Rapport SANAD 2024-2025 : Bilan d’une année d’engagement

A l’occasion de la journée internationale en soutien aux victimes de torture et mauvais traitements, le 26 juin, SANAD publie aujourd’hui son rapport d’activité couvrant la période de juin 2024 à mai 2025.
Pendant cette période, SANAD a accueilli 166 nouveaux bénéficiaires, victimes directes et indirectes de torture et mauvais traitements aux multiples facettes : des violences fondées sur la discrimination raciale ou sexuelle, au harcèlement policier en lien avec le fichage, en passant par les agressions parfois graves sur la voie publique, dans les postes de police, en prison et ayant dans certains cas conduit à la mort de la victime.
SANAD Care a ainsi accompagné des nombreux bénéficiaires, nouveaux comme anciens, dans la reconstruction de leur vie et la réparation des dégâts souvent terribles occasionnés par la violence d’État sur les plans psychologique, social et médical. Les histoires d’Eyad, Aicha, Bayrem, Asma et bien d’autres racontées dans le rapport témoignent de l’impact crucial de l’assistance pluridisciplinaire offerte par l’équipe SANAD sur leur vie.
Conscient que chaque parcours est unique, SANAD adapte son assistance aux besoins spécifiques de chaque bénéficiaire. Cette approche est rendue possible grâce à un réseau de professionnels et des partenaires institutionnels, comprenant des médecins et psychologues, des avocats spécialisés, ainsi que des associations et des institutions publiques. C’est dans cette complémentarité d’expertises que réside l’une des principales forces du programme.
« SANAD est une aventure humaine menée avec et pour les victimes de torture et mauvais traitements afin de rétablir leur dignité. C’est aussi l’histoire d’une lutte déterminée pour la justice et contre l’impunité », dit Me Mokhtar Trifi, doyen et vice-président de l’OMCT.
Pendant l’année écoulée, SANAD Elhaq a fourni à ses bénéficiaires une assistance juridique adaptée à chaque cas, selon des modalités d’intervention réajustées continuellement en fonction de l’évolution de la situation mais aussi du contexte politique et sécuritaire. SANAD Elhaq a ainsi donné de nombreux conseils juridiques, accompagné des bénéficiaires dans des démarches administratives ainsi que lors de convocations policières douteuses. Cette assistance juridique de proximité a permis d’améliorer concrètement la vie de plusieurs victimes. En parallèle, le groupe d’action judiciaire de SANAD Elhaq a poursuivi et initié de nouveaux contentieux techniques stratégiques dont l’issue demeure suspendue au devenir de l’état de droit actuellement mis à mal.
Enfin, au-delà d’un bilan d’activités, le rapport SANAD est un outil de sensibilisation et de plaidoyer. Il rappelle que la torture n’est pas un phénomène du passé mais reste une pratique actuelle, insidieuse, capable de frapper n’importe qui, à n’importe quel moment. Ce rapport invite à la vigilance, à l’engagement et à la solidarité, pour construire ensemble une société plus juste et plus humaine.
Index mondial de la torture
Le 26 juin 2025 est aussi l’occasion de la publication de la première édition de l’Index mondial de la torture. Piloté par l’OMCT et basé sur l’expertise de ses 200 associations membres, l’Index représente la première analyse globale conçue pour évaluer le risque de torture et mauvais traitements à travers le monde. Il offre aux décideurs politiques, médias, militants associatifs et au grand public une perspective objective sur la torture dans les différents pays et propose des recommandations-clés ainsi que des bonnes pratiques pour éradiquer la torture et l’impunité.
La première édition concerne 26 pays, dont la Tunisie. L’analyse méthodique et statistique des données collectées par l’Alliance contre la torture concernant différentes dimensions du phénomène tortionnaire a abouti à la classification de la Tunisie comme présentant un « risque élevé » en matière de torture et mauvais traitements. Le rapport d’activité de SANAD donne chair à ce constat à travers les histoires de ses bénéficiaires
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