Le cri de détresse d'Amira Dridi, Médecin anesthésiste, sur la situation déplorable de nos hôpitaux

Le cri de détresse d'Amira Dridi, Médecin anesthésiste, sur la situation déplorable de nos hôpitaux

 

Dans un message posté sur son mur Facebook, Amira Dridi, médecin anesthésiste-reanimateur à l'hôpital Abderrahmen Mami nous décrit la situation déplorable de son service et dénonce le manque de moyens auquel font face les médecins.Un récit bouleversant qui laisse rarement insensible.

"Je suis médecin anesthésiste-reanimateur de l'hôpital Abderrahmen Mami exerçant dans le service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire, je sors de mon silence après avoir épuiser nos moyens possibles. 

J'arrive pas à dormir ce soir, non je suis pas de garde, mais je souffre pour nos hôpitaux, pour mon service, pour mes patients...... Faute de moyens je voyais certains partir et pour me reconforter je me disais "MAKTOUB" le mot magique qui anesthesait ma rage. 

Je gardais de l'espoir avec chaque nomination d'un nouveau ministre de santé je me disais : "fourijat", patience peu de temps et on aura notre matériel, nos besoins..... Mais malheureusement, notre service se détériore de jour en jour : manque de matériel et de personnel, et ceux qui sont déjà là quittent le navire un à un. Un navire qui coule doucement mais qui coule malgré nos cris de détresses. 

Ce n'est plus questions de lits cassés ou de manque de respirateur et monitorage en réanimation post chirurgie cardiaque et thoracique c'est un manque de tout, chaque jour deux ou trois trucs qui manquaient et ça durait ou ça dure encore. On s'est retrouvé après chirurgie cardiaque sans appreil ECG ou sans GDS ou sans troponines, sans ballon de contre pulsion.....sachant déjà qu'on est sans ECMO sans échographie sans banque de sang je dis bien en chirurgie cardiaque. Post chirurgie thoracique c'est une autre paire de manche, on s'est retrouvé sans radiographie du thorax, sans drain thoracique, sans respirateur... "Kol enhar w 9asmo" je souffrais mais je continue à venir travailler chaque jour avec l'espoir du changement. 

Il m'arrive de craquer des jours mais j'avais le regard d'un patient ou deux conscient de la situation qui me chargeait de patience et de force, un regard qui me disait : vous n'êtes pas seuls à se battre, je suis là à me battre aussi contre ce maudit cancer depuis des mois en attendant ce cher RDV d'hospitalisation, j'accepte tous ces conditions de merde, je supporterais les douleurs sans antalgiques pour vue que je sois guéri.

Un regard qui me poussait chaque fois à frapper les portes pour mendier un cathéter central ou de dialyse, un respirateur, un bilan, un médicament......., à râler devant un responsable qui me répondait à chaque fois : la CNAM nous paye pas, on a plus d'argent. On a envoyé un courrier au ministère de la santé et on attend la réponse. Et en attendant cette réponse qui ne vient pas un patient meurt " MAKTOUB" . 

Ce soir, j'ai pas ce regard, j'ai pas les gentils mots de remerciement et de reconnaissance pour me calmer, ce soir je n'ai que mes larmes et ce statut pour me soulager. Je n'ai que ce cri de détresse : aidez nos hôpitaux à survivre, Ya CNAM paye tes dettes avant d'empreinter tes employés, partagez pour qu'il arrive à ceux qui peuvent aider inchallah."

Votre commentaire