Améliorer la couverture des demandes additionnelles d'emploi en Tunisie
La Tunisie est parvenue, au cours des dernières années, à maîtriser le taux du chômage et à le stabiliser au niveau de 14 %
, en dépit de l'augmentation sans cesse croissante et sans précédent des demandes additionnelles d'emploi.
Les demandes additionnelles d'emploi se situent, en moyenne, autour de 87 mille nouvelles demandes chaque année au cours de la période du XIème plan de développement (2007/2011). Néanmoins, le taux général du chômage a baissé à 14,1 % en 2007 contre 14,3 % en 2006.
Des experts en Tunisie affirment que le taux général du chômage aurait dépassé, aujourd'hui, les 16 %, n'eurent été les programmes d'impulsion de l'emploi mis en oeuvre par l'Etat.
Pour réduire d'au moins un pour cent le taux du chômage, les efforts sont axés sur la création de 412 mille nouveaux postes d'emploi au cours de la période allant de 2007 à 2011, ce qui permettra d'atteindre le taux 13,4 %.
L'augmentation des demandes additionnelles d'emploi s'explique par l'augmentation du nombre de la population active dont le nombre s'élève aujourd'hui à trois millions 500 milles.
La femme représente 25,3 % de la force du travail en 2007 contre 19,5 % en 1984, un taux respectable dans l'environnement régional de la Tunisie où l'élément féminin n'est pas pris en compte dans plusieurs pays lors du calcul du taux du chômage, ce qui donne une fausse impression d'un taux de chômage réduit.
Dans ses deux programmes électoraux de 1999 et de 2004, le président Ben Ali a placé l'emploi au premier rang des priorités nationales.
La Tunisie accorde à l'emploi des titulaires de diplômes de l'enseignement supérieur une importance particulière compte tenu de deux facteurs essentiels à savoir, l'évolution continue du nombre des diplômés universitaires qui est passé de moins de 4500 en 1987 à 21 mille en 2000 et à 54 mille en 2007, et le chômage qui touche 19 pc de cette catégorie.
Au cours du prochain quinquennat, le nombre des diplômés du supérieur atteindrait plus de la moitié des demandes additionnelles d'emploi. Cette évolution constitue un indicateur de modernité sociale et le fruit de "la démocratisation" de l'enseignement en Tunisie où l'ensemble des catégories sociales ont profité de la gratuité de l'enseignement dans ses différents cycles.
Diplômés des universités et stages d'initiation à la vie professionnelle (SIVP)
Le conseil ministériel tenu, jeudi 3 juillet, sous la présidence du chef de l'Etat, a décidé une série de mesures visant à améliorer la couverture des demandes additionnelles d'emploi dans le pays.
Parmi ces mesures figure l'augmentation des fonds alloués, au titre de l'année 2008, au régime " stage d'initiation à la vie professionnelle" (SIVP) relatif aux diplômés des universités pour s'étendre à six mille nouveaux bénéficiaires, de manière à ce que le nombre total atteigne 36 mille contre seulement 30 mille diplômés prévus au début de cette année.
Les stages au titre de l'année 2008 coûteront à l'Etat environ 38 millions de dinars, contre 32 millions de dinars initialement prévus, soit une augmentation de six millions de dinars. La demande des diplômés de l'enseignement supérieur sur les SIVP ne cesse d'augmenter au fil des années. Le nombre de ces stages a passé de 13 mille en 2004 à plus de 31 mille en 2007 et de 36 mille en 2008.
La Tunisie a appliqué le régime du SIVP, relatif aux diplômés des universités depuis 1987, afin de renforcer l'insertion de cette catégorie dans le marché d'emploi.
Dans le cadre de ce régime, est considéré un diplômé de l'enseignement supérieur tout bachelier ayant accompli avec succès deux années au moins auprès de l'un des établissements de l'enseignement supérieur. Le stage dure une année renouvelable à titre "exceptionnel" une seule fois, moyennant sa poursuite au sein du même établissement dans lequel le premier stage a été effectué et l'obligation à la charge de l'entreprise de recruter le bénéficiaire à la fin du deuxième stage. Il est du droit du même bénéficiaire du SIVP de tirer profit d'un "deuxième stage" auprès d'une deuxième entreprise autre que celle dans laquelle il a effectué le premier stage.
L'Etat exonère les entreprises, dans le cadre desquelles se déroulent les stages, du versement de la couverture sociale destinée au bénéficiaire du SIVP durant la durée du stage. Le bénéficiaire du SIVP reçoit une prime octroyée par l'Etat et une autre complémentaire versée par l'entreprise dans le cadre de laquelle il effectue son stage.
Le secteur privé et l'emploi des diplômés de l'enseignement supérieur
Le secteur privé est désormais l'employeur principal des nouveaux venus sur le marché de l'emploi en Tunisie, étant donné qu'il a permis la création de 91 pc des nouveaux postes d'emploi en 2007.
Le gouvernement veille à assigner à ce secteur un rôle plus important dans l'emploi des nouveaux diplômés des universités. Dans ce but, le chef de l'Etat a ordonné l'organisation d'une compagne auprès du secteur privé pour le inciter au recrutement des diplômés des universités de manière à améliorer l'encadrement des entreprises et à renforcer leur compétitivité.
Cette campagne nationale sera organisée en collaboration avec les organismes de l'emploi et l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat à travers une opération de sensibilisation à la nécessité d'améliorer l'encadrement au sein des entreprises du secteur privé. On désigne par taux d'encadrement, la moyenne des cadres diplômés des universités recrutés par les entreprises économiques. Actuellement ce taux ne dépasse pas en Tunisie les 14 pc contre un taux qui varie entre 20 et 25 pc dans les pays de l'UE, premier partenaire économique de la Tunisie. Les experts soulignent que plus les taux d'encadrement sont élevés plus la compétitivité des entreprises s'améliore.
