La vice-présidente du Parlement européen écrouée pour des soupçons de corruption
La vice-présidente grecque du Parlement européen Eva Kaili et trois autres personnes ont été inculpées et écrouées, dimanche 11 décembre, en Belgique dans une enquête sur des soupçons de corruption en lien avec le Qatar au sein de cette institution de l'UE, a indiqué à l'AFP une source judiciaire.
Le parquet fédéral n'a fourni, lui, aucun nom en annonçant le placement en détention provisoire de quatre des six personnes interpellées ces dernières 48 heures.
Quatre personnes ont été écrouées après leur inculpation par un juge d'instruction bruxellois pour "appartenance à une organisation criminelle, blanchiment d'argent et corruption", a indiqué le parquet fédéral belge dans un communiqué. Deux autres personnes ont été libérées par le juge.
Selon une source judiciaire proche du dossier, s'exprimant sous couvert d'anonymat, Eva Kaili compte parmi ces quatre personnes écrouées. Elle n'a pas pu bénéficier de son immunité parlementaire car l'infraction qui lui est reprochée a été constatée "en flagrant délit" vendredi, a expliqué cette même source.
Cette source a confirmé des informations de presse selon lesquelles des "sacs de billets" ont été découverts dans l'appartement de l'élue socialiste grecque.
Le domicile bruxellois d'Eva Kaili a été perquisitionné vendredi soir. Et celui d'un autre eurodéputé socialiste, le Belge Marc Tarabella, l'a été samedi soir, a ajouté la source judiciaire. Ce dernier n'a pas été interpellé.
Pour assister la police fédérale dans cette seconde perquisition, la présidente du Parlement européen Roberta Metsola est revenue de Malte à Bruxelles dans la soirée, a indiqué un de ses porte-parole. La présence de la présidente est requise pour un tel acte d'enquête visant un eurodéputé élu en Belgique "comme le veut la Constitution belge", a-t-on expliqué.
Cette affaire est "honteuse et intolérable" et elle porte atteinte de manière "très grave" à la réputation du Parlement, a réagi dimanche le commissaire européen à l'Economie, Paolo Gentiloni.
Dans cette affaire "est suspecté le versement d'importantes sommes d'argent ou l'offre de cadeaux significatifs à des tiers ayant une position politique et/ou stratégique permettant, au sein du Parlement européen, d'influencer les décisions" de cette institution, souligne le communiqué du parquet.
Eva Kaili s'était rendue début novembre au Qatar où elle avait salué en présence du ministre qatari du Travail les réformes de l'émirat dans ce secteur.
L'ambassadeur de l'UE à Doha, Cristian Tudor, avait alors assuré sur Twitter la publicité de cette rencontre jugée positive.
"Le Qatar est un chef de file en matière de droits du travail", avait aussi affirmé Eva Kaili, le 22 novembre à la tribune du Parlement européen.
Ces propos, qui avaient alors suscité des remous dans les rangs de la gauche et des libéraux, sont revenus à l'esprit de nombreux eurodéputés ce week-end après l'annonce de son arrestation.
Des eurodéputés de gauche, dont l'écologiste Philippe Lamberts au nom du groupe des Verts au Parlement européen, ont demandé la démission d'Eva Kaili, exclue dès vendredi soir du parti socialiste grec (Pasok-Kinal).
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