Anniversaire de l’UMA, le rêve est-il encore permis ?
Il y a 29 ans, jour pour jour, le 17 février 1989, les chefs d’Etat des cinq pays du Maghreb annonçaient en grandes pompes dans la ville marocaine de Marrakech, la naissance du « l’Union du Maghreb Arabe ». Plus aucun d’entre eux n’est encore aux commandes. Trois sont morts et deux vivent en exil. Le premier le Roi du Maroc Hassen II est décédé le 23 juillet 1999, après un règne de 38 ans, et c’est son fils Mohamed VI qui lui a succédé en toute douceur et dans le respect de la constitution monarchique du pays. Le second, le président algérien Chadli Ben Jedid a « été déposé par l’armée », le 12 janvier 1992 après l’interruption du processus électoral et il est mort en silence le 6 octobre 2012. Le troisième, le colonel libyen Mouammar Kadhafi a connu une mort atroce au cours d’un véritable lynchage le 20 octobre 2011 dans les environs de sa ville natale Syrte, après avoir passé 42 ans à la tête de sa « Jamahiriya ». Le quatrième, le président mauritanien Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya a survécu à un putsch militaire le 3 juin 2005 et a obtenu l’asile politique au Qatar. Le dernier Zine El Abidne Ben Ali a quitté précipitamment le pays le 14 janvier 2011 à la suite d’un soulèvement populaire et vit en exil en Arabie Saoudite. Destins différents et fin triste pour deux d’entre eux, Ould Sid'Ahmed Taya et Ben Ali, tragique pour Kaddafi.
Aujourd’hui, il ne reste plus de cette UMA qui a suscité tant d’espoir chez plus de 90 millions de citoyens que cette photo immortalisée pour la postérité des cinq fondateurs debout la main dans la main et ce siège dans l’un des quartiers les plus chics de la capitale marocaine Rabat du secrétariat général assuré actuellement par l’ancien ministre tunisien de affaires étrangères Taieb Baccouche qui a succédé à un autre chef de la diplomatie Habib Ben Yahia lequel a passé une dizaine d’années dans cette fonction.
Actuellement, l'Union est coquille vide et ce manque d'intégration coûte cher au Maghreb, dans la mesure où les échanges régionaux qui pourraient se développer sont freinés, en raison de l’affaire du Sahara Occidental qui empoisonne les relations entre Alger et Rabat.
Avant sa fondation, l’Union du Maghreb a été précédé de la réunion tenue par les Cinq chefs d'Etat Maghrébins à Zeralda (Algérie) le 10 juin 1988 au cours de laquelle il a été décidé de constituer une Grande Commission, chargée de définir les voies et moyens permettant la réalisation d'une Union entre les Cinq Etats du Maghreb Arabe. Les travaux de cette grande Commission ont constitué par la suite, le Programme de travail à court et à moyen terme de l'UMA.
Outre la signature du Traité, le Sommet de Marrakech a adopté une Déclaration solennelle relative à la création du l'UMA ainsi que le Programme de travail de l'Union. Depuis six sommets ont été organisés respectivement à :
· Tunis les 21-23 janvier 1990 ,
· Alger les 21-23 juillet 1990 ,
· Ras Lanouf (Libye) les 10-11 mars 1991 ,
· Casablanca (Maroc) les 15-16 septembre 1991 ,
· Nouakchoutt les 10-11 novembre 1992.
· Tunis les 2-3 avril 1994.
Cette date, l’année 1994, marque un tournant dans la région. Le 26 août, une attaque terroriste contre un hôtel de Marrakech fait deux morts et plusieurs blessés parmi les touristes espagnols. Les autorités marocaines l’attribuent aux services de sécurité algériens. Elles décident d’instaurer le visa pour tout Algérien désireux de se rendre au Maroc. L’Algérie, de son côté, applique non seulement la réciprocité mais décide de fermer la frontière terrestre. Depuis, les frontières sont encore verrouillées. Et le rêve de millions de Maghrébins s’est brisé sur le fracas de cette guéguerre entre le Maroc et l’Algérie.
L’actuel secrétaire général Taieb Baccouche, ne désespère pas te continue de croire à cette « flamme » que même « éteinte » on « peut toujours la rallumer ». Il se démène pour « activer les structures qui n’ont pas fonctionné et d’élargir le champ d’action de ce regroupement régional ». Il a prépara un document sur le coût du « non Maghreb » qu’il a soumis aux chefs d’état pour leur prouver que ce statut quo est « très coûteux beaucoup plus qu’on le croit». Pour lui, «un travail politique est nécessaire pour dépasser les antagonismes. Il faut regarder vers l’avenir ».
Mais le rêve est-il encore permis ?
Brahim Oueslati
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