Médicament contre le VIH : le coût d'un traitement pour enfants divisé par quatre
Un accord innovant a permis de réduire de 75% le prix d’un traitement médical pour les enfants séropositifs au VIH vivant dans les pays en voie de développement, a annoncé, mardi, l’organisation UNITAID, à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida.
Le dolutegravir (DTG) est un traitement de première intention recommandé contre le VIH. L’accord sur les prix conclu par les entreprises pharmaceutiques américaines Viatris et Mcleods permettra le lancement d’une nouvelle formulation pédiatrique générique dispersible du DTG à un coût annuel de 36 dollars par enfant, contre environ 400 dollars auparavant.
Cette réduction du prix du DTG permettra de réduire considérablement le coût du traitement pédiatrique annuel du VIH par enfant, qui passera ainsi de plus de 480 dollars à moins de 120 dollars. Ce nouvel accord sur les prix est aussi le fruit d’un accord conclu entre UNITAID et la Clinton Health Access Initiative (CHAI).
Il s’agit d’une « réduction considérable du coût annuel total du traitement pédiatrique du VIH », a souligné le porte-parole d’UNITAID, Hervé Verhoosel, lors d’un point de presse mardi à Genève. « Avec des budgets de santé mondiaux plus limités que jamais, des économies aussi importantes – de l’ordre de 60 à 260 millions de dollars sur cinq ans – vont changer la donne », a-t-il précisé.
1,7 million d’enfants séropositifs et 100.000 meurent chaque année dans le monde
Selon UNITAID, 1,7 million d’enfants dans le monde sont séropositifs, mais seulement la moitié d’entre eux bénéficient d’un traitement et 100.000 meurent chaque année. « Nombre d’enfants ne sont pas traités en raison du manque d’accès à des médicaments faciles à prendre et adaptés », a fait valoir M. Verhoosel.
Sur la base de données probantes sur les avantages et les risques, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait recommandé en juillet 2019 l’utilisation du DTG, comme traitement contre le VIH pour toutes les populations, y compris les femmes enceintes et celles en âge de procréer. Mais de nombreux enfants séropositifs réagissent mal au traitement parce qu’ils prennent des médicaments antirétroviraux mal dosés ou au goût amer.
Jusqu’à présent, aucun DTG n’est disponible pour les enfants de moins de 20 kilogrammes, en raison du manque de comprimés dispersibles, ceux disponibles étant sous forme de gros comprimés non soluble étaient moins faciles à prendre. Le médicament désormais disponible sous forme de comprimés solubles et au goût fraise est ainsi plus adapté aux enfants vivant avec le VIH.
Selon UNITAID, le nouveau comprimé DTG de 10 milligrammes au goût de fraise permettra aux enfants de continuer à prendre leurs médicaments et d’éviter des milliers de décès prématurés chaque année, transformant ainsi le traitement pédiatrique du VIH dans les pays en développement.
Le médicament d’abord disponible dans six pays africains en 2021
« Les enfants des pays à revenu faible et intermédiaire attendent souvent des années avant d’avoir accès aux mêmes médicaments que les adultes, ce qui nuit à leur qualité de vie, et entraîne parfois des décès évitables », a rappelé le Directeur exécutif d’UNITAID, Philippe Duneton.
Selon cette organisation internationale hébergée par l’OMS, le nouveau médicament sera disponible dans un premier temps dans six pays africains : le Bénin, le Kenya, le Malawi, le Nigéria l’Ouganda et le Zimbabwe au cours du premier semestre 2021, « avec un objectif de développer rapidement la distribution » dans plusieurs pays en développement.
L’OMS s’est aussi félicitée de l’approbation et de la commercialisation du nouveau DTG pédiatrique. « Il est temps de lutter contre les résultats médiocres des traitements du VIH chez les enfants », a ainsi affirmé la Dr Meg Doherty, directrice des programmes mondiaux de lutte contre le VIH, l’hépatite et les infections sexuellement transmissibles à l’OMS.
A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, l’agence onusienne pour la santé a rappelé que 26 millions de personnes étaient actuellement sous traitement antiviral dans le monde, soit 68% des personnes vivant avec le VIH. « Aujourd’hui encore, plus de 12 millions de personnes attendent d’obtenir un traitement contre le VIH », a également rappelé la Directrice exécutive de l'ONUSIDA, Winnie Byanyima.
Votre commentaire