Sommet Russie-Afrique: Le blé russe pour s'assurer le soutien des pays africains
Le deuxième sommet Russie-Afrique débutera demain, 27 juillet, à Saint-Pétersbourg en Russie, qui verra la participation de pas moins de 17 chefs d'Etat africains (plus quatre chefs de gouvernement). La Tunisie y sera représentée par la ministre des affaires étrangères Nabil Ammar.
Un rendez-vous important, qui en est maintenant à sa deuxième édition (après celui de Sotchi en 2019) et qui, cette année prend encore plus d'importance. Le sommet, qui durera deux jours et comprendra également un forum économique et humanitaire Russie-Afrique, intervient en effet dans le contexte du conflit en Ukraine et, surtout, un peu plus d'une semaine après l'échec du renouvellement de l'accord sur le blé par Moscou. Ce qui dénote la volonté manifeste de la Russie de s'accaparer des parts du marché ukrainien en Afrique, d'augmenter ses revenus grâce à la hausse du prix du blé et en même temps de se présenter comme un " pays ami " du continent africain. "Malgré les sanctions, la Russie continuera à travailler vigoureusement sur l'approvisionnement en céréales, en nourriture, en engrais et autres fournitures pour l'Afrique", a déclaré le président russe Vladimir Poutine.
La tentative russe de remplacer les exportations de céréales ukrainiennes est déjà en cours depuis un certain temps. En Egypte– premier importateur mondial de blé – depuis le début du conflit, les exportations céréalières russes sont passées de 50 à 57 %, tandis que l'Algérie a commandé plus de 300 000 tonnes. Selon Poutine lui-même dans le document intitulé « La Russie et l'Afrique », plus de 11,5 millions de tonnes ont été envoyées en Afrique en 2022 et environ 10 millions de tonnes ont été livrées au cours du seul premier semestre 2023.
L'Afrique est connue pour être l'une des régions les plus vulnérables du monde en termes de sécurité alimentaire, malgré le fait que l'agriculture emploie plus de 60% de sa main-d'œuvre et contribue à environ un tiers du produit intérieur brut (PIB) du continent. La seule façon de résoudre ce problème est d'atteindre la souveraineté alimentaire. C'est une possibilité réaliste en raison de l'immense potentiel agricole du continent. Les experts estiment que 60 % des terres fertiles de l'Afrique sont sous-utilisées. C'est de cela, en particulier, que les participants au sommet de Saint-Pétersbourg discuteront, en particulier ce qui est nécessaire pour réaliser ce potentiel et comment la Russie peut aider l'Afrique à développer son infrastructure agricole.
Un autre des objectifs du sommet, du point de vue de Moscou, est de mettre un terme à la surproduction de céréales russes, estimée pour cette année à environ 130 millions de tonnes, qui s'est traduite par un excédent qui n'a pas trouvé de débouchés, avec les problèmes inévitables manque d'espace pour le stockage et le transport.
Au cours du premier sommet de Sotchi, en 2019, le président russe Vladmir Poutine a promis de doubler le commerce de la Russie avec l'Afrique en cinq ans à 40 milliards de dollars. Depuis lors, cependant, le commerce russe avec le continent a chuté à 14 milliards de dollars et reste déséquilibré, la Russie exportant sept fois plus qu'elle n'importe d'Afrique. 70 % de ces échanges sont concentrés dans quatre pays seulement : l'Égypte, l'Algérie, le Maroc et l'Afrique du Sud (source : Centre africain d'études stratégiques du département américain de la Défense).
La Russie investit très peu en Afrique, ne représentant que 1 % des investissements étrangers directs (IDE) destinés au continent. Le PIB de la Russie a également diminué en valeur, passant de 2 300 milliards de dollars en 2013 à 1 800 milliards de dollars en 2021. Malgré cela, L'influence russe en Afrique s'est considérablement renforcée depuis le premier sommet Russie-Afrique. Cela a été en grande partie réalisé grâce à la pénétration du groupe Wagner et au soutien militaire, politique et commercial à des régimes autocratiques ou putschistes (c'est le cas, par exemple, de la Libye, de la République centrafricaine, du Mali et du Burkina Faso).
Il convient également de rappeler que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a effectué au moins huit visites en Afrique depuis que la Russie a lancé son attaque contre l'Ukraine en février 2022.
Source: Nova
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