Grève des cheminots : mécontentement des jeunes et des plus fragiles
Fort mécontentement ce mardi matin dans la banlieue sud en raison de la grève des conducteurs de trains. Même si ce mouvement social était annoncé, d’ailleurs la SNCFT a tenu à le faire savoir au public à travers un communiqué diffusé par les chaînes radio et télévision, il a été très mal accueilli par les usagers. Le moment était très mal choisi puisque c’est encore la période des examens pour des élèves et des étudiants. Grand nombre d’entre eux ont dû faire de l’autostop quand ils pouvaient trouver qui accepterait de les faire monter dans leur véhicule. Ils étaient très remontés contre les cheminots dont ils ne pouvaient admettre qu’ils les prennent en otage pour faire aboutir leurs revendications.
Mais ce ne sont pas seulement les jeunes qui étaient vivement mécontents, les Tunisiens dans le besoin, les plus démunis et les plus fragiles ont été privés qui pour aller à son travail, qui pour rejoindre d’autres collègues sur un chantier ou dans une petite boutique, qui pour aller au dispensaire ou à l’hôpital pour des soins parfois urgents ou pour des radiographies ou des analyses pour lesquelles on leur a fixé un rendez-vous qui devrait être remis à plus tard. Ces Tunisiens des catégories pauvres ou tout juste moyennes sont ceux qui s’estiment lésés dans un conflit qui ne les concerne pas. Pris en otage, nombre d’entre eux sont dépités, vivement déçus quand ils ne sont pas furieux d’être les seuls à payer la facture sur un sujet pour lequel ils n’assument aucune responsabilité.
Ils sont d’autant plus remontés contre les cheminots que ces derniers choisissent chaque année une période de grosse chaleur coïncidant avec les examens scolaires ou universitaires pour déclencher leur grève. C’est « inadmissible » dit un habitué de la ligne Hammam lif- Tunis, « ce sont nous les pauvres qui sommes pris en otage, les riches, eux ne prennent jamais le train ». « Quel mal avons-nous commis pour que nous soyons obligés de subir cela, pour que nos enfants soient privés d’aller à l’école pour passer leurs examens. Ils risquent de perdre une année pour des raisons qui les dépassent », ajoute-t-il en essuyant des gouttes de sueur qui perlaient sur son front en raison de la chaleur de cette fin mai exceptionnellement chaude. Il n’est pas le seul à dire sa colère sinon sa fureur, une jeune dame son fichu sur la tête était elle aussi très mécontente. « Pourquoi, nous les plus démunis subissons cela, moi j’ai rendez-vous à l’hôpital pris depuis des mois, je vais le rater, je n’ai pas les moyens de prendre un taxi » dit-elle avant de trouver une âme charitable qui l’a prise avec lui dans sa voiture, mais elle n’est pas sûre d’arriver à son rendez-vous à l’heure.
Ce qui encore plus inacceptable, c’est que les autorités n’aient pas convenu avec les syndicalistes de mettre en place un « service minimum » qui aurait permis à certaines catégories d’être épargnées, notamment les élèves, les étudiants et les malades. Cela se fait dans les grandes démocraties, car si le droit de grève doit être garanti, il ne faut pas que ce droit perturbe gravement la vie des gens les plus vulnérables. Prendre ces gens en otage est inacceptable en démocratie.
Pour rappel, selon de le secrétaire général du syndicat de base des conducteurs de train à Tunis, Mohamed Dridi, sur Shems-fm, la grève en cours fait suite au refus de l’administration de répondre favorablement à la demande d’employer des accompagnateurs des conducteurs. Cette demande a été suscitée par la multiplication des accidents tragiques et vise à renforcer la sécurité du personnel, du matériel et des voyageurs, a-t-il ajouté en assurant que le transport sera normal durant la période d’examens du baccalauréat.
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