La Banque franco-tunisienne, une bombe à retardement tout près de l'explosion !
Au bord de la faillite depuis plusieurs années et au cœur d'un scandale de corruption et de passe-droits sous le régime de Ben Ali, la Banque franco-tunisienne (BFT) ne cesse de végéter dans le rouge. Si la banque survit aujourd'hui, elle le doit aux facilités accordées par la banque centrale de Tunisie et aux grandes banques publiques qui lui ont prêté 140 millions de dinars.
En fait, la BFT connaît depuis 1989 un litige avec l’ancien actionnaire majoritaire, à savoir la société ABCI Investments accusant l’Etat tunisien de spoliation suite à la nationalisation de la banque au profit de la STB qui détient 78% de la BFT.
Au cœur d'un imbroglio judiciaire international depuis plus de 20 ans, la banque traîne un scandale qui pourrait coûter très cher aux contribuables.Déjà, en août 2015, la banque accusait une perte de 317 millions de dinars, tandis que son stock de créances douteuses se situerait entre 400 et 450 millions de dinars. Le tout pour un capital social de 5 millions de dinars seulement.
Depuis longtemps, le feuilleton de la BFT n'est connu que par une partie de la presse. Et la plupart des personnalités de la classe politico-médiatique n'avaient pas jugé bon de rebondir la-dessus. Aujourd'hui, les médias commencent à évoquer les pertes astronomiques de la Banque gérée dans une parfaite opacité depuis plus de deux décennies.
Si cette banque en est arrivée là, c'est que ses dirigeants successifs avaient, par connivence et sans garantie, octroyé plusieurs centaines de millions de dinars de crédits à telle enseigne qu'elle devenue une sorte de tirelire à une certaine classe privilégiée.
Il n'est pas difficile de comprendre les méthodes douteuses de la banque quand on sait la liste des bénéficiaires. Une liste qui se passe de commentaires et qui comprend des membres du clan de l'ancien président, des mafieux, des lobbyistes influents et des hommes d'affaires pourris jusqu'à la moelle......
En 2011, lorsque l'ampleur des pertes a été découverte, il aurait fallu recapitaliser la banque pour sauver ce qui aurait pu l'être. Aujourd'hui tout cela paraît difficile. La réputation de la banque est en lambeaux, son activité à l'arrêt et tous les signaux indiquent que la liquidation paraît aujourd'hui inéluctable.
Tout récemment, Chedly Ayari, gouverneur de BCT, a indiqué que la loi des banques et des institutions financières, récemment adoptée par les députés de l’ARP, vise à protéger les banques contre la faillite. Il a ajouté que la banque franco-tunisienne fait bel et bien face à de nombreux problèmes et qu’ils sont en train de chercher des solutions pour sauver cette banque. Une banque qui ne cesse de donner le tournis au gouvernement tunisien.
En cas de liquidation, c'est un autre casse-tête qui est aux aguets. Non seulement, il faudra indemniser tous les déposants dont le nombre avoisine 9 mille, mais aussi chercher à reclasser plus de 200 salariés de la banque. Autant dire que la BFT est une bombe à retardement qui risque de faire chanceler l’ensemble du secteur bancaire. Et le comble, c'est que, malgré ce gros nuage suspendu au-dessus de nos têtes, aucun des responsables successifs de cette débâcle financière n'est pour le moment inquiété.
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