Les otages israéliens auraient-ils plus de valeur que les milliers de détenus palestiniens ?
Devenu par la force des choses la cheville ouvrière des négociations entre l’entité sioniste et le Hamas depuis le début de la guerre, le Qatar ne cesse de multiplier les efforts et les médiations pour tenter d'obtenir des libérations par-ci et un semblant d'accalmie par là.
En effet, l'émirat a joué un rôle-clé dans la précédente trêve, fin novembre, qui avait permis, outre l’arrêt des combats pendant une semaine, la libération de 80 otages israéliens détenus dans la bande de Gaza et de 240 prisonniers palestiniens. C'est que Doha se retrouve dans une situation controversée car abritant la direction politique du mouvement islamiste depuis 2012 tout en fournissant, avant la guerre, des millions de dollars d’aides humanitaire et financière à l’enclave palestinienne, avec la bénédiction de l'Etat hébreu.
Les efforts diplomatiques de négociations opérés par Doha viennent d'atteindre leur summum avec la visite qu'effectue en ce moment le Cheikh Tamim Al Thani à Paris. Il s'agit de sa première visite d’État en France depuis son accession au trône, en 2013. Ce voyage, résolument tourné vers les négociations entre Israël et le Hamas viserait à permettre la libération du reste des détenus israéliens encore dans les mains du Hamas.
Mais ce qui étonnant par-dessus tout, c'est le deux poids deux mesures adopté pour traiter ce conflit israélo-palestinien. Et ce n'est plus un secret pour personne. De nos jours, le sort des quelques prisonniers israéliens (environ 130) aux mains du Hamas semble plus important que les milliers de prisonniers aux mains de Tel-Aviv. L'on a l'impression que l'enfer que vit en ce moment Gaza (et ses habitants) n'émeut plus personne, alors qu'on assiste à l'un des pires génocides de l'histoire.
Pourquoi le monde occidental et arabe est-il incapable de faire cesser les tueries et les humiliations dont sont victimes quotidiennement les Palestiniens ? Pourquoi ce mutisme de la diplomatie occidentale quand l'Etat hébreu tente à chaque fois de rayer la Palestine de la carte du monde, provoquant ruines et désolation dans les Territoires occupés ?
A ce jour, les prisonniers israéliens aux mains du Hamas ne sont qu'une goutte d'eau dans la mer. Qu’est-ce qu’ils représentent par rapport aux quelque 30 mille Palestiniens sauvagement tués depuis le 7 octobre ? Qu'en est-il des prisonniers palestiniens aux mains des sionistes ? Selon la Commission gouvernementale des affaires des prisonniers et le Club des prisonniers palestiniens, plus de 9 mille prisonniers palestiniens seraient entassés dans les geôles de l'Occupation israélienne, dont environ 200 enfants, 70 femmes détenues, mais surtout, encore plus révoltant, plus de 3500 détenus administratifs.
Mais savez-vous ce qu'est un détenu administratif ? Arme judiciaire "barbare" utilisée par l’occupant contre les Palestiniens dans les territoires occupés, la "détention administrative", qui a pris de l'ampleur depuis le 7 octobre, consiste à envoyer sans raison ni preuves ni inculpation, des "suspects" derrière les barreaux pour des "raisons de sécurité", en adoptant les lois d'urgence militaire inspirés de l'administration britannique après la Première Guerre mondiale.
Selon les données communiquées par le Club des prisonniers palestiniens, l’Etat sioniste a emprisonné quelque 5000 Palestiniens depuis le 7 octobre. Tandis que le nombre de personnes placées en "détention administrative" dans les prisons israéliennes est passé de 1 320 avant le 7 octobre à plus de 3500 après le 7 octobre. Il s'agirait là du plus grand nombre de Palestiniens "envoyés derrière les barreaux en détention administrative" au cours des trente dernières années.
Ne parlons même pas des conditions de détention humiliantes et déshumanisantes dont ils sont victimes. Nombre de détenus récemment libérés dans le cadre de l’échange de prisonniers racontent l'enfer des prisons israéliennes. C'est le cas d'une détenue de 23 ans: "Dans la prison de Damon, dans le nord-est d’Israël, on dormait à sept dans des cellules prévues pour trois, à même le sol, sans matelas et sans couverture malgré le froid et ce, peu importe l’âge. On se couchait souvent sans avoir mangé et les portions qu’on recevait étaient maigres. On subissait des tortures, des passages à tabac, des humiliations quotidiennes. Nous étions forcés à garder la tête baissée, à s’agenouiller au sol pour l’appel et à chanter des chants israéliens dans d’horribles conditions de détention". Et d’ajouter : "Ils nous tabassaient matin et soir. Des prisonniers ont eu des jambes ou des bras cassés après le 7 octobre et ils n’ont reçu aucun soin. Nous étions forcés d'écouter en boucle l'hymne national israélien".
"C'est un cimetière pour les vivants, les détenus y vivent sans nourriture, sans habits propres, ils sont laissés à l’abandon", raconte un autre prisonnier libéré.
Alors pourquoi ce traitement inéquitable du dossier israélo-palestinien ? Une vie israélienne vaut-elle mieux qu'une vie palestinienne pour cet Occident hypocrite ? Un otage israélien a-t-elle plus de valeur et de considération qu'un détenu palestinien ?!
Ce monde semble avoir perdu son humanité devant ces droits de l’homme à géométrie variable. Mais fort heureusement, cette déshumanisation ne pourra en aucun cas continuer face à la prise de conscience, par les peuples libres et les jeunes générations occidentales, du vrai visage des sionistes.
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