Tunisie: Pour une meilleure employabilité

Les accords de partenariat internationaux, ainsi que l'accès grandissant aux technologies de l'information

et l'ouverture des universités privées; toutes ces mesures  visent à faire valoir l'une des ressources les plus riches dont dispose la Tunisie : ses ressources humaines. Le pays a longtemps été considéré comme un leader régional en matière d'éducation. Cependant, un certain nombre d'initiatives supplémentaires devraient permettre de faire le pont entre l'apprentissage scolaire et l'acquisition de compétences professionnelles à l'heure où le pays s'efforce de réduire son taux de chômage.

En visite officielle en Tunisie les 8 et 9 février, Xavier Darcos, ministre français de l'Education nationale, a annoncé l'approfondissement des liens bilatéraux qui unissent la Tunisie et la France à travers le renforcement de la formation technique, technologique et professionnelle ainsi que la covalidation et la reconnaissance mutuelle des diplômes.

L'accord de coopération facilitera l'établissement d'un programme d'échange de professeurs et le jumelage entre établissements et régions, à commencer par une affiliation entre l'Académie de Besançon et la Direction générale de l'éducation et de la formation du gouvernorat de Nabeul. Côté français, les Académies de Créteil, Nantes, Nice, Lille et Bordeaux ont aussi manifesté leur souhait d'établir des programmes de coopération avec les établissements tunisiens.

Le jour même où l'accord entre Besançon et le gouvernorat de Nabeul était conclu, la Faculté française Paris-Dauphine annonçait l'ouverture d'une nouvelle antenne à Tunis, qui devrait ouvrir ses portes à la rentrée 2009-2010. Baptisée « Dauphine Tunis », l'université offrira des cours d'économie, de gestion et de droit en Master 1 et 2 dès la rentrée, et prévoit de mettre en place pour la rentrée 2010 l'équivalence des diplômes européens (Licence, Master, Doctorat - LMD).

Si la France est le partenaire le plus actif de la Tunisie en matière d'éducation, d'autres pays européens ont annoncé leur volonté d'engager des projets de coopération comparables.

La ministre luxembourgeoise de l'éducation nationale et de la formation professionnelle, Mady Delvaux-Stehres, s'est rendue en Tunisie les 26 et 27 janvier pour l'inauguration, aux côtés du ministre tunisien de l'éducation et de la formation, M. Hatem Ben Salem, du collège technique de Radès, dont la mise à niveau technique et administrative a été réalisée de 2005 à 2008 dans le cadre de la coopération tuniso-luxembourgeoise dans le domaine éducatif.

La Grande-Bretagne a aussi tiré son épingle du jeu, avec la signature d'un protocole d'accord à la mi-janvier visant à promouvoir l'enseignement de l'anglais dans les écoles, grâce à la mise en oeuvre d'un programme qui s'étalera sur huit années et qui mettra à disposition des élèves de nouveaux supports et de nouveaux livres pour l'apprentissage de la langue anglaise au niveau primaire et secondaire. L'emploi est encore une fois au coeur de ce projet, dans la mesure où le renforcement des capacités linguistiques permettra aux jeunes d'augmenter leurs perspectives d'embauche.

Etant donné l'augmentation prévue du chômage en 2009, à hauteur de 13,8% selon le Fonds monétaire international (FMI), la concurrence sur le marché de l'emploi est devenue une réalité pour les jeunes diplômés. Les employeurs ne sont pas en mesure d'absorber le flux de jeunes diplômés qui entrent sur le marché. 19% d'entre eux étaient inscrits au chômage en 2007, un chiffre qui est appelé à atteindre 25% d'ici 2011, selon le programme des Nations Unies pour le développement (PNUD).
 
Les nouveaux accords de partenariat internationaux permettront néanmoins de soutenir les efforts de la Tunisie visant à valoriser les filières professionnelles, particulièrement à travers l'intégration de nouvelles technologies de l'information et de la communication (TIC) dans les établissements éducatifs et l'accroissement du rôle des universités privées et spécialisées.

Le gouvernement entend doter les écoles primaires, les établissements d'enseignement secondaire et les universités d'un ordinateur par classe. L'objectif est d'atteindre 80 000 ordinateurs pour 70 000 classes d'ici à la fin de l'année. Les TIC seront intégrées dans tous les programmes d'études, non seulement dans les écoles d'ingénieurs mais aussi dans les établissements qui dispensent un enseignement linguistique ou culturel, de manière à mieux préparer les étudiants au marché de l'emploi.

Bien que l'enseignement privé ne puisse encore prétendre rivaliser avec le système d'éducation public - qui offre un enseignement de qualité gratuit - les universités privées sont de plus en plus prisées. Ces établissements permettent de désengorger les universités publiques surpeuplées, et sont plus flexibles et donc à même de répondre plus vite aux impératifs du marché du travail.

Les établissements privés offrent des formations dans des domaines aussi variés que le commerce, les technologies de la communication et le tourisme. En outre, elles incluent généralement dans leurs programmes une année d'étude à l'étranger .

Elles sont par ailleurs favorables aux partenariats avec les établissements étrangers, comme en témoigne le partenariat conclu entre l'Ecole tunisienne supérieure privée d'informatique et des technologies (ESPRIT) et les universités françaises suivantes : l'Ecole internationale des sciences du traitement de l'information (EISTI), Télécom Lille et l'Ecole nationale supérieure des mines (ENSM) de Saint-Etienne. Un autre exemple : le partenariat entre la Mediterranean School of Business (MSB) et l'université américaine Maryland School of Business ainsi que l'université de Waterloo au Canada.

Ces partenariats internationaux sont propices à valoriser les universités tunisiennes. Certains partenaires offrent même la possibilité d'obtenir un double diplôme, comme l'Ecole supérieure des communications de Tunis et Télécom Paris Tech.

Ces programmes de coopération permettront à la Tunisie d'améliorer un système éducatif déjà performant. En effet, le pays a engagé des fonds importants dans le domaine de l'éducation. Ainsi, le projet de budget 2009 du ministère de l'éducation et de la formation a été fixé à 2,8 milliards de dinars (1,56 milliard d'euros) - soit 16% du budget total.

Selon le rapport 2008-2009 du Forum économique mondial (FEM) sur la compétitivité mondiale, la Tunisie figure au second rang des pays arabes et en tête de liste des pays africains en ce qui concerne la qualité de son système éducatif, et arrive en 17ème position au classement mondial. Par ailleurs, l'amélioration de la connectivité des TIC permettra de renforcer l'accès Internet dans les écoles, bien que le pays pointe à la 34ème position dans ce domaine dans le rapport FEM.

Si les indicateurs relatifs au système éducatif national sont solides, la persistance d'un taux de chômage élevé indique qu'il faut aller plus loin pour mieux exploiter le potentiel des jeunes diplômés. Les initiatives récemment mises en oeuvre constituent un bon point de départ.

 

source: Oxford Business Group