L’UMA renaitra-t-elle de ses cendres et qu’en sera-t-il du SG Taïeb Baccouche
Victime collatérale de la crise diplomatique entre la Tunisie et le Maroc, l’Union du Maghreb Arabe(UMA) est-elle appelée à disparaitre surtout que depuis 1994, elle était en quasi-mort clinique en raison de l’aggravation, chaque année davantage du conflit algéro-marocain sur la question du Sahara occidental.
Secrétaire général de l’organisation dont le siège se trouve à Rabat, la capitale du Maroc, le tunisien Taïeb Baccouche est dans une position intenable. D’autant plus qu’il n’a pas réussi à tenir sous son égide aucune réunion des ministres des Affaires étrangères, pas même celle qui devait entériner sa nomination. En effet, il a été désigné à ce poste qui revient à un Tunisien selon un accord non-écrit, sur proposition de l’ex-président Feu Béji Caïd Essebsi et pris ses fonctions en mai 2016, alors que les chefs de diplomatie des cinq pays ne se sont plus rencontrés ensemble depuis 2013.
Alors que son mandat est de 4 ans, Taïeb Baccouche assume donc ses fonctions depuis plus de six ans ; ce n’est d’ailleurs pas étrange puisque son prédécesseur, Habib Ben Yahia était resté à la tête du secrétariat de l’organisation plus de dix ans. Il n’y a que leur prédécesseur, Feu Habib Boularès ; homme de principe et de conviction qui a en 2006 jeté l’éponge et démissionné au terme de son mandat de quatre ans, car il s’était rendu compte que lui manquaient les moyens de conduite convenablement sa tâche.
Suite à la crise tuniso-marocaine ayant suivi l’accueil à Tunis par le président de la République Kaïs Saïed du chef de la « RASD » et du Polisario, Brahim Ghali à l’occasion du Sommet de la TICAD-8, Taïeb Baccouche ne pouvait rester les bras croisés. A cette occasion, il a appelé à une rencontre des ministres des Affaires sous la forme d’une « retraite » au cours de laquelle l’avenir de l’organisation régionale sera examinée ; ce qui sera aussi l’occasion de nommer un nouveau secrétaire général qui lui succédera. L’Algérie et la Mauritanie avaient vite donné leur accord ; mais pas la Tunisie ni le Maroc, les deux pays les plus concernés puisque l’un nomme en principe le secrétaire général alors que le second abrite le siège de l’organisation.
Mais à force de persévérance, il semble que Taïeb Baccouche est en voie de gagner son pari en dépit des susceptibilités entre les cinq partenaires et elles sont nombreuses.
La réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UMA est en effet prévue les 1er et 2 novembre 2022 à Alger. Baccouche a en effet habilement saisi l’occasion du Sommet arabe qui se tiendra dans la capitale algérienne afin d’organiser la réunion des ministres des Affaires étrangères qui devaient être présents en marge du 31ème Sommet de la Ligue arabe. Selon nos sources, l’Algérie et la Mauritanie auraient déjà donné leur accord.
Ce n’est d’ailleurs pas étrange car Alger a toujours plaidé pour une « rotation » de la fonction de secrétaire général entre les Etats membres, alors que la Mauritanie veut nommer un des siens à la tête de l’organisation.
Taïeb Baccouche a fixé au 31 août 2022 la fin de sa mission et continue à expédier les affaires courantes pour que le poste ne reste pas vacant. L’actuel ministre des Affaires étrangères Othman Jerandi avait ; dans le passé exprimé son intérêt pour assumer cette fonction, mais il paraît dans les conditions actuelles difficile de voir un Tunisien choisi pour diriger une organisation dont le siège se trouve au Maroc.
Si Taïeb Baccouche table sur le fait que la présence physique des cinq ministres à Alger favorisera la tenue de leur réunion en marge du Sommet arabe, rien ne dit que les intérêts divergents des cinq pays les incitera à se retrouver ensemble.
Le secrétaire général sortant veut que chaque partie prenne ses responsabilités pour que les choses soient claires pour l’opinion publique maghrébine. Mais il n’est pas sûr que les pays membres partagent la même préoccupation.
RBR
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