BCE : J’interviendrai dans le dossier de Nidaa si la Tunisie est en danger
L’interview accordée par le président de la République, Béji Caïd Essebsi, à la chaîne de télévision nationale « Al Wataniya1 » a tourné, comme d’habitude, autour des principaux axes de la vie nationale, à savoir notamment les volets politique, économique, social et sécuritaire sans oublier tout un passage sur la crise chez le voisin libyen.
Répondant aux questions de Mourad Zeghidi, qui a conduit l’entretien, BCE a reconnu que la Tunisie se trouve dans une situation très difficile qui ne date pas d’aujourd’hui ou d’hier, mais qui subit les accumulations des aléas depuis l’avènement de la Révolution, voire plus tôt. D’où la nécessité de réagir efficacement et rapidement grâce à une remise au travail et à un sens poussé du sacrifice pour la patrie.
« Notre situation économique nécessite des réformes fondamentales, voire même structurelles. Et la situation des finances publiques n’est pas bonne sans aller jusqu'à dire qu’elle est catastrophique. Il faut assurer une croissance pour garantir les emplois. Il y a des indices positifs, notamment en ce qui concerne la production du phosphate et le tourisme », a-t-il tenu à préciser.
Sur le plan sécuritaire, le président de la République a estimé que les améliorations sont nettes de ce côté-là grâce à une bonne préparation des services militaires et sécuritaires et à l’aide des pays amis dont notamment les Etats-Unis d’Amérique et la France qui ont fourni à notre pays des équipements modernes et sophistiqués, ce qui a permis de réussir de nombreux actions anticipatives sachant que d’ici le moi de juillet prochain, la situation serait totalement maîtrisé. Béji Caïd Essebsi a tenu à mentionner que l’aide étrangère est bien là, mais que toutes les décisions tunisiennes demeurent bien souveraines.
Concernant la situation en Libye, BCE a réitéré sa position exigeant une solution sans ingérence étrangère et rappelé que seule l’Initiative tunisienne se trouve sur la table, soutenue par l’Algérie et l’Egypte tout en mettant l’accent sur le souci de la Tunisie de traiter avec toutes les composantes libyennes à pied d’égalité et de discuter avec les diverses parties prenantes. Même le général Haftar a été invité à venir en Tunisie. Et d’enchaîner que seule la diplomatie officielle est prise en compte.
Traitant de l’avenir du gouvernement d’union nationale, M. Caïd Essebsi affirme que le Document de Carthage reste de mise. C’est une feuille de route à laquelle toutes les parties signataires restent bien attachées, à part le parti de l’UPL de Slim Riahi. A ce propos, il a tenu à insister que Mohsen Marzouk reste lié par ledit Document de Carthage même s’il s’oppose, à certains égards de l’action gouvernementale.
Dans le même ordre d’idées, le chef de l’Etat réaffirme que c’est le chef du gouvernement qui gère son staff tout en assurant que Néji Jelloul n’a pas de litige avec l’UGTT et que tant que le chef du gouvernement juge qu’il s’acquitte de sa mission, il sera bien en place.
BCE a évoqué la situation au sein du parti de Nidaa et reconnu qu’il souffre de certains problèmes mais qu’il reste en dehors de la polémique qui le secoue conformément aux prérogatives que lui impose la Constitution. « Mais si la situation évolue à un point que j’estime dangereux et menaçant pour le pays, je serai obligé d’intervenir », a-t-il renchéri en substance.
Quant à l’accusation portée contre Leila Chettaoui députée et membre de Nidaa, le président de la République a indiqué que cela n’a rien à voir avec le fait qu’elle soit à la tête de la commission parlementaire d’enquête sur l’envoi des jeunes vers les zones de conflit et que rien ne devrait l’en éloigner.
A propos de sa position par rapport à la loi 52, BCE s’est prononcé, de nouveau, contre la peine privative pour les jeunes ayant fumé un joint pour la première fois. « En attendant les amendements adéquats aux lois en question, j’interviendrai par le biais de la grâce présidentielle », a-t-il assuré.
Et de conclure en réitérant que le projet de loi sur la réconciliation nationale reste son initiative. « Il a suscité, certes, une vive polémique mais ce projet demeure la seule solution pour favoriser l’investissement intérieur et étranger ».
Noureddine HLAOUI
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