Pourquoi Mehrez Boussayene pourrait-il être la grande surprise de la prochaine présidentielle ?
Mehrez Boussayene. Ce nom, vous l’avez sans doute déjà entendu, mais sans y prêter plus d’attention, vu la pléthore de candidats à l’élection présidentielle. Pourtant, l’actuel président du Comité National Olympique Tunisien pourrait bien constituer la grande surprise du prochain scrutin.
Passons en revue ses 5 principaux atouts :
1.Un contexte politique favorable
C’est maintenant acquis, Nida Tounes a remporté les législatives, mais avec une courte avance sur Ennahdha. Les Deux frères ennemis sont donc les deux grandes puissances politiques du pays, ce qui les condamne à travailler ensemble durant les cinq prochaines années.
Gouvernement d’union nationale ? Gouvernement de compétences nationales ? Peu importe la formule. Ces deux là devront composer ensemble en l’absence d’une majorité confortable et stable au sein du Parlement.
Mais comment travailler ensemble lorsque toute votre stratégie politique a consisté depuis des mois à diaboliser le camp d’en face ? Comment assumer les compromis nécessaires à une telle entente face à une base populaire radicalisée par l’argumentation des deux camps ? Une troisième partie doit nécessairement jouer les modérateurs, comme l’a fait le quartet lors de la phase précédente.
Le quartet n’ayant ni la vocation, ni la légitimité de continuer à jouer ce rôle, c’est du côté de la présidence qu’il faut maintenant se tourner.
Et c’est là que la personnalité et le parcours de Mehrez Boussayene entrent en scène. Proche des deux partis, totalement indépendant, connu pour sa force de caractère et sa détermination, Mehrez Boussayene a toutes les caractéristiques de l’arbitre, et sa longue expérience dans le sport ainsi que son passé de juge ne viendront pas le démentir.
2.Un parcours de Self Made man
Natif de l’un des quartiers les plus pauvres de Mellassine, Mehrez Boussayene s’est fait tout seul. D’abord juge, il crée son cabinet d’avocat en 1989.
Sans disposer au départ de réseaux de relations ou de portefeuilles clients, ni de moyens extravagants, ni de la moindre expérience au sein d’un cabinet, il parvient à se hisser dans le Top 3 des cabinets d’affaires de référence de la place.
Dans le parcours « sportif » de Mehrez Boussayene, on retrouve toujours ce goût pour les défis. Il est élu, lui l’enfant de Mellassine originaire du Jlass, président du Tennis Club de Tunis, chasse gardée de la bourgeoisie Tunisoise dans la peau de l’outsider et relance aussitôt l’Open de Tunis, disparu depuis 20 ans.
Le couronnement de ce parcours intervient au lendemain de la révolution en remportant la présidence du Comité National Olympique Tunisien, mère de toutes les fédérations sportives, malgré une opposition farouche du ministre de la Jeunesse et du Sport de l’époque. On retiendra de son mandat (en cours), sa bataille pour la candidature de Sfax à l’organisation des jeux méditerranéens de 2021, allant jusqu’au clash avec le gouvernement de Mehdi Jomâa pour obtenir le soutien de ce dernier à ce nouveau challenge.
3.Un réseau de relations internationales
Dans son parcours professionnel d’avocat d’affaires comme dans celui de dirigeant sportif, Mehrez Boussayene a développé un réseau de relations internationales que ne renierait pas un chef de la diplomatie. Il ne faut pas s’étonner alors qu’il ait été invité par toutes les ambassades occidentales et orientales au lendemain de la sortie de son livre « Ma vision pour la Tunisie » en septembre dernier.
On se souvient tous du Méchoui partagé par Mehdi Jomâa avec l’ambassadeur d’Allemagne quelques jours avant de devenir favori à la présidence du gouvernement de compétences nationales. L’image fut commentée avec amusement, mais la suite de l’histoire en avait apporté une deuxième lecture bien plus sérieuse.
4.Une Vision claire et une démarche sérieuse
Ce livre justement, « Ma vision pour la Tunisie », avait sonné le démarrage officieux de la campagne du candidat Boussayene. Un ouvrage complet qui résonnait comme la caution de sérieux et de crédibilité du candidat dans un contexte alors marqué par la multiplication de candidatures fantaisistes.
Dans son livre, Mehrez Boussayene offre une analyse complète de la situation politique et sociale du pays. Très visionnaire, il prévoyait l’abstentionnisme galopant aux élections et notamment celui des jeunes, il prophétisait la bipolarisation du paysage politique et la nécessité de poursuivre l’expérience d’un dialogue national placé sous l’égide d’un président non partisan, il précisait avec sa plume de juriste les prérogatives et les particularités constitutionnelles du futur président de la république tunisienne, bien plus larges que ce que laissent entendre les partis.
Au delà d’une analyse assez profonde sur le passé et le présent de la Tunisie, il présentait à la lecture et au jugement de tous, ses valeurs et sa vision pour le futur de la Tunisie: un attachement sans concessions aux institutions et au caractère civil de l’Etat. Du pragmatisme en matière d’économie, de diplomatie et de sécurité conjugué à une lame de fond sociale forte dont on peut trouver la genèse dans ses propres origines.
5.Un travail de terrain remarquable
Très sollicité dans les régions dans le cadre de son mandat à la tête du Comité National Olympique Tunisien, Mehrez Boussayene a su mobiliser ses réseaux de connaissances régionaux pour s’assurer des soutiens un peu partout en Tunisie avec, à la clé, l’inauguration d’une quinzaine de bureaux locaux sur le territoire, une particularité pour un candidat indépendant.
Souvent sur la route, d’un abord facile, il incarne une certaine fraicheur dans un paysage politique déjà marqué par l’usure de ses 4 dernières années de dissensions politiques.
Sérine El Anes