Détérioration des infrastructures à Tunis : le PPP n’est-il pas la solution
Le hasard fait bien ou mal les choses. Mardi 18 septembre était organisé à Tunis un grand forum international sur le partenariat public privé, le fameux PPP. Trente trois projets sont présentés au cours de ce forum pour un investissement global qui approche les 13 milliards de dinars.
Le soir du même jour des pluies diluviennes se sont abattues sur la capitale. Quand on dit diluvienne, on exagère bien sûr puisqu’il n’y a eu en fait que 70 millimètres de pluie mais le fait que ce volume de précipitation se déverse en un temps court fait que toutes les rues sont inondées, perturbant une circulation déjà dense en temps normal et rendant la vie des Tunisois très pénible. Pour la rentrée du soir certains habitants de Tunis ont mis trois heures alors qu’habituellement ils passaient une demi-heure ou trois quarts d’heure au plus dans la circulation.
En raison des grandes quantités de précipitation, l’évacuation des eaux pluviales s’est inversée et ce sont les égouts qui se sont déversés dans les rues avec leurs odeurs nauséabondes. Ce spectacle désolant, les Tunisois le vivent depuis plusieurs années, sinon plusieurs décennies.
Les pluies automnales sont toujours redoutées. Ni l’Etat, ni la municipalité n’ont pu régler ce problème et on trouve toujours des justifications pour expliquer ce phénomène récurrent qu’on cherche à oublier quelques jours après s’être survenu. Les Tunisois qui vivent ces inondations périodiques dans la crainte et le désarroi tentent tant bien que mal à prendre leur mal en patience et à oublier eux aussi avec fatalisme et beaucoup de philosophie cette tranche de leur vie par laquelle ils sont obligés de passer.
Mais il faut bien comprendre qu’assez, c’est assez. Il est en effet inacceptable, intolérable même que Tunis et ses habitants aient à endurer plus longtemps les conséquences de l’incurie des autorités qu’elles soient nationales ou locales.
Les infrastructures dans la capitale sont dans un état de délabrement tel qu’il n’est plus à la hauteur de la plus grande agglomération du pays mais aussi qu’il est indigne de la Tunisie nouvelle que nous appelons tous de nos vœux.
Une mise à niveau des infrastructures de la capitale et de sa banlieue devient une priorité absolue en faveur de laquelle tous les moyens doivent être mis en œuvre. Pour ce faire, une volonté inébranlable, sinon une détermination à toute épreuve doivent être affichées par les autorités publiques pour corriger les carences, rénover l’ensemble des infrastructures, les moderniser et les mettre au niveau du XXIème siècle.
Si j’ai parlé en introduction de la concomitance des « pluies diluviennes » avec le forum sur le partenariat-public-privé, c’est pour mettre l’accent sur le fait que la rénovation des infrastructures de la capitale ne peut avoir lieu que dans le cadre de ce genre de partenariat.
Certes on annonce parmi les projets proposés au financement la construction d’une nouvelle cité administrative pour quelques deux à trois milliards de dinars, ce qui est une bonne chose, mais cela n’est pas suffisant pour désengorger Tunis, la décongestionner, améliorer ses routes, ses transports publics et mettre à niveau ses infrastructures. En résumé, faire de la capitale une ville viable et vivable pour reprendre les mots utilisés par l’ancien Premier ministre Hédi Nouira.
Comme l’état des finances publiques nationales et communales, ne permet pas d’envisager des travaux de grande envergure dans la capitale, seul le PPP peut être l’instrument à privilégier pour ce genre de projets. D’ailleurs dans les pays développés ce sont en priorité les communes qui font appel à ce genre de financement mettant ensemble les capacités du secteur public avec celles du secteur privé. Le fruit de ce partenariat revient à la communauté qui deviendra in-fine le propriétaire des infrastructures ainsi établies.
La maire de Tunis, Souad Abderrahim semble avoir de l’ambition pour sa ville. Mue par la meilleure volonté du monde, elle n’a pas les moyens de réaliser cette ambition si elle compte sur les seuls moyens de la commune qui ne sont pas extensibles à souhait.
C’est seulement grâce au partenariat-public-privé qu’elle peut envisager une amélioration notableinfrastructures de la capitale, des et cœur battant du pays. Si elle veut gagner le prix de la meilleure maire-femme au monde, la publicité sur sa personne ne suffit pas.
Elle doit faire la démonstration que son accession à la tête de la mairie a permis à sa ville de faire le saut qualitatif qu’on attend depuis des décennies.
Le jour où Tunis deviendra un grand chantier avec des travaux partout pour l’amélioration du quotidien des Tunisois, on dira qu’elle a réussi et méritera alors tous les éloges.
RBR
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