Le degré zéro du débat politique

L'enregistrement qui circule sur les réseaux sociaux est affligeant, navrant, consternant. On y entend une voix masculine reconnaissable entre toutes, puisqu’elle appartiendrait à un homme de médias doublé d’un dirigeant politique répéter une conversation qu’il a eue avec un autre dirigeant de parti qui se trouve être le fils du président de la république.

Au milieu de mots graveleux, obscènes et pour le moins grossiers, on a un récit tout ce qu’il y a d’invraisemblable pour ne pas dire carrément effarant puisqu’inénarrable. Il y est question de choses qu’on ne peut même pas imaginer car, à l’écouter il semble si facile d’usurper la place de président de la république. C’est à n’en point douter scandaleux.

De deux choses l’une ou la personne qui parle est inconsciente des énormités qu’elle est en train de débiter ou elle le dit avec l’espoir que ce soit répété pour discréditer celui dont il est question dans les propos tenus. Dans le deux cas c’est grave pour ne pas dire gravissime.

Tout homme politique, tout homme tout court doit mesurer la portée des paroles qu’il débite et se rendre compte du poids des mots qu’il dit. Quand, plus est, on se présente comme un homme public, la responsabilité n’en est que plus grande. En Tunisie depuis quelques temps, on voit le débat public décliner voire déraper. Mais jamais on n’aurait imaginé qu’il va tomber si bas.

On a entendu et vu des hommes politiques ayant assumé de hautes fonctions de l’Etat insulter les Tunisiens et les couvrir d’opprobre, mais on n’avait jamais imaginé pire. Il semble, cependant que le pire est toujours à venir et que rien ne pourra arrêter cette descente aux enfers.

Le degré zéro du débat politique est atteint. Le discrédit sur la classe politique n’en est que plus ravageur. On dit que chaque société a l’élite politique qu’elle mérite, puisqu’elle est le reflet réel de son état véritable. Mais pourrait-on continuer à s’identifier à une élite qui ne mérite ni respect ni estime. Le fossé entre la société et son élite ne fera que se creuser.

Prenons garde, car sans élite respectable, la société n’a pas de repères. Elle n’a pas de morale non plus. C’est la décrépitude et la décadence garanties. Un sursaut est plus que nécessaire. Il est indispensable si on veut revenir à une interaction saine entre le pays et ses forces vives. Sinon c’est le divorce entre les deux.

C’est notre démocratie naissante qui va en prendre le contrecoup. Surtout lorsqu’il y a des coïncidences plus que douteuses qui décrédibilisent la classe politique dans son ensemble.

Il est plus que nécessaire que les hommes et les femmes politiques irréprochables, et ils sont la grande majorité fort heureusement, se désolidarisent avec la plus grande vigueur de ce genre de propos.

Ils rendent, ce faisant à la politique son honneur et son lustre.

RBR