Emoi dans le corps diplomatique : la bourde de Béji Caïd Essebsi ?
Effervescence au ministère des affaires étrangères : le corps diplomatique est en émoi. En cause, un bout de phrase prononcé par le président Béji Caïd Essebsi dans son discours, mardi, de clôture de la conférence annuelle des chefs de mission diplomatiques, permanentes et consulaires.
Après avoir fait l’éloge des jeunes diplomates « qui tirent bénéfice de l’expérience de leurs aînés », le chef de l’Etat a estimé que pour la diplomatie « nous devons choisir les meilleurs, qu’ils appartiennent aux Affaires étrangères ou à d’autres départements. Ils sont tous Tunisiens, l’essentiel, c’est la compétence et l’engagement au service de la Tunisie. »
Il n’en a pas fallu plus pour que ce soit une indication que le président de la République, chef suprême de la diplomatie, ait l’intention de nommer des non diplomates à la tête de certaines missions. Le syndicat du ministère des affaires étrangères a d’ailleurs rapidement repris la balle au bond pour mettre en garde contre la politisation du corps diplomatique et son engagement dans les tiraillements partisans.
Il ne s’agit certainement pas d’une bourde du chef de l’Etat mais peut être de la préparation de l’opinion publique à des nominations politiques lors du mouvement des chefs de mission qui serait annoncé incessamment.
Depuis son accession à la magistrature suprême Béji Caïd Essebsi a nommé deux non-diplomates à des postes d’ambassadeur. Mais le choix ne fut pas des plus heureux.
En effet, nommé ambassadeur à Rabat, l’ancien ministre de l’Intérieur, Najem Gharsalli a été révoqué suite à sa mise en examen dans l’affaire de trahison, d’intelligence avec une armée étrangère et d’atteinte à la sûreté de l’Etat, en cours d’instruction au Tribunal militaire dans laquelle est impliqué Chafik Jarraya. Najem Gharsalli, objet d’un mandat d’amener est actuellement introuvable et il aurait pris la poudre d’escampette.
Quant au second, il s’agit de l’actuel ambassadeur de Tunisie à Paris, Abdelaziz Rassaa, qui fut ministre de l’Industrie et de la technologie dans le gouvernement Béji Caïd Essebsi de mars à décembre 2011. Alors que l’ambassadeur français à Tunis, Olivier Poivre d’Arvor s’est illustré par son activisme, le chef de la mission tunisienne en France est absent des radars depuis sa nomination en janvier 2017 et on n’entend pas parler de lui ni en bien ni en mal, alors qu’habituellement l’ambassadeur tunisien est une figure connue de la scène diplomatique parisienne.
Si la nomination d’un ou deux non-diplomates à la tête de missions diplomatiques est acceptable, ce qui est à craindre c’est de voir de proche en proche les politiques prendre le pas sur les professionnels. Comme ce fut le cas sous Ben Ali quand la quasi-totalité des chefs de mission étaient recrutés parmi le personnel politique.
Ainsi a-t-on vu à un moment la conférence des ambassadeurs se transformer en conseil d’anciens ministres avec en tête un ancien Premier ministre en l’occurrence Rachid Sfar nommé ambassadeur à Bruxelles.
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