Kamel Nabli : Il fallait reporter la Conférence internationale de l’investissement
Invité de l’émission Midi Show du mardi 8 novembre 2016, l’ancien gouverneur de la Banque centrale de Tunisie (BCT), Mustapha Kamel Nabli, s’est prononcé sur la situation difficile économique et financière en Tunisie tout en donnant, son avis sur la tenue de la Conférence internationale de l’investissement en Tunisie qui aura lieu les 26 et 30 novembre courant à Tunis.
Il a commencé par évoquer la situation économique de la Tunisie qui est à l’image des réalités politiques dans le pays, avant d’enchaîner que les finances publiques ne sont plus sous le contrôle du gouvernement. « C’est comme si on avait une voiture qui roule…sans conducteur ! », a-t-il précisé à titre de comparaison pour mieux exprimer la gravité de la situation.
Dans le même ordre d’idées, il a rappelé que l'endettement de la Tunisie a dépassé les 60%, un taux qui ne permet plus au gouvernement de la gérer. Ce qui est dû, selon M. Nabli aux dépenses qui n'ont cessé d'augmenter depuis la Révolution sans qu'aucun gouvernement n’ait le courage pour stopper cette hémorragie de près de 11% par an.
Mustapha Kamel Nabli a mis en cause les choix économiques faits depuis 2012-2013 et qui ont été catastrophiques, alors que l’avènement de la 2ème République fin 2014, n’a pas contribué à trouver une solution aux problèmes économiques du pays dans le sens où les taux de développement enregistrés en 2014 et 2015 ont été très infimes.
Concernant le projet de loi de finances, l’ancien gouverneur de la Banque centrale a déclaré qu’il a été préparé dans la précipitation, d’où les lacunes qui y sont décelées. De même, la mise en place d'un gouvernement d'unité nationale avait eu lieu aux dépens d'autres choses plus urgentes comme la résolution des problèmes économiques et financiers du pays.
La preuve, les réactions des composantes du gouvernement ne semblent pas partager les mêmes visions. Pour y remédier, un tant soit peu, MKN propose la mise en place d'une commission indépendante afin d’analyser la situation du pays dans un premier temps avant de donner son rapport et de proposer des solutions aux différents problèmes du pays. La commission qu'il a proposée pourrait commencer à travailler sur le budget de l'Etat pour l'année 2018 pour pouvoir le préparer dans des délais réalistes.
Prié de donner son avis sur la Conférence internationale pour l’investissement, il a estimé qu’elle n’intervient pas au bon moment « car nous ne sommes pas prêts pour une telle conférence et c’est pour cela que je n’en attends pas grand-chose », a-t-il indiqué en substance.
Et d’expliciter son idée : » La situation économique intérieure n’est pas claire, les politiques monétaires et économiques ne sont pas encore claires, la stabilité politique n’est pas acquise. Donc, il ne faut pas inviter les investisseurs à une telle conférence alors que nous n’avons rien à montrer ou même à proposer. C’est dire qu’il aurait mieux valu la reporter », conclut-il.
Noureddine H.
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