d’union nationale : Les candidats qui piaffent au portillon doivent savoir attendre
Quatre jours depuis l’annonce de l’initiative du président de la République Béji Caid Essebsi sur la formation d’un gouvernement d’union nationale, rien de concret n’a été fait. On en est au même point. On attendait de la rencontre entre le président de la république et le chef du gouvernement, lundi matin que le premier acte soit écrit. Tout ce qu’on a su c’est que la question a été au centre de l’entretien. Il ne manquait qu’elle ne fût pas évoquée.
Je t’aime moi non plus
A l’évidence Habib Essid ne veut pas prendre le premier pas. Le président Essebsi non plus. Le premier ne veut pas s’avouer vaincu. Le second sait qu’il ne peut pas imposer à son interlocuteur de démissionner. La constitution dont il est le garant ne lui accorde pas ce droit. C’est pour l’un comme pour l’autre question de caractère et d’éducation. Habib Essid hésitant comme à son habitude, s’accrochant maladroitement à son poste ou attendant qu’on lui donne l’ordre de partir croit qu’il n’a pas démérité. Essebsi avec son urbanité légendaire et sa culture de vieux routier de la politique ne veut pas précipiter les choses. Le signal a bien été envoyé par la presse, lorsque le site d’un quotidien de la place a fait paraitre en urgence dimanche soir un entrefilet sur une probable démission du chef du gouvernement au cours de sa rencontre avec le chef de l’Etat mais Habib Essid a fait la sourde oreille ou a attendu un ordre qui n’est pas venu ou qui n’a pas été formulé correctement.
Dans ces conditions, on a convenu en urgence d’une rencontre entre le président Essebsi et les représentants du quartet au gouvernement auquel viendront se joindre les délégués de l’UGTT et de l’UTICA. Ce sera pour mercredi prochain.
En attendant, on va s’occuper comme on peut. Nidaa Tounés convoque son instance politique pour lundi soir à charge pour lui de trouver la formule idoine pour un changement en douceur du gouvernement. Hafedh Caïd Essebsi, fils de son père et directeur exécutif du parti présidentiel assure qu’aucun nom n’a été avancé pour le poste du chef du gouvernement. A part la confirmation du départ souhaité de Habib Essid, rien de nouveau en fait. Donc les Néji Jalloul, Saïd Aïdi, Slim Chaker et les autres qui piaffent au portillon doivent attendre.
Rached Ghannouchi en fait trop avec « Monsieur le président »
Ennahdha après avoir fait la sourde oreille revient dans le jeu. Rached Ghannouchi en fait un peu trop avec un « Monsieur le président » à l’adresse du président de la république qui lui, « doit montrer le chemin et proposer le nom du chef du gouvernement », estime-t-il. Celui-ci doit être proposé par Nidaa Tounés, finit-il par lâcher. Ennahdha avisera ensuite. Pour lui un gouvernement à deux est plus facile à mettre en place et à gérer. Qu’en est-il de « l’union nationale » souhaitée ? Peut-être, dans son esprit le « tawafek » la fameuse entente nationale entre les deux grands partis en fait-il office. Les autres partis l’UPL et Afek comptent-ils pour du beurre. En tout cas le parti de Yassine Brahim veut bien d’une cohabitation avec le parti islamiste mais surtout pas d’être l’appendice d’une alliance, pour lui contre-nature entre les deux principaux partis de la coalition. Auquel cas, il menace de quitter cette même coalition. L’UPL de Slim Riahi qui met en sourdine ses relations avec Nida Tounés s’abstient de tout commentaire. Prendre langue avec le premier parti de la coalition lui en coûte. Mais ce n’est pas lui qui fera le premier pas. On peut attendre mercredi. Qui vivra verra.
Quid de l’UGTT, la centrale syndicale sans laquelle le gouvernement d’union nationale n’a pas de sens, a averti le chef de l’Etat. Sa religion est faite. Elle appuie l’idée de gouvernement d’union nationale, mais elle n’en fera partie. Elle peut proposer des noms, donner son avis sur des noms proposés. Mais envoyer des syndicalistes au charbon, très peu pour elle. On a beau lui expliquer que cela fut le cas en 1956 dans le premier gouvernement de l’indépendance, elle ne veut rien entendre. elle sent le piège. On veut l’impliquer pour mieux la maitriser. Alors c’est niet. L’UTICA réserve sa réponse. Qu’on pense à elle, c’est déjà une reconnaissance de son rôle national, dit Wided Bouchemmaoui. Mais on voit mal la centrale patronale prendre place au sein du gouvernement alors que l’autre organisation n’en fera pas partie.
Alors, on est en pleine expectative. Cet attentisme est mauvais, car partout c’est l’immobilisme. Les partants arrêtent de travailler. Les arrivants ne sont pas encore arrivés. Mais sait-on qui sont les premiers et qui sont les seconds. Donc tout s’arrête. Dans un pays en crise sévère, ce climat délétère est générateur d’inertie, alors qu’on attend et on cherche le mouvement.
Alors de grâce, Messieurs les politiques faites vite. Le pays, lui, n’attend pas.
Raouf Ben Rejeb
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