Le commissaire européen à l’élargissement : Le mémorandum avec la Tunisie fonctionne, mais…
« Le mémorandum avec la Tunisie fonctionne : sans lui, il y aurait désormais encore plus de débarquements. Mais nous ne pouvons pas penser à démanteler le réseau de trafic en deux mois», déclare dans une interview au journal italien la Stampa, Oliver Varhelyi le commissaire européen responsable des politiques d'élargissement et de voisinage qui a physiquement signé l'accord avec la Tunisie.
Pour l’ancien ambassadeur de Hongrie auprès de l'Union européenne, «même si le Mémorandum ne concerne pas seulement la dimension de l'immigration - explique-t-il à La Stampa -, l'augmentation des arrivées est un test pour les deux. La Tunisie a signé cet accord parce qu'elle reconnaît notre capacité à lutter contre les trafiquants : malheureusement aujourd'hui, ils sont beaucoup plus forts et c'est pour cela que les débarquements ont augmenté.
Ci-après la traduction de l’interview :
Q : Tunis fait-elle son devoir ?
R : « Il y a un vrai problème : la multiplication des départs. Nous travaillons en étroite collaboration pour les aider à reprendre le contrôle de leurs frontières. Cela prend du temps et beaucoup d’efforts, mais j’espère que d’ici quelques semaines, les Tunisiens pourront développer les compétences nécessaires. Toutefois, cela ne signifie pas que le mémorandum ne fonctionne pas. »
Q : Mais jusqu’à présent, pas un seul euro n’a été versé : pourquoi ?
R : «Le déboursement d'argent n'est pas le seul paramètre à utiliser pour mesurer les progrès. Tout le monde est très inquiet du nombre de débarquements, mais de nombreux travaux sont déjà en cours sur le terrain. En 2022 les garde-côtes tunisiens ont intercepté 9 376 migrants, cette année nous en sommes déjà à 24 000. En outre, l'année dernière, ils ont sauvé 32 459 personnes en mer et cette année déjà cinquante mille. Ils ont plus que doublé leurs efforts, mais malheureusement les trafiquants les ont quadruplés, voire plus. »
(…)
Q : Indépendamment du processus, plusieurs États - dont l'Allemagne - ont critiqué le mémorandum sur le thème des droits de l'homme : y a-t-il une inquiétude généralisée ?
R : «Je n'ai reçu qu'une seule lettre. Un État a demandé des éclaircissements et nous les avons fournis."
Q : Il existe désormais un risque que les pays ralentissent l'approbation des fonds : Tunis disposera-t-elle de l'argent promis d'ici la fin de l'année ?
R : « Absolument, je pense qu'ils devraient arriver encore plus tôt. Nous voulons aller le plus vite possible, mais il y a évidemment des conditions à respecter."
Q : Von der Leyn (la présidente de la Commission européenne) s’est dite ouverte à l’idée d’une mission navale de l’UE en Méditerranée : pour faire quoi ?
R : «Nous voulons aider ces pays à contrôler leurs frontières. Une mission navale européenne, même sans entrer dans leurs eaux, peut les aider beaucoup, notamment dans la phase de détection, en fournissant des données, grâce au radar. Mais il est évident que le feu vert du Conseil est nécessaire et, dans ces cas-là, un débat s'ouvre généralement sur le risque que cette mission soit perçue comme un facteur d'attraction. Nous pouvons aider les pays tiers dans leurs activités de recherche, mais les sauvetages doivent être effectués par eux, avec des débarquements sur leurs côtes."
Q : Pensez-vous que l’idée d’« externaliser » les procédures d’asile vers des pays tiers est réalisable ?
R : «Oui, sinon on laisse la gestion aux trafiquants. Offrir la possibilité de demander l'asile ou une « carte verte » dans les ambassades situées dans des pays tiers, par exemple, est la bonne voie. Parce que ce serait nous qui choisirions qui arrive et de manière régulière. Cela peut également se produire dans des centres situés sur le territoire de pays tiers, mais il est évidemment nécessaire de parvenir à un accord avec ces pays. »
Q : Mais Saied s'est déjà dit contre...
R : «C'est leur territoire et donc c'est leur choix
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