Khaled Khiari : « Les Nations unies demeurent attachées à la solution de deux États »
Depuis sa nomination en tant que Sous-secrétaire général des Nations Unies pour les questions politiques et de maintien de la paix au Moyen-Orient, en Asie et au Pacifique, Khaled Khiari ne cesse de multiplier les initiatives pour résoudre les problèmes de la région.
Le diplomate Tunisien qui est l’Arabe qui exerce la fonction la plus élevée au sein du secrétariat de l’ONU sous l’autorité de l’actuel Secrétaire général le Portugais Antonio Guterres poursuit dans ce sens de très prés le dossier Libanais à propos duquel il vient d’accorder une interview au journal électronique www.lorientlejour.com :
Le silence de la communauté internationale face aux défis auxquels fait face le Liban est flagrant, tandis que le mouvement de contestation se poursuit. Quels moyens mettre en place pour sortir le pays de cette agonie ?
Les manifestants ont des griefs contre l’inégalité, la corruption, et ils ont le sentiment que le système politique au Liban n’est plus soutenable parce qu’il n’a pas répondu aux besoins des Libanais. Dans un premier temps, les contestataires ont demandé la démission du gouvernement (Hariri). Le gouvernement a démissionné, et maintenant il y a un nouveau cabinet. Le secrétaire général de l’ONU a indiqué travailler avec le Premier ministre Hassane Diab et son gouvernement, y compris à travers un agenda de réformes qui doit répondre aux besoins urgents de la population. Il faudrait que la population sente rapidement un changement.
Avec ce nouveau gouvernement, le Groupe international de soutien au Liban (GISL) pourrait-il voler au secours du pays ?
Les Nations unies et les partenaires internationaux continuent d’appeler aux réformes. Réformes et soutien sont les deux faces d’une même pièce. Les donateurs doivent rendre des comptes auprès de leurs propres opinions publiques aussi. Quand ils donnent, ils veulent voir des résultats. Or sans réformes, il n’y a pas de résultats. Il appartient aussi au gouvernement libanais de mettre en œuvre les réformes de CEDRE. Avec un gouvernement en place, nous attendons de voir des progrès réalisés dans cette direction. Le GISL suit de près les premières actions et les premières mesures du gouvernement qui sont importantes pour envisager l’ampleur de son soutien au gouvernement libanais. Je pense que plus le gouvernement s’engage dans des réformes, plus il aura le soutien de la communauté internationale....
La communauté internationale serait-elle prête à travailler avec un gouvernement monochrome proche du Hezbollah ?
La composition d’un gouvernement est du ressort des Libanais et des institutions libanaises. Nous ne jugeons pas la couleur du gouvernement ; nous jugeons les actes, et nous espérons que le gouvernement commencera à travailler le plus tôt possible pour engager les réformes requises.
Le Hezbollah ayant gardé une grande influence sur le nouveau gouvernement, son arsenal vous inquiète-t-il ?
Le maintien des armes hors du contrôle de l’État reste préoccupant. Le démantèlement et le désarmement des milices libanaises et non libanaises au Liban sont une exigence en suspens des résolutions 1559 et 1701 du Conseil de sécurité. Dans ses rapports sur l’application de ces résolutions, le secrétaire général a été très clair sur ce sujet. Les décisions antérieures du dialogue national sont relatives au désarmement des groupes armés en dehors de l’autorité de l’État par le biais d’un dialogue et d’un processus politique qui appartiennent aux Libanais. L’autorité de l’État doit s’étendre sur tout son territoire, conformément à ses obligations internationales.
Qu’en est-il du retour des réfugiés syriens ? Faudrait-il craindre qu’ils soient implantés au Liban ?
Le retour des réfugiés doit être sûr, volontaire et se faire dans la dignité. Telle est la position de principe des Nations unies. En attendant, l’ONU continuera à soutenir les pays hôtes. Je sais que le Liban a beaucoup payé et d’autres pays ont aussi payé pour leur générosité. La communauté internationale devrait leur rendre leur générosité et s’occuper de régler au plus tôt les problèmes dans leur pays pour que les réfugiés puissent y retourner un jour. Il y a eu des tentatives de retour, mais ce n’est pas suffisant. Et leur retour dépendra de l’évolution de la situation en Syrie.
Le forage et l’exploitation de gisements pétrolier et gazier en Méditerranée est un sujet de préoccupation pour la stabilité régionale. Où en est la démarcation des frontières maritimes entre Israël et le Liban ? Et aussi la délimitation de la frontière libano-syrienne ?
La position des Nations unies, en attendant d’avoir un accord sur la délimitation des frontières maritimes – surtout parce que cela est en rapport avec Israël –, est que nous nous attendons à ce que toutes les parties s’abstiennent de prendre toute action dans les zones qui font l’objet de différends de nature à créer davantage de tensions. Trouver une solution aux frontières maritimes est indispensable ; cela est de nature à renforcer la sécurité, la stabilité des deux pays, et puis il y a des moyens qui permettent une exploitation équitable des ressources naturelles au bénéfice des deux parties. Quant à la délimitation des frontières d’une manière générale, c’est une question bilatérale. Les Nations unies l’ont toujours dit – soit pour le cas du Liban et Israël, soit celui du Liban et de la Syrie –, nous sommes disponibles pour apporter tout le soutien requis dans la résolution des conflits et des différends frontaliers si les deux parties le demandent. La solution dépend toujours de la bonne volonté des deux parties.
Concernant le nouveau plan de paix du président Trump pour le Proche-Orient, quelles pourraient en être les conséquences pour le Liban ? Les réfugiés palestiniens seront-ils implantés au Liban ?
La position des Nations unies sur la solution des deux États est bien définie depuis des années à travers les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale ainsi que du secrétariat. Les Nations unies demeurent engagées à soutenir les Palestiniens et les Israéliens à résoudre le conflit sur la base des résolutions onusiennes, du droit international et des accords bilatéraux, et à réaliser la vision de deux États, Israël et Palestine, vivant côte à côte, en paix et en sécurité, avec des frontières reconnues sur la base des frontières d’avant 1967. Nous sommes en train d’examiner l’accord pour comprendre les incidences sur les pays de la région. Cela est très sensible et nous devons en discuter avec les pays concernés. Le plus important est de comprendre leur avis.
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