Large mouvement de solidarité avec les anciens ministres sévèrement condamnés

Large mouvement de solidarité avec les anciens ministres sévèrement condamnés

 

Suite au verdict très sévère  prononcé, vendredi dernier, à l’encontre de trois anciens ministres de Ben Ali, Kamel Haj Sassi, Tijani  Haddad et Samira Khayache, un large mouvement de solidarité et de soutien s’est dégagé autour d’eux pour leur apporter le soutien moral et juridique nécessaires. Alors qu’ils étaient poursuivis, tous le trois en état de liberté et que l’interdiction de voyage leur a été levée, la sentence est tombée comme un couperet, six ans de prison ferme avec application immédiate dans l’affaire du concert de la cantatrice américaine Mariah Carey.

Des partis et des personnalités politiques, des hommes de culture et de  médias, des juristes et des citoyens de tous bords  sont dénoncé cet acharnement judiciaire contre d’anciens hauts commis de l’état, pour la plupart honnêtes et intègres,  dont le seul tord  est d’avoir appliqué des instructions venues de la part de l’ancien président Ben Ali. Ce verdit est qualifié par certains observateurs comme un coup de massue dans ce qui est appelée « réconciliation nationale ».

L’Amicale des anciens parlementaires dont font partie les trois anciens ministres,  et présidée par l’avocat Adel Kaaniche, a créé une cellule de crise examiner la question de la peine jugée « sévère » qui leur a été infligée et coordonner toutes les actions afin d’assurer le maximum de garanties pour parvenir à un jugement équitable au niveau de l’Appel.

Le président du mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi a appelé les anciens responsables pour les assurer de son soutien et de sa solidarité. Un geste qui a été apprécié à sa juste valeur. Alors que le directeur exécutif de Nidaa Tounes Hafed Caid Essebsi a souligné qu’il  « refuse le ciblage politique des honnêtes femmes et hommes tunisiens. Il n’y a nul autre choix que de d’unir les rangs et la porte de Nidaa Tounes reste ouverte ».

Le Mouvement Mashrou3 Tounes a exprimé, dans un communiqué rendu public, son inquiétude de voir la justice instrumentalisée à des fins de règlement de comptes politiques. Il s’est dit étonné par le jugement prononcé hier contre trois anciens ministres de Zine El Abidine Ben Ali.

 « Le coût de la réconciliation est devenu intolérable et exercer un nouveau terrorisme sur de hautes compétences intègres, qui ont servi le pays, met à rude épreuve et sans raison valable le climat social du pays » a souligné le MPT.

 De son côté, le Bureau exécutif du parti Afek Tounes a souligné dans un communiqué publié ce dimanche, qu’il suit  « les procès impliquant des hauts cadres ayant servi l’Etat sans réaliser des profits personnels ». Il estime que « le processus de la justice transitionnelle a dévié de ses nobles objectifs tout en menaçant l’unité nationale ».

Le parti conclut en lançant un appel à élaborer un projet de loi instituant la cessation des poursuites judiciaires à l’encontre des commis de l’Etat pour des faits perpétrés lors de l’accomplissement de leurs missions sous l’ancien régime, exceptés les faits portant sur la corruption ou le détournement des deniers publics. L’appel est lancé, également, pour éviter les surenchères politiques et les calculs étroits partisans et personnels portant préjudice à la communauté nationale.

Le parti destourien libre a critiqué, la condamnation avec effet immédiat et appelé  à accélérer la mise en place de la loi sur la réconciliation afin de « libérer les compétences et le capital national de la pression politique ».

« Nous compatissons avec tous ceux qui ont subi ce jugement cruel et nous  lutterons contre toute forme de vengeance. Cette décision revêt clairement un aspect politique, et nous refusons de nous retourner dans le cercle des injustices de 2011. Il n’est nullement question d’adopter la politique du deux poids deux mesures dans le traitement des dossiers », lit-on dans le communiqué publié samedi.   

Quant aux personnalités, elles sont nombreuses à exprimer leur étonnement face à la sévérité de la sentence et elles ont exprimé leur soutien aux anciens ministres.

L’universitaire Olfa Youssef qui a condamné le verdict, s’est adressée à Kamel Haj Sassi en ses termes: « Normal qu’on vous jette en prison… Vous qui n’avez pas volé un milliard de dons chinois, qui n’avez pas été financé par des pays étrangers, qui n’avez pas vendu votre pays au Qatar et à la Turquie, qui ne vous êtes pas inclinés devant l’Allemagne et le Fonds monétaire international et qui n’avez pas commandité des exécutions. Vous avez été un homme et aujourd’hui c’est l’ère des scélérats » peut on lire dans un post publié par l’universitaire, sur les réseaux sociaux.

 Elie Trabelsi, militant tunisien de la communauté juive de Djerba, a écrit sur sa page Facebook que «la réconciliation nationale en Tunisie ne peut se faire avec l’existence de certains mercenaires, car nous les jeunes,  voulons tourner la page et en entamer une nouvelle avec un sang nouveau, loin de la haine »…

Sadok Chaâbane, ancien ministre sous Ben Ali et dirigeant de Mashrou3 Tounes a lancdé un apple aux              Destouriens pour leur dire   «où que vous soyez, le message vous est-il parvenu ? Qu’allez-vous faire maintenant ? ». Il mentionne dans un commentaire que « alors que le secrétaire d’Etat est condamné pour avoir fait son travail sans dérober le moindre dinar... ».

Mounir Charfi, militant des droits de l’Homme, a indiqué dans un post sur sa page Facebook, « qu’il ne discute pas le verdict prononcé contre Kamel Haj Sassi, Tijani Haddad et Samira Khayach dans le sens où s’ils ont commis des méfaits, ils doivent payer, mais qu’il était sûr que Kamel et Tijani ne sont pas corrompus dans le sens où ils n’ont pas été condamnés pour détournement de fonds ou pour avoir bénéficié des deniers publics tout en précisant qu’il ne connaissait pas Samira Khayach… ».

Et d’ajouter que si la « sentence contre ceux qui ont aidé à l’organisation d’un spectacle de musique était la prison avec effet immédiat, quel sera alors le verdict contre ceux qui ont tué ou volé des milliards dont certains jouissent, encore, de toute leur liberté ? »

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