Le chiffre du jour de Hassen Zargouni : Le déficit budgétaire se creuse de +20,7%
Selon le directeur général de Sigma Conseil, Hassen Zargouni, Le déficit budgétaire se creuse de +20,7% en glissement annuel (g.a.), à -2,7 Mds TND, contre -2,2 Mds TND fin juillet 2018.
Ce creusement s’explique, selon lui, par la hausse des dépenses publiques (+25,6% sur la période en g.a., à 26 Mds TND fin juillet 2019) résultant essentiellement de la hausse des dépenses de fonctionnement, dont la causalité est répartie équitablement entre l’accroissement (i) des rémunérations publiques (+12,4% en g.a. sur la période, à 9,8 Mds TND fin juillet 2019) et celui (ii) des interventions publiques (+50,7% en g.a. sur la période, à 3,3 Mds TND).
Cette hausse des dépenses totales n’a pas pu être compensée par la hausse moins importante des recettes propres de l’Etat (+17,6% en g.a. sur la période, à 18,6 Mds TND). L’augmentation des ressources de l’Etat s’explique essentiellement par la hausse des recettes fiscales, et plus particulièrement des impôts directs. En effet, les ressources liées aux impôts sur le revenu ont augmenté de +41% en g.a. sur la période, à 5,2 Mds TND fin juillet 2019, et dans une moindre mesure, les recettes liées aux impôts sur les sociétés ont augmenté +33,5% en g.a. sur la période, à 2,3 Mds TND fin juillet 2019. Pour rappel, conformément aux engagements pris notamment auprès du Fonds monétaire international (FMI), les autorités tunisiennes se sont engagés dans la loi de finances 2019 (LF 2019) à réduire le déficit budgétaire à -4,5 Mds TND en 2019 (soit -3,9% du PIB), contre un déficit de -5 Mds TND en 2018 (-4,8% du PIB).
Il est à noter que les déficits publics successifs cumulés depuis près de huit ans sont la cause principale de la décision controversée de la dépréciation du dinar tunisien connue depuis 3 ans. Cette décision a engendré une hausse importante des taux d'inflation, ce qui a freiné d'une part les investissements locaux car le taux moyen du marché monétaire est devenu élevé (TMM au dessus de 7%) avec comme conséquence palpable en 2019 où l’investissement industriel qui a baissé de 26,3% sur les 8 premiers mois de l’année 2019 en glissement annuel. Les investissements étrangers sont aussi devenus risqués avec cette dépréciation du dinar. La part relativement élevée des produits importés dans la consommation finale a fini par accélérer la spirale inflationniste. Bref, la gestion des trois dernières années, sous les différentes contraintes, a été quelque peu cavalière, rendant les conditions de vie de pans entiers de la société tunisienne très difficiles et très précaires.
De nouvelles solutions, de nouveaux concepts et un nouveau souffle sont attendus après les élections de ce mois d'octobre 2019.
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