Prix Nobel de littérature: Ces écrivains qui avaient refusé la récompense

Prix Nobel de littérature: Ces écrivains qui avaient refusé la récompense

Le prix  Nobel de littérature décerné, au mois d'octobre de chaque année,  par l'Académie suédoise, récompense annuellement, depuis 1901, un écrivain (romancier, essayiste, poète, dramaturge et philosophe) ayant rendu de grands services à l’humanité grâce à une œuvre littéraire qui, selon le testament du chimiste suédois Alfred Nobel, « a fait la preuve d'un puissant idéal ».

Le poète et critique français Sully Prudhomme fut le lauréat du premier prix Nobel en 1901 ; il en affecta le montant à la fondation d'un prix annuel de 1 200 francs, qui porte son nom et qui est distribué chaque année par la Société des Gens de Lettres pour permettre à un jeune poète inédit de faire publier ses œuvres.

Ce prix représente actuellement une récompense de dix millions de couronnes suédoises, soit un million d’euros. Cette année, c’est la Sud-Coréenne Han Kang de 53 ans a été désignée ce jeudi 10 octobre par le jury de l’Académie suédoise.

Mais avant elle, des lauréats ont refusé que la distinction leur soit attribuée.

Jean-Paul Sartre

En 1964, le prix Nobel de la littérature est attribué à Jean-Paul Sartre, pour "son œuvre riche en idées et qui, par son esprit de liberté et sa recherche de la vérité, a exercé une vaste influence sur son époque".

Le philosophe et auteur de romans, essais, et pièces de théâtre avait déjà demandé à l’académie de ne pas figurer sur la liste des lauréats possibles. Connu pour son intransigeance, ce dernier affirmait qu’accepter ce prix l’aurait transformé en "institution".

"Cette attitude est fondée sur ma conception du travail de l’écrivain. Un écrivain qui prend des positions politiques, sociales ou littéraires ne doit agir qu’avec les moyens qui sont les siens, c’est-à-dire la parole écrite. Toutes les distinctions qu’il peut recevoir exposent ses lecteurs à une pression que je n’estime pas souhaitable" avait-il déclaré.

Boris Pasternak

Le Russe Boris Pasternak fut contraint de refuser cette récompense sous menace soviétique. Poète né à Moscou dans une famille juive. Les écrivains comme lui sont condamnés au goulag. Son œuvre "Le Docteur Jivago" est publiée en 1957 par un éditeur communiste italien et devient un best-seller en Occident.

L’intrigue du livre se déroule au début du 20e siècle, dans le contexte de la révolution de 1917, et se montre critique envers le régime soviétique. Le Kremlin n’apprécie pas cette œuvre, et lance une campagne aux relents antisémite, traitant l’auteur d'"émigrant intérieur", "snob malveillant" ou encore "navet réactionnaire". Il est également exclu de l’Union des écrivains.

Le 29 octobre 1958, il envoie cette lettre de refus à l’Académie du Nobel : "en raison de la signification attachée à cette récompense par la société dont je fais partie, je suis dans l’obligation de refuser cette distinction non méritée qui m’a été offerte".

Alexandre Soljenitsyne

Ses romans Le Pavillon des cancéreux et Le Premier Cercle, ainsi que le premier tome de son épopée historique La Roue rouge, paraissent cependant en Occident et lui valent le prix Nobel de littérature en 1970 ; mais il refuse de venir le recevoir à Stockholm, de peur d'être déchu de sa nationalité soviétique et de ne pouvoir rentrer en URSS. Il recevra finalement sa récompense 4 ans plus tard, avec une cérémonie digne de ce nom.

En 1926, l’irlandais George Bernard Shaw refusa la récompense pécuniaire du Prix Nobel, arguant simplement qu'il n'en avait pas besoin. Il revint sur sa décision, mais fit don de la somme pour la traduction d'œuvres suédoises en anglais.

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