Tunisie: Appui aux microentreprises

La Banque européenne d'investissement (BEI) donne un nouvel élan à la politique de soutien à la densification

du tissu des petites et moyennes entreprises tunisiennes.

La BEI a annoncé le 8 mai dernier qu'elle accordait un prêt d'un montant de 200 millions d'euros destiné à soutenir les petites et moyennes entreprises tunisiennes, qui jouent un rôle déterminant dans le développement économique du pays et l'attraction des investissements directs étrangers. Ce prêt entre dans le cadre de la Facilité Euro-Méditerranéenne d'Investissement et de Partenariat (FEMIP), l'instrument de la BEI consacré aux neufs pays partenaires de la rive sud de la Méditerranée. L'objectif principal de la FEMIP est de « stimuler le secteur privé [.] et d'aider les entreprises tunisiennes à s'adapter à la concurrence accrue que suscitent la libéralisation de l'économie et la mise en place progressive de la zone de libre échange avec l'Union Européenne.

Un second prêt de 60 millions d'euros a été accordé le même jour à la Société Tunisienne d'Electricité et du Gaz (STEG) pour soutenir son plan d'investissement visant à développer le réseau de gaz naturel dans le pays. Ces deux prêts portent l'engagement total de la FEMIP en faveur de la Tunisie à 705 millions d'euros depuis 1998.

Le développement des PME est une priorité pour l'économie tunisienne, à la fois en termes de création d'emplois et de croissance. Si dans certains secteurs, le nombre important de microentreprises reflète un manque d'intégration et de consolidation, au contraire, dans les secteurs à forte valeur ajoutée comme l'informatique, les PME se voient créditées de vertus génératrices de croissance locale, et fournissent le genre de services spécialisés nécessaires à la création d'un environnement propice aux investissements.

Si l'on compare la Tunisie à son voisin le Maroc, on s'aperçoit que la Tunisie attire une plus forte proportion d'investissements étrangers de petite dimension. Entre 2003 et 2005, 84% du total des investissements étrangers se situaient en dessous de la barre des 50 millions d'euros en Tunisie contre 76% au Maroc. Par ailleurs, les entreprises tunisiennes sont généralement plus petites : 30% des PME comptent moins de 500 salariés contre 21% au Maroc.

Si au premier abord les grandes entreprises sont supérieures, le succès obtenu dans l'attraction des investissements de petite dimension reflète un environnement propice aux affaires. En effet, un pays suscite parfois l'intérêt des gros investisseurs par défaut, parce que les petits investisseurs ne sont pas en mesure de négocier les barrières bureaucratiques à l'entrée. Selon les propres mots de la FEMIP, le secteur privé est le « moteur d'une croissance durable » et les PME sont souvent les précurseurs de cette croissance.

Les deux crédits de la FEMIP seront mis à disposition à travers l'intermédiaire de cinq établissements bancaires tunisiens: Amen Bank, Arab Tunisian Bank, Banque de l'Habitat, Banque Internationale Arabe de Tunisie et l'Union Bancaire pour le Commerce et l'Industrie. Ces fonds sont destinés à encourager les banques tunisiennes à offrir davantage de capital-risque aux PME nationales. Comme l'on peut observer sur l'ensemble de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, les opérations de capital-risque sont peu nombreuses et les banques se montrent réticentes à financer des projets émanant de start-up. Pour cette raison, les PME sont souvent dépendantes du soutien des autorités publiques, qui sont actives par le biais d'initiatives comme les technopoles, où les incubateurs sont promus aux entreprises les plus prometteuses.

Le programme des technopoles a connu un certain succès ces dernières années. El Gazala, un parc établi en 1999 situé à proximité de Tunis, a réussi à attirer un certain nombre de multinationales, tout en offrant des bureaux pour les PME locales. Depuis 2002, l'emploi y a plus que doublé passant de 517 à 1282 en 2007.

Malgré tout, les PME sont confrontées à plusieurs défis. Par exemple, beaucoup de microentreprises ont tendance à s'agglutiner autour des Berges du Lac de Tunis, qui abritent les bureaux de plusieurs multinationales étrangères. Néanmoins, la pénurie d'espace commercial oblige la majorité des sociétés à recourir à la location et à transformer des propriétés résidentielles en bureaux.

Afin de remédier à cette situation, le gouvernement s'efforce d'encourager de nouvelles idées. A titre d'exemple, prenons NIDA Outsource Centre, une zone d'affaires située près du pôle El Gazala servant de base pour les entreprises opérant dans le secteur des services délocalisés. Le gouvernement détient 32% de son capital. NIDA envisage, dans un premier temps, de réaliser 2 000 mètres carrés de bureaux d'ici à la fin de l'année sur une superficie d'à peine 3 ha. Le projet, qui verra la réalisation de bureaux non cloisonnés de superficies modifiables selon les besoins du client, sera un projet immobilier novateur en Tunisie. S'il s'avère une réussite, le modèle sera probablement appliqué à d'autres technopoles en Tunisie.

La Tunisie, qui est déjà reconnue comme une destination favorable aux investissements, a attiré un record de 1,6 milliards de dollars d'investissements étrangers en 2007, soit une hausse de 74% par rapport à l'année précédente. Grâce à l'appui du gouvernement et de sources externes comme la BEI pour soutenir les PME, ce chiffre est appelé à progresser au cours de l'année 2008.

Oxford Business Group