Interview Marzouki diffusée sur Attassia : une tempête dans un verre d’eau

Interview Marzouki diffusée sur Attassia : une tempête dans un verre d’eau

 

L’interview de l’ancien président Moncef Marzouki a été diffusée contre toute attente ce vendredi en début de soirée sur Attassia. Alors qu’on disait qu’elle a été censurée parce qu’elle contenait des déclarations fracassantes, on s’est retrouvé devant une prestation tout à fait ordinaire où l’ancien locataire de Carthage était égal à lui-même. Offensif et très critique envers les actuels président de la république et du gouvernement, il l’a été mais il n’est jamais sorti du répertoire qu’on lui connait. Sauf peut-être à dire que le pays est toujours dans une situation transitoire faute d’un gouvernement stable.

Le reste est de la même veine de ce qu’il a l’habitude de dire. Il se prend toujours pour le représentant de la révolution alors que l’actuel pouvoir prône la contre-révolution. Il est le défenseur du peuple, la conscience des masses et des plus démunis et des régions favorisées quand ses adversaires sont les représentants de la caste des privilégiés, . Je suis du côté de Khalti Mbarka (une femme ordinaire) que de Zohra Driss(la femme d’affaires de Sousse) finit-il par dire lorsqu’on lui fait remarquer qu’il continue à diviser les Tunisiens entre des bons et des mauvais. Mais pour ne pas être taxé de diviseur, il se contredit en disant qu’il est du côté des bons Tunisiens qui forment 99,9% de la population.

Ayant été briefé par les experts économiques et financiers de Harak Tounés el-Irada, le parti qu’il préside, il a donné un ensemble de mesures pour régler les difficultés économiques du pays mais il n’est pas sorti des généralités, la lutte contre l’évasion fiscale, la lutte contre la corruption, la lutte contre le commerce parallèle. Sur le plan politique, une mise en garde et une proposition. D’abord ne pas toucher à la Constitution surtout en ce qui a trait au régime politique. La Constitution ne doit pas être modifiée au gré des majorités politiques. La proposition c’est d’organiser aussitôt les élections municipales. Son mouvement est prêt à soutenir des listes indépendantes dans les communes, a-t-il soutenu quand on lui a demandé si Harak Tounés el-Irada sera présent à ce scrutin.

Allergique à tout ce qui a trait au passé pour ne pas avoir à justifier les échecs de la politique menée de fin 2011 à fin 2014 même s’il trouve que la Troïka peut se prévaloir de certaines réussites, il a fini par admettre à ne pas occulter cette phase. L’occasion pour lui de dire qu’au niveau de ses attributions, à savoir la sécurité nationale, l’armée et les affaires étrangères il a réalisé d’indéniables avancées. Il continue cependant à soutenir qu’il a épargné au mouvement Ennahdha un scénario à l’Egyptienne. Il reste, d’ailleurs, sur ses positions concernant l’Egypte, l’ancien président Mohamed Morsy mais refuse d’attaquer les Emirats comme il avait l’habitude de le faire. Mais il ne tarit pas d’éloges sur ses amis Turcs et Qataris qui ont été les premiers à soutenir la révolution tunisienne.

Moncef Marzouki ne veut pas tourner la page de son accession à la magistrature suprême. Il croit toujours en ses chances à revenir au palais de la présidence. Il est convaincu que son parti demeurera parmi les quelques formations politiques (4 ou 5) qui survivront lorsque les choses se seraient stabilisées sur la scène politique dans cinq ans au moins. D’ailleurs, il continue à faire les yeux doux au « peuple d’Ennahdha ».

A défaut d’être le prochain président, il veut transmettre tout ce qu’il a accumulé au cours de son combat politique aux jeunes de son parti, affirme-t-il.

A l’évidence, toute cette polémique autour de l’interview n’est finalement qu’une tempête dans un verre d’eau. Aucune révélation qui pourrait faire tomber des têtes comme promis. D’ailleurs rien de neuf sous le soleil de Moncef Marzouki qu’il tient à garder brillant même si son horizon s’obscurcit par le temps qui passe.

RBR

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