Libye : le gouvernement d’union nationale accuse la France de soutenir le maréchal Haftar
La tension est montée d'un cran entre la Libye et la France ce jeudi. Le ministère de l'Intérieur du gouvernement d'union nationale libyen - reconnu par la communauté internationale - a directement accusé la France, pour la première fois, de soutenir le maréchal Khalifa Haftar dont les forces ont lancé un assaut contre la capitale Tripoli.
Selon un communiqué publié par son service de presse, le ministre de l'Intérieur Fathi Bach Agha, a ordonné "la suspension de tout lien entre [son] ministère et la partie française dans le cadre des accords sécuritaires bilatéraux (...) à cause de la position du gouvernement français soutenant le criminel Haftar qui agit contre la légitimité".
Le maréchal Khalifa Haftar a lancé le 4 avril une offensive contre Tripoli pour "débarrasser la capitale des terroristes". Mais pour l'émissaire de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, la manœuvre "ressemble davantage à un coup d'État qu'à une lutte antiterroriste".
Les combats ont fait en deux semaines au moins 189 morts dont des civils et 816 blessés, selon un dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). L'Organisation internationale pour les migrations (OIM), a fait état mercredi de 25 000 déplacés, dont plus de 4 500 ces dernières 24 heures.
A l'ONU, un projet britannique de résolution réclamant un cessez-le-feu et un accès humanitaire inconditionnel aux zones de combats près de Tripoli, n'a pas encore recueilli le consensus nécessaire à son adoption, selon des diplomates.
Outre l'Afrique, la Russie et les États-Unis ne soutiennent guère la démarche britannique. Dans un communiqué mercredi soir, le département des Affaires humanitaires de l'ONU a cependant annoncé le déblocage de 2 millions de dollars pour une aide humanitaire d'urgence à destination des civils pris au piège dans les combats "incluant les réfugiés et les migrants vulnérables".
Mais jusqu'à présent, le maréchal Haftar ne veut pas entendre parler d'un cessez-le-feu. Et Fayez al-Sarraj, chef du "Gouvernement d'entente nationale" (GNA), refuse tout processus politique en l'absence d'un cessez-le-feu et d'un retrait sur les lignes d'avant le début de l'offensive. "Des positions irréconciliables", note un diplomate.
Le risque d'enlisement est réel dans ce pays pétrolier en proie au chaos depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Les diplomates craignent notamment que les belligérants cherchent à se réarmer auprès de leurs soutiens, en dépit de l'embargo sur les armes décrété par l'ONU pour la Libye.
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