Quatre blocs parlementaires vont lancer une initiative législative pour parachever le processus de la justice transitionnelle
Le président du bloc parlementaire de Nidaa Tounes, Sofiene Toubal, a annoncé samedi le lancement par quatre blocs parlementaires (Nidaa Tounes, Machrou Tounes, le bloc Al Watania et Afek Tounes) d'une nouvelle initiative législative pour permettre le parachèvement du processus de la justice transitionnelle en cas de non prolongation du mandat de l'Instance Vérité et Dignité (IVD).
"Ces quatre blocs parlementaires sont d'accord sur la nécessité de respecter et parachever le processus de justice transitionnelle", a précisé Toubal lors d'une conférence de presse tenue au siège de l'Assemblée des Représentants du Peuple.
Commentant la grande confusion qui a régné dans l'hémicycle lors de la séance matinale consacrée au vote sur la prolongation du mandat de l'IVD, le président du bloc de Nidaa Tounes a indiqué que "les quatre groupes ont été harcelés et ce qui s'est passé a transmis un message négatif au peuple tunisien et aux observateurs des affaires publiques".
De son côté, le président du bloc Al Watania, Mustapha Ben Ahmed, a condamné « le climat chaotique et la censure des opinions qui ont marqué la plénière » et dont les auteurs sont des députés "qui ne croient pas à la divergence des points de vue, à la démocratie et aux institutions".
"L'avancement du processus de justice transitionnelle est quasiment à l'arrêt après quatre ans de son lancement par l'IVD", a-t-il estimé, accusant la présidente de l'Instance de "semer la sédition et la division entre les Tunisiens et de transformer l'IVD en un organe de propagande pour réécrire l'histoire et l’altérer".
Pour Hassouna Nasfi (Bloc de Machrou Tounes), un grand nombre de députés s'opposaient à la tenue de la plénière et ont délibérément voulu entraver ses débats, "en témoigne leur présence et leur participation aux discussions sans s'inscrire au préalable".
Il a critiqué vivement "la volonté de certains députés de perturber la séance en lançant des menaces et des slogans", s'indignant de la menace d'un député de se faire sauter dans l'hémicycle. Nasfi a estimé qu'on ne peut résumer le processus de justice transitionnelle à l'IVD « car c'est un processus qui va se poursuivre après le 31 mais », date de l'expiration du mandat de l'Instance.
La présidente du bloc de Afek Tounes, Lilia Younes, a indiqué que ce qui s'est passé samedi lors de la plénière "a été une tentative de contourner la démocratie", condamnant la violation du droit à l'expression des députés et « l'agression verbale de certains d'entre eux, en premier lieu le président de l'ARP ». "Nous sommes pour le redressement du processus de la justice transitionnelle et le contrôle de l'IVD qui a dilapidé beaucoup d'argent de la communauté nationale", a-t-elle ajouté.
Pour sa part, le vice-président de l'ARP, chargé de la communication, Mohamed Ben Souf, a affirmé que l'IVD a présenté un rapport d'une page au bureau de l'ARP sur sa décision de prolonger son mandat d'un an. Il a rappelé le droit du parlement de contrôler toutes les instances constitutionnelles, y compris l'IVD.
Le président de l'ARP, Mohamed Ennaceur, a levé samedi soir la plénière consacrée au vote sur la prolongation ou non du mandat de l'Instance, pour la reprendre lundi prochain, sur proposition du président du bloc parlementaire du parti Ennahdha, Noureddine Bhiri, rappelle-t-on. Il avait interrompu auparavant la plénière après la confusion qui a régné dans l'hémicycle et l'impossibilité pour la présidente de l'IVD, Sihem Ben Sedrine, de prononcer son allocution, avant de se résoudre à quitter le parlement.
Elle a déclaré à la presse avoir décidé de se retirer de la plénière après avoir pris l'autorisation du président de l'ARP "en raison de la forte tension entre les députés" qui l'a empêchée de justifier les raisons de la décision de l'IVD de prolonger son mandat.
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