Ils viennent, ils tuent et regagnent tranquillement leurs tanières
A quelques jours d’intervalle, deux attaques terroristes ont coûté la vie à un policier, mercredi 19 août, et un douanier, dimanche 23 août. Cette dernière est intervenue moins de deux semaines après la visite, le 11 août, du chef du gouvernement Habib Essid dans la région. Et à chaque fois, les assaillants viennent, tuent et regagnent leurs tanières sans être inquiétés.
On ne compte plus le nombre de victimes dans les rangs de l’armée nationale, des forces de sécurité intérieure et de la douane. Les attaques meurtrières se succèdent et se ressemblent. La suite, on la connait. Des familles endeuillées suite à la disparition brutale de leurs jeunes enfants. Des déclarations de bonnes intentions, le limogeage de quelques responsables, subalternes pour la plupart, à qui on fait assumer la responsabilité. On relève les défaillances et les dysfonctionnements et on promet d’y remédier. Entre-temps, la vie continue comme si de rien n’était et le Tunisien semble s’accommoder avec cette nouvelle situation, faite de méfiance, de peur, de terreur et d’inquiétude quant à un avenir incertain.
Kasserine où le mont Chaambi est devenu le principal maquis jihadiste que l'armée tente d'en déloger depuis fin 2012 des groupes armés. Le Kef et Jendouba, deux régions frontalières avec leurs montagnes et forêts, où les habitants sont régulièrement harcelés par les « visiteurs de la nuit » afin de se ravitailler. Passe pour Sidi Bouzid, Gafsa et les autres zones frontalières…devenus de vraies passoires pour tous genres de trafics
La Tunisie est en guerre contre le terrorisme. Elle fait face, depuis quatre années, à une progression de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de plusieurs dizaines de soldats et de policiers et d’une soixantaine de touristes étrangers. Certes, les forces armées et de sécurité ont frappé fort tuant, en juillet dernier, trois dirigeants du principal groupe extrémiste armé tunisien lié à Al-Qaïda, la Phalange Okba Ibn Nafaa. Les forces spéciales ont, auparavant au mois de mars dernier, éliminé le chef de la Phalange, Lokmane Abou Sakhr, avec neuf de ses adjuvants. Ce groupe est l'auteur de plusieurs attaques meurtrières contre les forces armées et il est aussi responsable de l'attentat contre le musée du Bardo le 18 mars qui a fait 22 victimes, 21 touristes et un policier. Le ministre de l’Intérieur Najem Gharsalli avait parlé d’une réduction de 90% de la capacité de nuisance de ce groupe armé. Mais le danger persiste.
Ce qui est inquiétant dans toutes ces attaques c’est cette incapacité de riposter immédiatement dans ce genre de situation. A quelques exceptions près, les agents, cibles privilégiées des terroristes, subissent les assauts et tombent en victimes. Victimes désignées et expiatoires. En plus de cela, les enquêtes diligentées sont entourées du plus grand secret. Les échanges entre les représentants de la police et des magistrats ajoutent à la confusion. Tout cela, en l’absence d’informations fiables sur l’issue des affaires terroristes et sur la présence de l’organisation Daesh sur le territoire national. Et ce, en dépit de l’assurance du ministre de l’Intérieur Najem Gharsalli qui a déclaré en juillet dernier "qu’il n'y a pas encore de présence en Tunisie d'une organisation structurée appelée Daesh. Cela n'empêche pas l'existence de certains éléments ayant prêté allégeance à Daesh".
B.O.