« L’indépendance » des Banques Centrales : Une embuscade sémantique !
Après l’instauration d’une ligne « Maginot » entre la politique monétaire et la politique budgétaire, la question d’indépendance des banques centrales vis-à-vis les pouvoirs exécutifs a envahi tous les cercles de réflexion politico-financiers durant les années 70/80, où on en parlait souvent d’une indépendance en matière de politique monétaire, restreinte à caractère fonctionnel, ou d’une indépendance « métaphysique » totale à l’égard du pouvoir politique en place, débouchant à la création d’un monarque divin au-dessus de tous, appelé sa majesté Monsieur le « Gouverneur » ?!
Dans cette cacophonie interprétative sans issue ni fin, et à contre-courant, la pratique bancaire internationale récente préconise, à des nuances près :
1- une politique économique mixte connue sous l’appellation « Policy mix » qui correspond à des stratégies croisées entre la politique budgétaire et la politique monétaire d’un Etat visant à stimuler le plein-emploi, maintenir l’inflation à un niveau faible et soutenir la croissance économique.
2- le financement direct des Etats via leurs banques centrales respectives en phase de récession ou de risque systémique, c’est le cas de la Banque d’Angleterre lors de la crise des subprimes en 2007-2008 et en période du Covid en 2020, idem pour la FED (Federal Reserve System) qui a financé - à maintes reprises - directement une partie du déficit public en achetant des titres de la dette publique sur le marché des émissions primaires… De même pour la BCE via son programme « d’assouplissement quantitatif » (Quantitative Easing) lancé en 2015 dans le but d’injecter des liquidités dans les économies Européennes surtout celles en berne (le cas de la Grèce), etc.
3- la nomination directe au poste de Gouverneur émane généralement du pouvoir exécutif (excepté le cas de la FED pour des raisons historiques), soit sur proposition du ministre des Finances et confirmation du Premier ministre (le cas du Royaume-Uni), soit par voie de décret en conseil des ministres (en France)…
Dans ces pays et dans bien d’autres, le vrai débat sociétal surpasse de loin la sphère binaire simpliste d’être pour ou contre une indépendance des banques centrales, il se focalise davantage sur son dosage, ses gardes-fous prudentiels, ses affectations précises et surtout son degré de symbiose avec les politiques économiques mises en œuvre.
Pour le casse-tête économique tunisien, il s’agit d’une autre paire de manches ! Disons une reproduction médiocre du classique du dessin animé Tom et Jerry opposant - depuis l’avènement des ondes sismiques du 14/Janvier/2011 - les souverainistes contre les indépendantistes « catalans » en terre tunisienne…
Rabi Yostor !
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