Le Maghreb face au COVID-19: Une hypothèse de sur-résilience immunitaire !
Par Rahma BELHEDI, Spécialiste en biotechnologie / microbiologie (*)
En dépit de la proximité géographique, le bilan des personnes décédées en Italie et en France suite à la propagation de la pandémie est nettement supérieur par rapport aux pays du Maghreb – principalement en Tunisie, en Algérie et au Maroc –, en effet, le nombre de décès cumulé des trois pays ensemble vaut la moyenne funèbre constatée en Italie ou en France !
Une disparité statistique sans appel, suscitant auprès des spécialistes et du grand public une série de questionnements et d'hypothèses qui restent á élucider…
Dans le cadre stricte du périmètre de mon profil académique, j'aborderai ce dilemme, primo au conditionnel, secundo focalisé exclusivement sur les aspects scientifiques, en l'occurrence préventifs et diététiques !
Hypothèse 1: Différentiation au niveau préventif
Désormais, le monde scientifique, dans sa plus grande partie, est en train de mettre l'accent sur les pouvoirs immunitaires du vaccin BCG, administré sur des milliards de personnes au monde, sans pour autant le présenter comme candidat au vaccin du Coronavirus.
En effet, les conclusions des essais sur le BCG entamés dans plusieurs pays - notamment aux Pays bas, Allemagne et en Australie -, tous se convergent sur son apport indéniable dans la baisse de la charge virale ce qui lui rendrait, probablement, utile dans la lutte contre le SARS Cov-2.
Dans ce cadre précis, le professeur en microbiologie « Camille Locht », directeur de recherche à l’Institut Pasteur de Lille, explique que "Depuis plusieurs dizaines d’années, on sait que le BCG, comme d’autres vaccins vivants, a des effets immunologiques dépassant largement son seul effet contre la tuberculose." , le chercheur souligne aussi, « son effet contre les infections respiratoires a été montré il y a vingt ans par une étude épidémiologique en Guinée-Bissau, où l’on a constaté une plus faible mortalité générale chez les enfants vaccinés au BCG », et « il stimule la mémoire de l’immunité innée, de manière à entraîner les cellules immunitaires afin qu'elles puissent combattre le virus. Ça lui donnerait peut-être la capacité de limiter la fréquence des infections au coronavirus, de réduire son taux et donc la gravité des symptômes» enfin, il précise que " l'autre intérêt du BCG, ce sont ses propriétés anti-inflammatoires, qui pourraient atténuer l’"orage de cytokines", cette réaction inflammation à l'origine du syndrome de détresse respiratoire aiguë et du décès des patients »...
Contrairement au pays du Maghreb dont la vaccination BCG est obligatoire, administrée à titre gratuit, l'Italie et la France ont abandonné depuis une bonne lurette, le recours systématique, obligatoire et gratuit de ce vaccin.
Une différenciation de posture préventive de taille qui pourrait éventuellement expliquée le niveau de la résilience immunitaire constatée auprès des maghrébins, et celle de la communauté maghrébine vivant dans ces deux pays !
Hypothèse 2: Différenciation au niveau diététique
Globalement, toutes les études démontrent que « Les épices aident à éviter les rhumes ou les problèmes infectieux, en sachant qu'on a tout intérêt à les associer. Par exemple, le curcuma et le poivre ont un pouvoir antioxydant et préventif au niveau des maladies plus important que l'un ou l'autre. De même, le piment riche en source de vitamine C et flavonoïdes, qui aident le système immunitaire à combattre les virus, en stimulant la production de globules blancs (cellules de défenses immunitaires)… ».
Sur la même ligne, l'OMS préconise certaines recommandations en la matière, á savoir :
- Utilisez en premier lieu les ingrédients frais et ceux qui ont une durée de conservation plus courte…
- faites bien cuire vos aliments ».
Comparativement aux directives de l'OMS, il s'avère que le Maghreb de part sa cuisine bien cuit et épicée offre plus de garantie immuno-diététique par rapport à l'Italie et à la France où la consommation de masse des produits alimentaires surgelés et semi-cuit sont trop répandus …
Bien quelles renferment des voies sérieuses et prometteuses sur le long chemin de lutte contre le coronavirus, néanmoins, elles demeurent que des hypothèses méritant des recherches cliniques plus poussées.
(*) Rahma BELHEDI
Spécialiste en biotechnologie/microbiologie
Ex-stagiaire à l’Institut Pasteur de Tunis (IPT)
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