Pourquoi Rached Ghannouchi a-t-il boudé la célébration de la fête de la femme à Carthage?

Pourquoi Rached Ghannouchi a-t-il boudé la célébration de la fête de la femme à Carthage?

C’est la deuxième fois depuis l’investiture de Béji Caid Essebsi à la présidence de la République, que son « allié » Rached Ghannouchi n’assiste pas, comme d’habitude aux premières loges, à la célébration d’une fête nationale au palais de Carthage. Officiellement, il se trouve à l’étranger pour un déplacement programmé d’avance.  Mais la réalité est toute autre. Ghannocuhi a été reçu par Béji Caid Essebsi la semaine dernière et lui a remis une lettre comportant les remarques et les observations de son mouvement à propos du contenu du rapport de la Colibe. Il a souhaité que le président sursoie à l’annonce de toute initiative qui pourrait embarrasser Ennahdha et contribuer à diviser davantage les Tunisiens. Or, le chef de l’Etat lui a fait savoir qu’il proposerait l’amendement du Code du statut personnel pour assurer l’égalité successorale. Ce qui n’a pas été du goût de Ghnnouchi qui ne s’attendait pas à une fin de non recevoir de la art de son « ami intime ». Car, l’égalité successorale est un véritable point de discorde. Elle a provoqué une véritable levée de boucliers chez les islamistes et leurs alliés qui ont, déjà, crié à l’hérésie et accusé la Colibe de mécréance.

Par sa présence, Rached Ghannouchi aurait, de ce fait, cautionné cette initiative et serait discrédité par sa base et une partie des dirigeants de son mouvement, opposés à l’égalité dans l’héritage parce que, selon eux, elle est porte atteinte au Coran et à l’identité arabo-musulmane du pays.

Il est vrai que les rapports entre les deux hommes traversent, ces derniers temps, une passe difficile. Le deal engagé entre eux, il y a cinq ans jour pour jour (13aût 2013) à Paris, commence déjà à chanceler. Le fameux consensus a pris un sérieux coup, notamment ces derniers temps, avec le soutien effectif du mouvement Ennahdha et de son groupe parlementaire au chef du gouvernement Youssef Chahed dont le président et Nidaa Tounes veulent le départ. La plénière du 28 juillet dernier consacrée au vote de confiance au nouveau ministre de l’intérieur a illustré l’incapacité du chef de l’Etat et de son parti à faire face à l’intransigeance d’Ennahdha, d’où le revirement de dernière minute du groupe de Nidaa pour accorder son vote à Hichem Fourati.

La décision du président de la République a pris tout le monde de cours et va compliquer davantage ses rapports avec Rached Ghannouchi, ce qui risquerait de créer un blocage au niveau de l’institution parlementaire où Ennahdha dispose désormais de la première force avec 68 députés. Elle porterait, également, un coup dur au fameux consensus tant prôné par les deux parties.

L’affaire s’annonce compliquée et l’on voit mal une telle initiative aboutir sans l’accord d’Ennhdha. Les autres groupes parlementaires, à part celui de Mashrou Tounes qui se fissure et le groupe national, ont toujours voté contre les projets de loi du gouvernement.

Toutefois, en osant une telle initiative, le chef de l’Etat, souhaite à l’évidence entrer dans l’histoire comme « un réformateur dans le sillage de l’œuvre pionnière léguée à la postérité par le père de la nation, son illustre prédécesseur Habib Bourguiba. Mais les temps ont changé et n’est pas Bourguiba qui veut.

B.O

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