Le diplomate tunisien qui a piloté le déplacement du SG de l’ONU à Rafah et ses positions sur Gaza
Dans l’ombre du Secrétaire général de l’ONU, le Portugais Antonio Guterres, il y a un haut diplomate tunisien qui est derrière les prises de position du patron de l’organisation internationale singulièrement au sujet de la guerre que mène l’occupant israélien contre la population civile de la Bande de Gaza. Ce diplomate est Khaled Khiari, le secrétaire général adjoint pour le Moyen-Orient, l'Asie et le Pacifique depuis 2019.
Guterres s’est distingué par des prises de position et des gestes particulièrement significatifs dans le drame que vivent les Palestiniens du minuscule territoire soumis à un véritable génocide durant presque six mois.
Au lendemain du 7 octobre, il avait déclaré devant le Conseil de sécurité, que les attaques du Hamas ne se sont pas produites sans antécédents. Le peuple palestinien est soumis à cinquante-six ans d’occupation étouffante». Et d’ajouter : « Ils ont vu leurs terres en proie à la violence être progressivement dévorées par les colonies, leur économie étouffée, leurs habitants déplacés et leurs maisons démolies. Leurs espoirs d’une solution politique à leur sort se sont évanouis mais les griefs du peuple palestinien ne peuvent justifier les attaques effroyables du Hamas. Et ces attaques épouvantables ne peuvent justifier la punition collective du peuple palestinien ». Depuis lors, il n’a cessé d’appeler à un « cessez-le-feu humanitaire immédiat » et condamner les « violations claires du droit humanitaire » dans la bande de Gaza.
Ces propos avaient provoqué l’ire des dirigeants israéliens, surtout du ministre des affaires étrangères de l’époque ainsi que son représentant à l’ONU qui s’en étaient pris à Guterres avec véhémence. Cela n’a pas empêché le patron de la Maison de verre de Manhattan à New York d’invoquer l'article 99 de la Charte des Nations unies pour attirer l'attention sur la situation dans la bande de Gaza et en Israël qui "pourrait menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales". L’article 99 stipule que le Secrétaire général de l'ONU "peut attirer l'attention du Conseil de sécurité sur toute question qui, à son avis, pourrait menacer le maintien de la paix et de la sécurité internationales".
A cet égard, Guterres avait écrit: " Face au risque grave d’effondrement du système humanitaire à Gaza, j’exhorte le Conseil à contribuer à éviter une catastrophe humanitaire et à appeler à un cessez-le-feu humanitaire". Persistant dans ses prises de position,
Guterres a choisi le mois de Ramadan pour être au plus près des Palestiniens de Gaza dans un geste qu’il a pris l’habitude de dédier à la solidarité humaine depuis qu’il était Haut-Commissaire aux Réfugiés.
Depuis le poste frontière de Rafah, il s’est adressé aux Palestiniens pour leur lancer : « Vous n’êtes pas seuls ». Il a de nouveau appelé à un cessez-le-feu entre Israël et le mouvement islamiste Hamas. « Je me fais l’écho de la grande majorité du monde qui en a vu assez. Qui en a assez », a-t-il dit à la presse depuis le côté égyptien du poste-frontière de Rafah.
« A Gaza, les Palestiniens sont englués dans un cauchemar sans fin », a-t-il ajouté, déplorant les « maisons détruites, les familles et les générations entières disparues ainsi que la faim et la famine qui planent au-dessus de la population ».
Cette déclaration a agacé plus que de raison le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz qui a sorti la grande artillerie de l’antisémitisme lancée contre tous ceux qui critiquent l'état hébreu « Sous sa direction, l’ONU est devenue une organisation antisémite et anti-israélienne qui abrite et encourage le terrorisme », a écrit ce dernier sur son compte X (ex-Twitter). « Le secrétaire général de l’ONU António Guterres est venu aujourd’hui du côté égyptien du passage de Rafah et a blâmé Israël pour la situation humanitaire à Gaza, sans condamner de quelque manière que ce soit les terroristes du Hamas qui pillent l’aide humanitaire », a accusé ce responsable israélien qui ne donne aucune preuve de ses allégations.
De par ses origines et sa sensibilité toute méditerranéenne et ses fonctions antérieures comme chef du Haut-Commissariat aux Réfugiés, Antonio Guterres est certes un interprète fidèle des valeurs qui sont le fondement de l’organisation qu’il dirige et des objectifs qui lui sont assignés d’être le défenseur imperturbable de la paix et de la sécurité partout dans le monde.
Il ne fait de doute, de surcroit que son équipe lui a préparé le chemin et l’a encouragé à aller dans ce sens. Sur les photos de la visite à Rafah on reconnait son plus proche collaborateur en bonne place derrière lui.
Natif de Hammam lif, Khaled Khiari qui avait joué au football au Club sportif local, le CSHL avec lequel il avait remporté la Coupe de Tunisie en 1985, a entamé un an plus tôt une brillante carrière diplomatique qu’il a couronnée par le poste prestigieux de représentant permanent auprès de l’ONU à New York.
Durant son mandat, il a présidé les négociations intergouvernementales sur la réforme du Conseil de sécurité. Il a été également élu vice-président du Conseil économique et social des Nations unies puis président du conseil d'administration d'ONU Femmes. Au terme de son mandat et après son retour à l’administration centrale du MAE, il a été choisi par Antonio Guterres pour faire partie de son équipe rapprochée dans le poste sensible de Secrétaire général adjoint pour le Moyen-Orient, l'Asie et le Pacifique depuis 2019.
Notre compatriote mérite tous les éloges. Même si dans son cas nul n’est prophète dans son pays.
RBR
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