Le gouvernement n'a cessé d'oeuvrer en faveur du soutien de l'investissement privé dans les secteurs embauchant les diplômés des universités dont notamment les secteurs des technologies de l'Information et de la Communication, de l'innovation technologique et des services.
Grands projets et pré-recrutements
Les entreprises économiques qui ont lancé de grands projets d'investissement en Tunisie, à l'instar de l'émiratie ''Sama Dubai'', ont exprimé le besoin de recruter des cadres et des techniciens tunisiens pour la réalisation de leurs projets, notamment dans les spécialités de génie civil, d'architecture et d'ingénierie ainsi que dans les domaines de la sécurité au travail et de la gestion administrative. Les bureaux d'emploi tunisiens se sont préparés afin de satisfaire à cette demande, en coordination avec les établissements de formation professionnelle, d'enseignement supérieur et de recherche scientifique.
Le chef de l'Etat a ordonné, lors du conseil ministériel tenu le 3 juillet, de mettre en place un plan de pré-recrutements, afin de répondre aux besoins des grands projets en cadres et techniciens tunisiens.
Compétences tunisiennes et nouveaux marchés du travail
Les cadres tunisiens travaillant à l'étranger, dans le cadre de la coopération technique, ont donné à maintes reprises la preuve d'une grande compétence dans divers domaines suscitant respect et considération de nombreux pays.
Le Président Ben Ali avait ordonné d'élargir les prérogatives de l'agence tunisienne de coopération technique afin qu'elle puisse assurer le recrutement des cadres et techniciens tunisiens sur de nouveaux marchés, comme l'Australie et le Canada, en plus des marchés traditionnels en Europe et dans les pays du Golfe.
L'Australie constitue un marché prometteur pour la Tunisie, notamment à la suite de la décision adoptée fin juin 2008 d'ouvrir une ambassade à Canberra.
Associations de développement et micro-crédits
Il a en outre été décidé, lors du conseil ministériel, d'augmenter les budgets alloués au financement des petits projets par les associations de développement, ce qui devrait permettre d'accroître le nombre de bénéficiaires de ces programmes de 72 mille à 90 mille en 2008. Le montant global des nouveaux fonds alloués est de 18 millions de dinars.
L'association de développement est une organisation non-gouvernementale soumise à des lois régissant les associations. Ses programmes d'action sont annuels et son champ d'action est géographiquement délimité.
L'association de développement bénéficie d'une autorisation du ministère des finances pour accorder des micro-crédits plafonnés à 4 mille dinars, en vue d'assurer des ressources aux familles à revenus limités, notamment dans les régions prioritaires de l'intérieur du pays. Au moins une association de développement par délégation devrait être opérationnelles d'ici fin 2009.
Le Fonds national pour l'emploi 21/21, créé en 2000, assure les ressources financières nécessaires au fonctionnement de ces associations, à travers la Banque nationale de solidarité.
En 2008, près de 136 mille bénéficiaires profiteront des différentes activités du fonds (micro-crédits, travail rémunéré, la formation, formation complémentaire), pour un budget annuel de 100 millions de dinars.
Le Fonds national pour l'emploi a profité, depuis sa création et jusqu'au mois de juin 2008, à plus de 818 mille bénéficiaires, pour un montant global de plus de 682 millions de dinars.
Programme supplémentaire exceptionnel des chantiers nationaux et régionaux
Le ministère de l'Agriculture et des Ressources hydrauliques fournit, dans le cadre des chantiers nationaux de lutte contre l'érosion, la désertification et la protection des forets, des emplois saisonniers pour les personnes à faible revenu.
D'autres postes d'emploi sont créés, chaque année, dans le cadre des chantiers régionaux de propreté organisés par les conseils régionaux relevant des gouvernorats.
A cet égard, une enveloppe de 45,8 MD et une autre de 39,3 MD ont été consacrées pour financer respectivement les chantiers nationaux et régionaux au titre de l'année 2008, lesquels vont générer plusieurs jours de travail au profit de plus de 56 mille personnes.
Une enveloppe supplémentaire de l'ordre de 15 MD a été décidée par le Chef de l'Etat au titre du budget des chantiers nationaux et régionaux pour 2008. Celle-ci va permettre de créer de nouveaux jours de travail pour 20,5 mille ouvriers dans les milieux rural et urbain.
Recrutement dans la fonction publique
Partant du principe de la consécration de l'égalité des chances et de la transparence en matière de recrutement dans la fonction publique et dans les entreprises du secteur public, le chef de l'Etat a ordonné d'adopter des critères précis de recrutement.
A noter que le secteur public créé chaque année 12 mille nouveaux emplois. Depuis deux années, la méthode de l'épreuve des questions à choix multiples (QCM) a été adoptée dans certains concours de la fonction publique et sera généralisée progressivement, tout en conférant le principe de la décentralisation des concours.
Des objectifs ambitieux en matière d'emploi notamment des diplômés du supérieur ont été tracés par la décennie 2007-2016, lesquels portent sur la réduction de 4 points du taux de chômage. Toutefois, la réalisation de ces objectifs est tributaire de l'augmentation du taux de croissance pour le porter à 6 pc par an durant cette période.
A signaler qu'une consultation nationale sur l'emploi sera organisée au cours de l'année 2008 et qui devra aboutir à des solutions et des suggestions à même d'accélérer le rythme de création d'emplois et de résorber le chômage en Tunisie.