Tunisie: Les hôteliers sonnent la révolte !
La proposition d’un article dans le cadre de la loi de finance complémentaire pour l’exercice 2014, relatif à la création d’une société de gestion des actifs dans le secteur touristique, a surpris les hôteliers et les a poussés à réagir pour tenter de bloquer ce projet.
Une conférence-débat vient dans ce sens d’avoir lieu, jeudi soir à l’hôtel Nahrawess à Hammamet. Elle a réuni les grands acteurs du secteur du tourisme en Tunisie.
Experts, représentants de la FTH, de la FTAV, journalistes spécialisés et même députés ont à cette occasion débattu de ce fameux projet de loi relatif à la création d'une AMC (société de gestion d'actifs), proposé dans le projet de loi de finances complémentaire.
Lors des débats, les professionnels se sont déclarés conscients de la gravité du problème des dettes, de la difficulté de rembourser ces crédits impayés par le biais des mécanismes traditionnels et ont reconnu que cette situation a trop duré.
Néanmoins, ils ont convenu que la création de l’AMC n’est pas la solution idéale et qu’elle risque de paralyser encore plus le secteur surtout que le ministère a créé une commission afin de trouver d’autres solutions pour résoudre le problème des dettes.
Les présents ont exprimé leur refus de cette solution imposée par la Banque Mondiale, surtout que le texte proposé donne des attributions illimitées à l’AMC au détriment de l’hôtellerie.
A l’égard de tous ses collègues présents, le Président de la Fédération Tunisienne de l’hôtellerie Radhouen Ben Salah, a indiqué que ce projet de loi ne pourra pas être accepté.
Selon lui, cette loi va à l’encontre des articles de la nouvelle Constitution en donnant à cette société des attributions délimitées et en privant les hôteliers du droit de recours.
Ben Salah a indiqué que les hôteliers sont prêts à honorer leurs engagements malgré la conjoncture catastrophique qui les a trop lésés ces dernières années.,Mais il a appelé dans ce sens à définir une démarche plus claire et à proposer des solutions applicables.
De son côté, Mohamed Ali Toumi, président de la FTAV, a indiqué qu’il n’y a pas de raison pour que cette loi controversée soit promulguée dans la loi de finance complémentaire de l’année 2014, surtout qu’elle n’aura pas d’impact direct sur le budget de l’Etat.
Toumi a d’un autre côté signalé une certaine ambigüité dans le texte et a noté que la création de cette société de factoring risque de provoquer d’énorme abus et problèmes de gestion, surtout si le texte est adopté dans sa version actuelle.
A la fin de cette rencontre, les présents ont convenu de tracer un plan d’action urgent dont l’objectif est de bloquer la promulgation de cette loi. Une campagne de sensibilisation auprès des députés a été prévue dans ce sens, avec des rencontres directs pour les convaincre des risques de la création de l’AMC sur l’avenir du tourisme en Tunisie. Une campagne médiatique a été, d’un autre côté, prévue pour sensibiliser l’opinion publique, de la gravité de la situation.
En somme, tous les acteurs du tourisme rencontrés lors de cette chaude soirée ramadanesque à Hammamet semblent être déterminés à s’opposer à cette loi, surtout qu’ils bénéficient du soutien de l’UGTT scandalisé à l’idée de voir l’avenir de nos hôtels, fleurons de notre tourisme, hypothéqués chez les étrangers.D’ailleurs un communiqué commun entre la FTH et l’UGTT semble sur le point d’être édité pour dénoncer ce projet de loi qui fera couler beaucoup d’encre.
Cheker Berhima